L’avenir de Bamako
Bamako. Quelque 100 000 habitants à l’indépendance en 1960, 2 millions aujourd’hui : la capitale malienne, engorgée, espère un avenir meilleur. Une nouvelle vision de la ville de demain se déploie : « Bamako 2030 ».
Étendue sur les deux rives du fleuve Niger, appelé Djoliba (« fleuve de sang »), Bamako est aussi entourée de collines. Au Nord, celle du pouvoir, se dresse le palais présidentiel de Koulouba ; au Nord- Est, celle de l’espoir, se trouve l’hôpital du Point-G comme géodésique, et au Sud, celle du savoir à Badalabougou.
Fondée par les Niaré, d’où le nom du fameux quartier Niarela, Bamako devient la capitale du Soudan français, en décembre 1920. La ville a conservé un centre historique et des vestiges de la première couronne de quartiers coloniaux en damiers et en couronne très bien structurés. Bamako s’est étendue, elle vit au rythme frénétique des motocyclettes de marque Djakarta qui ont envahi les rues. Les routes ne sont pas pavées ni cimentés, dépourvues de réseau d’assainissement.
« Il faut réussir l’assainissement. Bamako ne peut plus tenir à terme. Le grand défi de la ville, c’est la circulation », reconnaît Hadi Traoré, gouverneur du district de Bamako, qui promet : « Un quatrième pont devrait voir le jour. » La capitale compte trois ponts. Le pont de Dabala, ouvert en 1960, le deu- xième, pont de Badalabougou rebaptisé « Pont des martyrs », avait été offert en 1995 par le roi Faycal d’Arabie saoudite.
Il entraînera un développement très rapide des quartiers populaires de la rive droite. Et le troisième, dont l’inau-guration a marqué le 51e anniversaire de l’indépendance du Mali, est « le Pont de l’amitié sino-malienne » ; il est le plus grand ouvrage en génie civil du pays, le plus grand don chinois en Afrique de l’Ouest, avoisinant un coût de 30 milliards de F.CFA.
L’architecte de la ville de Bamako, Ousmane Sow, nuance : « Construire des ponts ne réglera pas le problème, car matin et soir nous continuerons à avoir des embouteillages. » Aussi, explique-t- il, l’enjeu de la métropole est Bamako Horizon 2030, le fruit d’un réseau de coopération décentralisée avec Paris, Angers, Bordeaux, les ateliers de Cergy et l’AFD.
« La problématique des deux roues est là. Il est important de sécuriser et de créer des pistes cyclables. Le stationnement devra être organisé avec de grands parcs. Le piéton devra recouvrer sa mobilité. Le programme d’aménagement vise la facilité de tous les déplacements avec une stratégie d’accès aux transports en commun. »
La vision Bamako 2030 sera consignée dans un schéma directeur d’urbanisme intégrant un volet mobi-lité. Des options sont en discussion avec l’AFD. Deux rocades seront réalisées pour le contournement de la ville pour que les gros-porteurs ne rentrent pas dans le centre.
« La création de ports secs permettra de disséminer le transport via des transports de petite capacité. La signa-ture du contrat est prévue d’ici à octobre ou novembre si l’AFD nous accompagne. C’est une avancée notoire, car c’est la première fois qu’un document de planification est confi é à la mairie du District. »
Un statut à revoir
Autre projet d’envergure : une nouvelle station de traitement d’eau est en cours de réalisation à Kabala pour alimenter la rive droite de la capitale. L’entreprise malienne Builders Diawara est à pied d’oeuvre. Pour Ibrahima Diwara, son PDG, l’usine « sera la fierté des habitants de la ville de Bamako, la plus grande station réalisée au Mali. Nous avons l’occasion de montrer ce qu’une entreprise malienne sait faire ». La préfiguration d’une agence d’urbanisme devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année.
La question de la décentralisation est au coeur des débats. Bamako a été érigée en commune à statut spécial en 1978, et depuis 1999, avec l’application des lois de décentra-lisation, le district de Bamako doit élaborer un programme de développement pour mieux préciser ses interventions, de concert avec les communes qui le composent. Le gouverneur de Bamako précise : « D’ici à la fin de l’année, la régionalisation va être lancée. Aux futures élections, le maire sera élu par toutes les com- munes. Il faut revoir le statut de Bamako et ce découpage en district. Un seul maire s’occupera du développement stratégique. »
Les prochaines élections communales et régionales, prévues en octobre 2015, seront riches de débats sur l’avenir de la capitale. D’autant que la ville prévoit d’accueillir le prochain sommet Afrique – France de 2016.