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Société

Aider les mères à se passer du travail des enfants

Aider les mères à se passer du travail des enfants
  • Publiéjuillet 20, 2023

Chacun doit prendre ses responsabilités, face au travail des enfants dans les mines de cobalt en RD Congo. Ce travail ne doit plus être une nécessité pour les familles, en proie au coût de la vie élevé dans des zones peu agricoles.

 

L’extraction du cobalt a façonné le paysage économique du sud de la RD Congo. Elle donne à la population une belle occasion de gagner des revenus. Selon l’ONG d’origine canadienne IMPACT, trois raisons poussent les femmes à exercer cette activité : son caractère lucratif, qui en fait le travail le mieux rémunéré de tous ; la possibilité d’empocher de l’argent à la fin de chaque journée ; l’absence d’investissement et le peu de formation et de compétences nécessaires.

« De nombreuses mères nous ont dit souhaiter une vie différente pour leurs enfants, mais n’avoir pas d’autre choix. L’exploitation artisanale du cobalt a le potentiel de stimuler le développement économique de la RD Congo et de ses communautés. »

Trois facteurs qui entretiennent les populations dans des travaux de subsistance, où participent aussi les enfants. Si le revenu des enfants permet de subvenir aux besoins de base de la famille, comme la nourriture, la première mesure à prendre pour lutter contre le travail des enfants est d’augmenter le revenu des principaux soutiens de famille, c’est-à-dire les femmes. Telle est la principale conclusion de l’étude menée par IMPACT, sur la dépendance des familles au travail des enfants, en RD Congo.

Les exploitantes minières artisanales du secteur du cobalt ont besoin, en premier lieu, de compétences et d’outils pour assumer des tâches plus lucratives à l’intérieur des mines. En deuxième lieu, elles ont besoin d’aide pour négocier des prix justes, appliquer des mesures de santé et sécurité, et créer un groupe d’épargne et de crédit. En troisième lieu, elles doivent obtenir un poids décisionnel au sein de leur foyer, leur mine et leur communauté. Et, en quatrième lieu, doivent avoir accès à des groupes de femmes comme des coopératives et des associations d’exploitantes minières.

En effet, le soutien aux programmes locaux dirigés par des femmes constitue une mesure complémentaire essentielle aux projets d’approvisionnement responsable en cobalt, juge l’ONG.

Comme tous les coûts augmentent, il devient difficile de payer les denrées alimentaires. Après des décennies d’exploitation minière, l’environnement est sec et poussiéreux et peu d’arbres y poussent. Il y a peu de petits potagers ou de parcelles agricoles, qui pourraient suppléer au manque de nourriture ou ajouter aux revenus, comme c’est le cas ailleurs dans le pays. Cette situation fait grimper le prix des aliments de base, qui doivent être importés d’autres régions.

 

L’interdiction brutale n’est pas une solution

Et IMPACT de rappeler le gouvernement de RD Congo à ses devoirs, notamment en matière de gratuité de la scolarité.

Les efforts visant à éliminer le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement en cobalt doivent s’attaquer aux causes profondes, sous peine de compromettre gravement la sécurité et le bien-être de ceux-ci.

En effet, se contenter d’interdire le travail des enfants et d’entourer les mines principales de barbelés, ne fait que repousser le problème. Les enfants travaillent dans des mines artisanales ou chez des employeurs peu scrupuleux.

Un reportage multimédia d'IMPACT, Meet Gloria, raconte l'histoire d'une exploitante minière de cobalt artisanal en RD Congo qui travaille aux côtés de ses enfants.
Un reportage multimédia d’IMPACT, Meet Gloria, raconte l’histoire d’une exploitante minière de cobalt artisanal en RD Congo qui travaille aux côtés de ses enfants.

 

L’exploitation artisanale du cobalt offre aux membres de la communauté les revenus les plus élevés de la région. Les enfants reçoivent jusqu’à 2,50 dollars par jour. Le plus souvent, ceux-ci remettent leurs gains à leur mère pour l’aider à payer les achats de première nécessité comme la nourriture.

Que faire ? Chacun peut lutter à son niveau : le consommateur doit s’informer sur la provenance du cobalt, être conscient des réalités et les faire connaître autour de lui. Le chef d’entreprise qui s’approvisionne en cobalt ne doit pas boycotter la RD Congo, mais collaborer en amont avec les communautés locales afin de lutter contre le travail des enfants. En privilégiant une démarche continue aux mesures répressives qui exposent les familles à des risques accrus de pauvreté.

Bien sûr, chacun peut investir dans les « bonnes pratiques », au bénéfice des communautés.

Ces conseils s’appliquent aux décideurs politiques, à qui il est demandé de mieux s’informer et d’agir pour renforcer la sécurité des femmes et de soutenir les initiatives féminines.

« La santé, la sécurité et le bien-être des enfants doivent être au sommet des priorités. Il faut veiller à ce que la lutte contre le travail des enfants dans la chaîne d’approvisionnement en cobalt n’entraîne pas le déplacement des enfants vers d’autres sites miniers ni ne précarise davantage leur situation. Il est primordial de s’attaquer aux causes sous-jacentes de leur travail », rappelle Joanne Lebert, directrice générale d’IMPACT.

« De nombreuses mères nous ont dit souhaiter une vie différente pour leurs enfants, mais n’avoir pas d’autre choix. L’exploitation artisanale du cobalt a le potentiel de stimuler le développement économique de la RD Congo et de ses communautés, mais on doit d’abord investir dans les femmes qui travaillent dans les mines artisanales pour qu’elles puissent subvenir aux besoins de leur famille et valoriser ce potentiel », conclut Joanne Lebert.

 

LS, d’après étude et présentation de l’étude par IMPACT.

@NA

Écrit par
Laurent Soucaille

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