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Société

Le Burkina Faso face à l’urgence alimentaire

Le Burkina Faso face à l’urgence alimentaire
  • Publiéfévrier 11, 2023

Bien que s’interrogeant sur le bien-fondé de l’aide étrangère, le gouvernement de Transition au Burkina Faso se résout à accepter l’appui du FMI, ainsi que l’aide directe du PAM, afin de résoudre l’urgence alimentaire dans les zones en conflit.

 

La brouille entre le FMI (Fonds monétaire international) et le Burkina Faso est-elle terminée ? L’institution avait fait savoir, voici quelques semaines, qu’elle voulait aider les Burkinabè, sans pour autant donner un blanc-seing au pouvoir de Ouagadougou.

Promesse qui prend forme concrète : les services du FMI et les autorités burkinabè ont conclu un accord pour un financement d’urgence d’environ 80 millions de dollars (50 % de la quote-part du FMI) par le biais du guichet « choc alimentaire » de la Facilité de crédit rapide. Il s’agit de soutenir les mesures visant à fournir une assistance urgente aux ménages en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Le gouvernement du Burkina Faso a signé avec Programme alimentaire mondial un protocole d’accord en vue de l’approvisionnement héliporté en vivres des zones de conflits.

La crise alimentaire qui touchait déjà le pays s’est en effet aggravée après la guerre en Ukraine et nécessite une aide humanitaire et budgétaire immédiate. Selon les calculs de la FAO, 2,6 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et, en l’absence de mesures d’assistance, ce nombre pourrait atteindre 3,5 millions de personnes – soit 16 % de la population.

En effet, la reprise économique post-Covid est perturbée par la détérioration des conditions de sécurité, l’incertitude politique et la hausse des prix des denrées alimentaires en raison de la guerre en Ukraine, qui a aggravé la crise alimentaire et pesé sur le budget.

La reprise économique en 2023 dépendra des conditions de financement, ainsi que des efforts déployés pour mobiliser des recettes intérieures et des financements concessionnels afin d’assurer les dépenses publiques prioritaires et la viabilité de la dette publique.

Pour l’envoyé spécial du FMI, Martin Schindler, ce décaissement « permettra de soutenir les mesures visant à fournir une assistance urgente aux ménages en situation d’insécurité alimentaire aiguë, telles que la distribution de produits alimentaires et d’eau potable, d’intrants agricoles subventionnés et de transferts en espèces aux ménages éligibles ».

D’autre part, « la mission a également discuté des perspectives économiques et macroéconomiques avec les autorités ». En effet, l’activité économique au Burkina Faso a été « peu dynamique » en 2022. La reprise amorcée après la crise sanitaire a été perturbée par l’incertitude politique et la détérioration des conditions de sécurité. En conséquence, la croissance du PIB réel en 2022 devrait avoir ralenti à 2,5%, contre 6,9% en 2021, et l’inflation annuelle moyenne en 2022 a augmenté à 13,7%, contre 3,9% en 2021. Les transferts courants élevés (9 % du PIB) et les investissements dans les équipements liés à la sécurité (4,6 % du PIB) en 2022 ont contribué au creusement du déficit budgétaire.

 

Trop d’ONG sur le terrain ?

« La croissance économique pourrait rebondir en 2023 avec l’ouverture de nouvelles mines et les efforts pour améliorer les conditions de sécurité intérieure », reconnaît l’envoyé du FMI. L’inflation annuelle moyenne devrait diminuer en 2023 pour retomber à 1,5%, en raison de la baisse des prix mondiaux du pétrole et des denrées alimentaires. En revanche, le déficit budgétaire global devrait rester élevé, à près de 8 % du PIB en 2023, en raison notamment de l’augmentation des dépenses de sécurité et des subventions. Le financement du déficit sera difficile. Dans ces conditions, le financement étranger en 2023 devrait diminuer par rapport à 2022, les principaux donateurs ayant retiré leur soutien. En outre, le durcissement des conditions de financement au niveau mondial pourrait accroître le coût du financement sur le marché des obligations souveraines de l’Uemoa. Enfin, « les risques à la baisse pour les perspectives restent élevés, notamment en cas de détérioration de la situation sécuritaire ».

Par ailleurs, le gouvernement du Burkina Faso a signé avec le PAM (Programme alimentaire mondial) un protocole d’accord en vue de l’approvisionnement héliporté en vivres des zones de conflits. Les deux parties étaient brouillées depuis un an après la suspension des vols humanitaires du PAM, à cause d’un « manque de coordination » (selon les termes du gouvernement) entre l’agence onusienne et les autorités.

D’ailleurs, fin janvier, le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, s’était interrogé : « Il y a des ONG qui agissent sur le territoire. Il y a en a trop au point où cela pourrait nous créer des problèmes. Mais il faut qu’il y ait un contrôle pour savoir ce qui est dans les sacs transportés, où est-ce qu’ils partent ? »

Cela ne l’a pas empêché, donc, de renouveler sa confiance au PAM. « Ce protocole témoigne de la volonté des deux partenaires de coordonner leurs actions pour une meilleure réponse aux besoins des populations affectées par la double crise sécuritaire et humanitaire » indique le ministère de la Solidarité nationale et de l’action humanitaire sur sa page Facebook.

@NA

 

Écrit par
Aude Darc

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