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Société

Alima en première ligne des zones de conflits

Alima en première ligne des zones de conflits
  • Publiémars 23, 2023

L’ONG Alima agit au quotidien dans l’exercice de sa vocation humanitaire sur des territoires contestés et instables. Elle coordonne l’activité de soignants et de cadres souvent issus des communautés locales, donc connaissant tous les enjeux et les risques du terrain.

 

Alima (The Alliance for International Medical Action) est une ONG humanitaire médicale internationale basée à Dakar. Les soignants travaillent dans treize pays africains, et, désormais en Ukraine. Le modèle Alima s’appuie sur une alliance entre les médecins, les ONG locales, les chercheurs, les ministères de la santé, et les communautés.  L’objectif est de transformer la médecine humanitaire en s’appuyant sur la recherche et l’innovation pour augmenter l’efficacité de ses actions et mieux protéger les populations des crises sanitaires d’urgence. 

« Nous constatons une hausse alarmante des besoins ; il est vital d’améliorer la réponse humanitaire tout en travaillant pour une meilleure localisation de l’aide à travers la participation des acteurs locaux. »

Depuis sa création en 2009, Alima a soigné plus de dix millions de patients et a lancé une trentaine de projets de recherche, notamment sur la malnutrition, la santé maternelle et infantile, le paludisme, Ebola, la Covid-19… Aujourd’hui, les besoins humanitaires ne cessent de progresser sans que les moyens n’augmentent, surtout en zones de conflit où le coût de l’aide est de plus en plus important.

Le Dr Bunmi Ode, pédiatre réanimatrice, et le directeur général de l’opération médicale humanitaire, le Dr Moumouni Kinda, apportent leurs témoignages sur leurs interventions. Au Burkina Faso, les provinces du Sanmatenga et du Bam ont instauré un couvre-feu du 5 au 20 mars de 22h00 à 5h00 du matin pour des raisons sécuritaires. La menace terroriste, les violences djihadistes et le risque d’enlèvement y sont très élevés. L’Unicef estime que plus de 20 000 personnes vivant dans la zone frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, en proie à des conflits armés, atteindront un niveau d’insécurité alimentaire catastrophique.

 

Une organisation locale restreinte

Alima intervient au Burkina Faso depuis 2012, et mène des opérations sur six districts sanitaires particulièrement touchés par les violences. « Ici, les populations, y compris les médecins, fuient la région. Nous allons dans les localités où la situation est la plus fragile. En plus des soins aux populations blessées, nous intervenons également dans la prise en charge de la malnutrition aiguë, la prévention du paludisme ainsi que la prise en charge des troubles psychosociaux liés à cette crise », décrit le Dr Kinda.

Dr Bunmi Ode, pédiatre réanimatrice, membre d'Alima. © Benjamin Boccas
Dr Bunmi Ode, pédiatre réanimatrice, membre d’Alima (photo : Benjamin Boccas)

Le Dr Ode poursuit : « À Katsina, au nord du Nigeria, où nous sommes présents depuis 2021, nous soignons principalement les enfants de moins de cinq ans contre la malnutrition aiguë. Les communautés apprécient que nos soignants parlent la même langue qu’eux et qu’ils connaissent la culture locale. C’est ce genre d’interactions que l’on multiplie. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le transfert de compétences est fait grâce à l’accompagnement et aux formations qu’Alima dispense au personnel de santé sur place. »

Alima souhaite apporter une cohésion entre les acteurs sur le terrain. « Nous soignons tout le monde. Nous réévaluons la situation locale pour que notre aide soit la plus adaptée possible aux besoins des populations que nous soignons », précise Dr Ode. « Près de 95% du personnel provient des pays où nous intervenons ; telle est la clé de notre engagement. »

Évoquant la difficulté de sa mission, Moumouni Kinda ajoute : « Nous n’obligeons personne à aller dans les régions dangereuses ; les soignants y vont et y restent en toute connaissance de cause. » L’organisation donne aux soignants les moyens de communiquer, « nous les sortons des zones les plus troubles quand ils le demandent, et surtout nous les sensibilisons le plus possible aux risques qu’ils affrontent », poursuit-il. Leur connaissance du terrain fait toute la différence. « Nous les écoutons toujours et nous discutons constamment avec eux. Nous tenons compte de leur avis pour ouvrir et gérer nos centres de santé. » Comme il n’est jamais simple d’avoir accès aux territoires dangereux, « nous devons souvent négocier avec plusieurs acteurs ; c’est pourquoi nous avons parfois du retard pour intervenir, nous savons que les premiers qui vont nous ouvrir les portes sont les locaux », ajoute le Dr Kinda. « Nos équipes sont formées pour améliorer leurs compétences, agir et progresser. »

 

Améliorer la réponse humanitaire

Désormais, Alima est donc présente aussi en Ukraine : « Nous intervenons de la même manière qu’en Afrique, par l’intégration des équipes locales expertes sur le terrain. » Progressivement, l’ONG ouvre également son champ d’action en Afrique de l’Est en apportant son aide en Éthiopie et au Soudan.

Dr Moumouni Kinda, directeur général de l’opération médicale humanitaire pour Alima.
Dr Moumouni Kinda, directeur général de l’opération médicale humanitaire pour Alima.

Non sans difficultés. « Nous avons parfois du mal à recruter des médecins dans certaines zones réputées dangereuses. Nous avons des incidents dans les zones de conflits les plus difficiles sans pouvoir réagir à temps. Et nous manquons de moyens financiers pour répondre à certains besoins humanitaires et pérenniser nos actions. »

En 2022, l’Unicef n’a reçu qu’un tiers des 391 millions de dollars demandés pour financer ses activités au Sahel. Pour 2023, l’agence onusienne demande 473,8 millions de dollars. Évoquant ces difficultés matérielles des organisations sur le terrain, Moumouni Kinda déplore « une hausse alarmante des besoins ». Selon lui, « il est vital d’améliorer la réponse humanitaire tout en travaillant pour une meilleure localisation de l’aide à travers la participation des acteurs locaux. Nos partenaires sur le terrain comme Keoogo ou SOS Médecins au Burkina Faso, Befen au Niger, ou encore Alerte santé au Tchad participent aux côté d’Alima au maintien d’une aide humanitaire malgré la dégradation de la situation au niveau local. C’est ce qui fait la force de notre organisation. »

@NA

 

Écrit par
Yousra Gouja

2 Commentaires

  • c’est bon comme aide d’intervenir dans zone de conflit que selon mois ont plus besoin raison pour mois d’avoir aussi apporté ma contribution étant agent de santé à travailler pour vous en cas de besoin

  • Merci pour ce merveilleux article, vraiment merveilleux dans le style d’édition et la richesse du contenu. Nous avons un besoin urgent de telles organisations et projets humanitaires, en particulier sur le continent asiatique également. Plus d’activité doit être étendue dans de nouvelles zones de conflit sur la carte, comme le Soudan.

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