Comment affronter durablement les risques d’inondation

Le Bénin est durement éprouvé par des inondations qui d’exceptionnelles, deviennent récurrentes. Le gouvernement invite les populations à la prudence et reçoit l’aide de la BAD pour assainir certains quartiers.
Les populations du Bénin, notamment celles vivant en zone côtière, vivent dans la hantise des inondations. Celles subies en août 2022, puis aux premiers jours de l’année 2023, ont laissé de gros dégâts. Certains quartiers de la capitale Cotonou n’est pas épargnée. Tandis que la BAD (Banque africaine de développement) dépêche soutiens matériels et humains, afin d’accroître la résilience des populations aux inondations, le gouvernement lance des consignes de sécurité.
Le Programme d’assainissement pluvial des villes secondaires se veut une réponse aux inondations et aux faiblesses du système de drainage pluvial dans les centres urbains, grâce au développement d’infrastructures d’assainissement pluvial.
Dans les zones à proximité des rivières, les habitants sont habitués aux crues annuelles, à chaque saison des pluies. Depuis quelques années, ces crues deviennent de plus en plus importantes. En aval, les zones côtières sont menacées par l’évidente montée des eaux. Tous les ans, elles atteignent des niveaux autrefois jugés exceptionnels.
« Au lieu de s’étaler sur quatre mois pendant la grande saison pluvieuse, les précipitations peuvent se concentrer sur deux mois. Résultats, les sols sont trop secs pour absorber l’eau et les rivières débordent », décrit le climatologue Expédit Vissin, de l’université d’Abomey-Calavi.
Cette année, il a même abondamment plu durant une période de faibles précipitations. De leur côté, les agriculteurs, les premiers touchés économiquement par ce fléau, souhaiteraient des pompes permettant un système d’irrigation durant la saison sèche ; un équipement qu’ils savent coûteux. Les pêcheurs ne savent plus comment régir face à une météo qui ne respecte pas le cycle de reproduction des poissons en eaux douces.
Le nombre de communes à haut risque d’inondation est ainsi passé de 22 en 2010 à 35 en 2022, attestant de l’ampleur du phénomène et de son rythme d’extension rapide. Une situation qui n’épargne pas la capitale Cotonou, située en bord de mer.
Par exemple, à proximité de l’aéroport international, chaque pluie se transforme en inondation, « due à l’absence des travaux d’assainissement pluvial à réaliser dans la zone aéroportuaire », reconnaît le ministre du Cadre de vie et des transports, José Tonato.
Des travaux sont déjà en cours, avec l’appui de la BOAD (Banque ouest-africaine de développement). En attendant, dans ce quartier et ailleurs, le gouvernement conseille aux habitants d’écouter régulièrement la radio et d’appliquer les consignes de sécurité données par « les autorités compétentes ».
Appui de la BAD
Il recommande aux Béninois d’éviter de vivre dans des maisons menacées de destruction, susceptibles de s’écrouler par l’effet des eaux ou des boues, et d’éviter de vivre là où des fils électriques sont immergés. Un numéro d’appel a été mis à disposition de ceux qui voudraient dénoncer des risques…
C’est dans ce contexte que la BAD accorde, en cet été 2023, 164,25 millions d’euros de prêts au Bénin, pour assainir le cadre de vie des populations et renforcer leur résilience face aux inondations.
Plus précisément, l’ensemble se décline en deux prêts, l’un de 118,75 millions d’euros de la BAD et l’autre de 45,50 millions d’euros de l’Africa growing together fund, un fonds spécial cofinancé avec la Chine. À charge pour le gouvernement béninois d’apporter un financement de 13,79 millions d’euros comme contrepartie.
Le Programme d’assainissement pluvial des villes secondaires se veut une réponse aux inondations et aux faiblesses du système de drainage pluvial dans les centres urbains, grâce au développement d’infrastructures d’assainissement pluvial. Quatre villes secondaires sont concernées : Porto-Novo, Ouidah, Bohicon et Abomey, d’une population cumulée d’un million de personnes environ. La mise en œuvre va permettre d’assainir le cadre de vie des populations des villes ciblées et d’en renforcer la résilience face aux inondations.
Le programme se divise en trois composantes : la première porte sur la réalisation d’infrastructures de drainage des eaux pluviales et de travaux connexes, comme la construction de collecteurs primaires et secondaires (caniveaux de grande taille) et de caniveaux, le bitumage et le pavage de la voirie.
De plus, le programme prévoit l’ouverture de salles de classe, dont un collège d’enseignement général, des installations sanitaires ainsi qu’un logement réservé aux sages-femmes dans un centre de santé.
À quoi vont s’ajouter quatre hangars de séchage de poissons fumés, deux forages équipés de pompes manuelles, l’aménagement d’une place et d’un jardin publics. L’occasion de préparer le reboisement des zones sinistrées.
La deuxième composante prévoit un mécanisme de gestion des déchets et d’entretien des ouvrages (formations, équipements, élimination des dépotoirs existants) qui inclut la dimension de genre ainsi que le renforcement du système d’alerte et de gestion des risques d’inondation. Un bassin de rétention d’eau ainsi qu’un périmètre maraîcher vont être aménagés.
La troisième composante, quant à elle, porte sur la gestion, le suivi et l’évaluation du projet.
Selon la BAD, les bénéficiaires du projet feront ainsi des économies sur la scolarité de leurs enfants grâce à une diminution des charges liées aux maladies hydriques en milieu scolaire. Le taux de fréquentation scolaire des jeunes filles devrait croître, grâce à l’amélioration des conditions d’hygiène. En outre, des ressources seront générées au profit des populations bénéficiaires grâce aux commerces installés durant la phase des travaux. Verront aussi le jour des opportunités d’emplois directs et indirects en faveur des populations bénéficiaires.
@NA