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Société

Alerte à la crise alimentaire en Afrique de l’Ouest

Alerte à la crise alimentaire en Afrique de l’Ouest
  • Publiéjuillet 5, 2023

Le PAM (Programme alimentaire mondial) manque de financements pour faire face à la crise alimentaire qui touche l’Afrique de l’Ouest. Le Mali et le Tchad seront les plus durement touchés. Pourtant, les programmes menés à bien font sont efficients.

 

En raison d’une pénurie de fonds, le PAM ne pourra venir en aide qu’à un peu plus de la moitié des 11,6 millions de personnes visées initialement par son plan d’urgence au Sahel, lancé en juin 2023. L’organisation onusienne redoute que des millions de personnes restent sans aide au moment où la saison maigre s’installe « et où la faim commence à atteindre son paroxysme ».

Le Mali et le Tchad seront les plus durement touchés, 800 000 personnes risquant d’avoir recours à des mesures désespérées pour s’en sortir, de la prostitution à l’adhésion à un groupe armé.

Pour assurer une réponse adéquate aux besoins d’urgence dans les cinq pays du Sahel au cours des six prochains mois (juillet-décembre 2023), le PAM a besoin de 794 millions de dollars.

La réponse du PAM pour la période de soudure vise à soutenir les efforts des gouvernements nationaux dans la lutte contre la faim, alors qu’ils sont aux prises avec les effets combinés des conflits, de la crise climatique et de la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants. Le PAM avait initialement ciblé 11,6 millions de femmes, d’hommes et d’enfants au Burkina Faso, au Tchad, en République centrafricaine, au Cameroun, au Mali, en Mauritanie, au Niger et dans le nord-est du Nigeria, de juin à septembre 2023.

Malheureusement, les contraintes de financement ont forcé le PAM à fournir une assistance à seulement 6,2 millions de personnes parmi les plus vulnérables.

« Pendant la période de soudure de cette année, des millions de familles ne disposeront pas de réserves alimentaires suffisantes pour subvenir à leurs besoins jusqu’aux prochaines récoltes, en septembre, et nombre d’entre elles ne recevront que peu ou pas d’aide pour les aider à traverser les mois difficiles qui les attendent. Nous devons prendre des mesures immédiates pour éviter un glissement massif vers une situation de famine », alerte Margot Vandervelden, directrice régionale par intérim pour l’Afrique de l’Ouest.

« Nous devons nous attaquer à la faim aiguë par le biais de l’aide humanitaire, tout en nous attaquant aux causes structurelles de l’insécurité alimentaire en augmentant les investissements dans des systèmes alimentaires résilients et en élargissant les programmes gouvernementaux de protection sociale. »

 

L’urgence et le long terme

L’insécurité alimentaire a atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans en Afrique de l’Ouest et du Centre, touchant 47,2 millions de personnes pendant la période de soudure de juin à août. La malnutrition a également augmenté, avec 16,5 millions d’enfants de moins de cinq ans qui devraient souffrir de malnutrition aiguë cette année, soit une augmentation de 83 % par rapport à la moyenne 2015-2022.

Le PAM a reçu le prix Nobel de la Paix en 2020.
Le PAM a reçu le prix Nobel de la Paix en 2020.

 

Les conflits restent l’un des principaux facteurs de la faim dans la région ; ils entraînent des déplacements forcés de population qui ont vidé des villages entiers et limité l’accès des communautés à la terre pour l’agriculture. Les conflits s’étendent également à l’ensemble de la région et aux pays côtiers, risquant de propager l’instabilité dans des zones nouvelles et auparavant stables. En l’espace de six mois, le nombre de personnes fuyant la violence dans le Sahel central et cherchant refuge dans quatre pays du Golfe de Guinée a presque quadruplé, passant de 30 000 en janvier à 110 000 en juin.

La réponse du PAM pendant la période de soudure vise à fournir une aide alimentaire et nutritionnelle vitale aux familles confrontées à une faim aiguë à un moment où les stocks alimentaires s’amenuisent. Cependant, des investissements proactifs dans la prévention et des solutions intelligentes à plus long terme peuvent réduire de manière significative la dépendance à l’égard de ces actions d’urgence. Ces solutions comprennent des activités de renforcement de la résilience, des programmes de protection sociale et des actions d’anticipation telles que les paiements d’assurance climatique.

En 2023, les versements d’assurance contre les risques climatiques de l’African Risk Capacity, d’un montant total de 15,4 millions de dollars, ont permis au PAM de fournir des transferts monétaires à 490 000 personnes au Burkina Faso, en Gambie et au Mali. Cette intervention a permis aux agriculteurs de se remettre des effets de la sécheresse en répondant à leurs besoins essentiels, notamment en achetant de la nourriture pour leur famille et en fournissant des semences pour la prochaine saison de plantation.

Le programme du PAM au Sahel se concentre sur la planification participative des bassins-versants, la récupération et la réhabilitation des terres, et le soutien aux petits exploitants agricoles. Il a donné des résultats « prometteurs », juge l’organisation ; les ménages participants faisant preuve d’une capacité accrue à résister aux chocs et à mieux faire face aux périodes difficiles.

 

Protection sociale

Au Niger, par exemple, 80 % des villages ayant bénéficié du soutien du PAM en matière de résilience n’ont pas eu besoin d’aide humanitaire en 2022, contrairement à d’autres villages situés dans les mêmes zones. Ce succès signifie qu’environ un demi-million de personnes n’ont pas eu besoin d’aide alimentaire humanitaire grâce aux investissements à long terme dans le renforcement de la résilience.

En partenariat avec l’Unicef, le PAM met également en œuvre un programme de protection sociale au Tchad, au Burkina Faso, au Mali et en Mauritanie, contribuant à renforcer les systèmes nationaux et à soutenir des millions de personnes grâce à des transferts monétaires et à des services complémentaires. Le programme contribue également à renforcer la capacité nationale à anticiper et à répondre aux chocs climatiques et autres qui entraînent des besoins humanitaires.

@NA

Écrit par
Rédaction

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