Facebook chasse les fausses informations

En partenariat avec l’OMS, la plateforme mondiale Facebook lance une campagne africaine d’information pour de meilleures pratiques en matière d’information sur les réseaux. Ce, alors que le groupe se bat contre les infox et les contenus haineux.
Par Véronique Clara-Véronne
Entre le marteau et l’enclume. Outre la protection des données, le réseau mondial Facebook doit se battre continuellement contre la prolifération de fausses nouvelles, surtout en cette période de lutte contre une pandémie.
« Nous veillerons à nous attaquer à la désinformation, et à donner à tous des ressources supplémentaires pour examiner minutieusement le contenu en ligne, et aider chacun à décider ce qu’il doit lire, croire et partager », explique Aïda Ndiaye, de Facebook.
D’un côté les Fake news, ou infox, les appels à la haine contre telle ou telle ou telle communauté ou telle ou telle corporation ; appels dénoncés par de nombreuses associations qui n’hésitent plus à déposer plainte, en fonction de la législation en vigueur dans leur pays d’origine. D’un autre côté, Facebook doit demeurer un espace de liberté d’expression, tandis que les censures inexpliquées, provoquées souvent par une Intelligence artificielle, agacent les internautes.
La société continue toutefois de développer ces algorithmes, appuyés par une équipe de modérateurs d’environ 35 000 personnes dans le monde. Pour le seul quatrième trimestre 2020, la plateforme a supprimé pas moins de 1,3 milliard de faux comptes, en plus de millions d’informations jugées fausses.
Dans une soixantaine de langues, des vérificateurs viennent en aide aux modérateurs. Une centaine d’entre eux vérifie la teneur de propos échangés sur le réseau, là encore aidés par des outils améliorés en permanence. Un travail que la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’alourdir davantage, puisque Facebook estime à 12 millions le nombre de publications déjà supprimées de ses pages depuis un an.
La plateforme a également durci sa politique relative aux groupes de discussions. Si Facebook estime qu’un groupe est problématique, ce dernier pourra être supprimé par la modération, et les comptes des utilisateurs coupables des violations pourront également être supprimés, sans avertissement.
L’autorégulation trouve ses limites
De son côté, Mark Zuckerberg demande aux législateurs, partout dans le monde, de durcir les règles, y compris pour son groupe. « Quelles que soient leurs opinions politiques, les gens veulent s’assurer que les entreprises prennent leurs responsabilités en matière de lutte contre les contenus illégaux sur les réseaux. »
Les plateformes internet ne peuvent plus être considérées comme de simples hébergeurs de contenus, et doivent être responsabilisées. Sachant, prévient le fondateur de Facebook, que personne, pas même lui, n’est capable de garantir la fiabilité de toutes les informations qui transitent par sa plateforme. Un système de sanctions trop lourdes serait donc inapplicable. Facebook compte aujourd’hui plus de 2,8 milliards de membres.
En mars 2021, le groupe avait annoncé son engagement en faveur de la campagne mondiale de vaccination. Elle vise à promouvoir des informations fiables sur les vaccins contre le coronavirus, afin de supprimer les fausses représentations des vaccins, de réduire la diffusion d’informations sanitaires inexactes et d’informer sur l’administration efficace des vaccins.
Un mois plus tard, le groupe lance dans plusieurs pays africains une nouvelle campagne en partenariat avec l’OMS, intitulée « Unis contre les fausses informations sur la Covid-19 ». La campagne est diffusée en anglais et en français en Afrique du Sud, au Zimbabwe, en Zambie, en Ouganda, au Kenya, au Rwanda, au Nigeria, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en RD Congo. Elle apparaît sur Facebook sous la forme d’une série de visuels contenant des conseils sur la manière de repérer les fausses informations.
Valoriser les informations fiables
Le message est simple : Premièrement, « vérifiez la source ». Le lecteur est invité à passer au crible le contenu d’un propos, même s’il semble fondé sur des données scientifiques. Deuxièmement, « interrogez-vous sur ce que vous ressentez » : les fausses nouvelles peuvent manipuler les sentiments pour obtenir des clics. Troisièmement, « vérifiez le contexte » : les autorités de santé publique doivent être en mesure de confirmer le contenu.
Aïda Ndiaye, responsable affaires publiques de Facebook, commente sa démarche : « Veiller à ce que les utilisateurs obtiennent des informations fiables sur les vaccins contre la Covid-19 n’est qu’une partie de notre travail. » Pendant la pandémie et au-delà, ses équipes continueront à travailler avec des experts du secteur et les personnes sur les plateformes. « Nous veillerons à nous attaquer à la désinformation, et à donner à tous des ressources supplémentaires pour examiner minutieusement le contenu en ligne, et aider chacun à décider ce qu’il doit lire, croire et partager. »
Dans le cadre de cette campagne, Facebook lance également un site web (bit.ly/3dBcaeE) dédié en anglais et en français, qui comprend des informations sur sa démarche. Qui concerne également les informations d’ordre politique, avant des élections notamment, et celles relatives aux changements climatiques.
VCV
ENCADRE
Des données piratées circulent sur le web
Les données de 530 millions de comptes Facebook auraient été divulguées sur un forum de cybercriminalité, révèle la presse spécialisée. Quelque 105 millions d’Africains seraient concernés, dont 19 millions au Maroc, 11,5 millions en Algérie, 1,6 million en Tunisie, 45 millions en Égypte, 9 millions au Nigeria, 2 millions au Cameroun, et environ 6 400 comptes au Burkina Faso.
Les données comprennent les noms, les identifiants Facebook, des numéros de téléphone portable, ainsi que des indications personnelles. Selon le groupe, il s’agirait de données anciennes, qui avaient déjà fait l’objet d’un piratage en 2019, à la suite d’une faille du système qui a été corrigée depuis. Ces données auraient resurgi à la faveur d’un robot qui permettrait à des individus malveillants de les rechercher ailleurs sur le Net. Les utilisateurs de Facebook qui n’ont pas modifié leurs mails et téléphone depuis 2019 doivent redoubler de vigilance face aux tentatives d’escroquerie.