Hub Africa : À la découverte des talents africains
Depuis six ans, le Hub Africa prêche l’intégration des talents et le développement africain par l’entrepreneuriat. Le but de cette plateforme : rapprocher les porteurs de projets des financeurs et essaimer les initiatives innovantes.
Casablanca, Olivier Deau, envoyé spécial
Depuis Casablanca, les inlassables organisateurs du Hub Africa, Zakaria Fahim, président et Alioune Gueye, commissaire général, restituent devant un parterre d’officiels, financeurs ou journalistes, les différentes étapes africaines qui ont permis à leurs équipes de rencontrer de nouveaux entrepreneurs du continent, venus présenter leurs projets.
De Tunis, Dakar, Abidjan, Conakry, Yaoundé, Ouagadougou ou encore Kigali, les jeunes entrepreneurs ont défendu leur chance de figurer dans le dernier carré des sélectionnés, ceux qui pourront bénéficier d’un accompagnement et d’un soutien en financement proposés par les organisateurs et leurs partenaires.
Centré sur les PME et les ETI porteuses de projets innovants, Hub Africa souhaite leur permettre de rencontrer de nouveaux partenaires financiers et les aider à structurer leurs initiatives entrepreneuriales. « En réalité, il faudrait que Hub Africa soit délocalisé, soit présent partout sur le continent et devienne un label qui porte ce type de démarche », nous explique Zakaria Fahim, à l’issue du Forum.
Expérimenté dans l’accompagnement des PME déjà robustes, il est dans le privé le managing partner de BDO consulting, un important cabinet conseil en comptabilité. « Les petits entrepreneurs qui commencent leur projet sont encore fragiles et n’ont pas accès à un accompagnement professionnel. Cela nécessite un effort pour les aider à faire mûrir leur projet, en les mettant en contact avec les fonds de capital-investissement ou avec les dispositifs de “business angels” qui existent », complète-t-il.
Hub Africa a réussi à convaincre les fédérations patronales comme l’ASMEX, association marocaine des exportateurs et des partenaires institutionnels tels que l’AMDIE, l’agence marocaine de développement des investissements et des exportations, d’accompagner la démarche. Laquelle correspond au momentum africain du Royaume.
Inciter les diasporas à entreprendre
À la tribune, les officiels ne manquent pas de rappeler le mantra africain du Maroc, la citation du Roi lors de son discours d’Abidjan : « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. »
Le thème de cette édition 2018 de Hub Africa portait sur « les diasporas africaines au service du développement du continent». En amont du Forum, le groupe NGE Impact et l’école de commerce de Casablanca (ENCG) ont…
Les villes et régions africaines aspirent toutes à devenir des hubs régionaux et il faut adopter avant tout des logiques de complémentarités économiques fortes, afin de développer les réseaux sans logique de concurrence.
produit une étude esquissant les perceptions des diasporas africaines du Maroc. « Plus de 64 % des Africains vivant au Maroc ont un projet d’investissement ou d’entreprises dans leur pays d’origine », peut-on y lire, et « 12 % d’entre eux souhaiteraient continuer à vivre au Maroc mais fonder une entreprise dans leur pays d’origine».
Toutefois la perception des contraintes est encore grande, à tel point que majoritairement, ces diasporas envisagent des financements familiaux et des projets aux capitaux assez modestes. De plus, comme le rappelle à la tribune Alioune Gueye, « les contraintes de coût logistique et de visas freinent encore très nettement ces velléités d’entreprenariat à l’échelle régionale».
Outre les financements, les entrepreneurs ont le sentiment d’un déficit d’accompagnement, alors même que, parfois, les dispositifs existent mais ils n’en ont pas connaissance. « Beaucoup d’entrepreneurs se lamentent sur le besoin de financement mais ne questionnent pas suffisamment leur offre de valeur, la pérennité de leur besoin économique ou la taille de leur marché », regrette Alioune Gueye. « Ils ne doivent pas hésiter à demander conseil à leurs pairs. »
NGE Impact, qui fonctionne comme un réseau de mise en relation à l’échelle du continent, a proposé durant le Forum, de nombreux ateliers de formation sur les modalités juridiques et pratiques de l’investissement de la diaspora au Maroc, sur le statut d’autoentrepreneur ou sur l’utilisation du crowdfunding, l’initiation à la blockchain… un mélange d’anglicismes, de français et une bonne dose de nouvelles technologies dans lequel les jeunes entrepreneurs venus assister semblent se sentir à l’aise.