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Société

Chaque goutte compte

Chaque goutte compte
  • Publiémars 24, 2023

Le Fonds international de développement agricole appelle à accélérer les investissements pour aider les petits exploitants agricoles dans les pays en développement à accéder à l’eau et à gérer des ressources hydriques qui se raréfient.

 

« Il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité des ressources en eau. L’eau est indispensable pour produire notre alimentation mais les petits producteurs et productrices peinent de plus en plus à accéder à l’eau dont ils ont besoin pour irriguer leurs cultures et abreuver leur bétail, entraînant souffrance humaine, migrations et conflits », explique Jyotsna Puri, vice-présidente adjointe du FIDA. « Des solutions existent mais des investissements sont maintenant nécessaires pour permettre à des millions de petits exploitants d’en bénéficier. »

En Mauritanie, par exemple, la population locale, hommes et femmes ensemble, a acheminé des pierres qui se trouvent à trois kilomètres de distance pour consolider les digues.

Près de 3,2 milliards de personnes dans le monde vivent dans des régions agricoles qui connaissent des pénuries ou un manque d’eau considérés comme graves ou très graves, et 1,2 milliard d’entre elles – soit approximativement un sixième de la population mondiale –, vivent dans des zones agricoles où les contraintes hydriques sont critiques. Les petits exploitants agricoles produisent un tiers de l’alimentation mondiale et jusqu’à 70% de celle produite dans les pays en développement mais ils font face à des difficultés croissantes liées à l’eau à cause des changements climatiques. Depuis 2000, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29%. La croissance démographique est à l’origine d’une hausse de la demande en eau, qui est aussi l’un des facteurs clés du manque d’eau.

Jyotsna Puri est responsable du Département de la stratégie et des savoirs du FIDA.
Jyotsna Puri est responsable du Département de la stratégie et des savoirs du FIDA.

« La seule solution est d’utiliser au mieux chaque goutte. Les infrastructures d’irrigation à petite échelle, une meilleure gestion des sols et de l’eau, et des solutions naturelles telles que l’agroforesterie peuvent faire la différence et garantir aux petits producteurs l’eau dont ils ont besoin », ajoute Jyotsna Puri. « Nous devons accroître les investissements des secteurs public et privé afin d’accélérer la mise en œuvre de techniques qui ont fait leurs preuves et de solutions locales ».

Les besoins en matière d’investissement sont immenses. Par exemple, en Asie de l’Est et dans le Pacifique, 6,8 milliards de dollars seraient nécessaires chaque année jusqu’en 2030 si l’on souhaite étendre l’irrigation et la rendre efficace, et faire en sorte que les améliorations apportées à la gestion de l’eau portent pleinement leurs fruits.

 

 

Drainer aussi les flux financiers

Selon l’OCDE, en dépit des retombées économiques positives de l’investissement dans le domaine de l’eau, les flux financiers ne correspondent pas aux besoins. Par exemple, en Afrique subsaharienne, on estime que l’irrigation à petite échelle pourrait profiter et bénéficier à 113 à 369 millions de personnes dans les zones rurales. Or ce sont principalement les difficultés d’accès aux financements et au crédit qui empêchent l’achat de matériel d’irrigation et de collecte de l’eau, en plus des problèmes d’ordre foncier.

« Compte tenu des montants nécessaires et de l’intensification des changements climatiques, nous devons élaborer des instruments financiers innovants afin de débloquer – le plus rapidement possible – les milliards qui peuvent venir du secteur privé, et rediriger les fonds, les infrastructures et le savoir-faire vers les petits exploitants agricoles », précise Jyotsna Puri.

Le financement mixte, qui utilise le financement du développement de façon stratégique pour mobiliser l’investissement privé, les obligations durables ou vertes, et les partenariats public-privé, dont des exemples de ces instruments financiers. Le FIDA promeut également l’élaboration de projets rentables dans le domaine de l’eau, l’objectif étant de définir des flux de revenus clairs et des modèles économiques viables pour attirer les investisseurs privés.

En Mauritanie, par exemple, la population locale, hommes et femmes ensemble, a acheminé des pierres qui se trouvent à trois kilomètres de distance pour consolider les digues (photo ci-dessous). Aujourd’hui, l’eau de pluie peut à nouveau s’accumuler derrière ces digues et servir à l’irrigation pendant la saison sèche, permettant aux terres de rester fertiles.

 

Le FIDA est l’un des principaux investisseurs dans les solutions d’accès à l’eau pour les petits exploitants agricoles. Il finance actuellement des projets et des activités dans ce domaine à hauteur de 2,85 milliards $. Les projets qu’il soutient investissent dans des réservoirs d’eau, des systèmes de collecte de l’eau de pluie, des techniques de gestion des sols qui permettent d’en conserver l’humidité, des systèmes d’irrigation à petite échelle et d’irrigation au goutte-à-goutte, et des solutions naturelles comme l’agroforesterie et la restauration des écosystèmes.

@NA

 

Écrit par
Paule Fax

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