Olaf Scholz plaide pour « une bonne coopération »

Comme Macky Sall la veille, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a reçu Olaf Scholz, le 23 mai 2022. Le chancelier allemand souhaite une bonne coopération au Sahel afin de faire face aux menaces sécuritaires. Il regrette l’attitude actuelle du Mali à l’égard des Occidentaux.
Par Laurent Allais
Le nouveau Chancelier fédéral d’Allemagne, Olaf Scholz, a effectué une tournée en Afrique, le conduisant d’abord au Sénégal puis au Niger. Face à l’insécurité grandissante dans le Sahel, combinée aux effets politiques et économiques de la guerre en Europe de l’Est, il s’agit pour l’Allemagne de réaffirmer son soutien à ses alliés dans la région. Au menu des discussions, les questions énergétiques, la question sécuritaire, ainsi que, du moins officieusement, la question des flux migratoires.
Le Niger fait face à un afflux sans précédent de réfugiés maliens. Pendant que les autorités surveillent la frontière avec le Mali, les groupes terroristes procèdent à des incursions dans le pays à partir de la frontière avec le Burkina Faso. Et l’État islamique semble se réorganiser en Libye.
Si le dossier de la sécurité au Sahel reste au centre des préoccupations, la tournée africaine du chancelier allemand a aussi une dimension économique, tandis que l’Allemagne, comme d’autres pays ouest européens, cherchent à diversifier leurs approvisionnements en énergie. Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, et président du Sénégal, pays qui dispose de GNL (gaz naturel liquéfié) : « Nous sommes prêts, au Sénégal, à travailler dans la perspective d’alimenter le marché européen en GNL. Il faut respecter quelques conditions préalables, comme un accompagnement dans le gisement en cours d’exploitation ; la prise de participations doit s’effectuer à des conditions meilleures que celles données aujourd’hui au Sénégal ». Le Sénégal exploite, avec la Mauritanie, un important champ gazier aux réserves estimées à 1 400 milliards de m3 ; les premières livraisons sont attendues pour l’an prochain.
Au Niger, Olaf Scholz n’a pas caché son irritation devant l’attitude du gouvernement malien ; il a réaffirmé son soutien à la Minusma, la force des Nations unies destinée à assurer la stabilité au Mali. De son côté, le président Mohamed Bazoum a félicité son hôte du soutien continu de l’Allemagne dans la formation des soldats nigériens.
Une « bonne motivation » pour continuer la mission Gazelle
Tout comme la France, l’Allemagne envisage un redéploiement de sa force armée dans la région, du Mali, vers le Niger. Pour l’heure, rien de définitif n’a été décidé ? « La situation sécuritaire au Sahel est très difficile », a reconnu Olaf Scholz. « Nous comptons continuer à contribuer à la Minusma, ici au Niger. Il faut maintenir une bonne coopération si nous voulons assurer la sécurité dans la région. La situation empire, du fait de la présence de mercenaires russes au Mali. Une bonne coopération est donc d’autant plus importante, entre l’Allemagne et le Niger. »
Berlin soutient la formation des forces spéciales nigériennes dans le cadre de la mission Gazelle qui s’achève fin 2022. Le président nigérien a sollicité lundi, la prolongation de cette mission qui se déroule à Tahoua, à l’ouest du pays.
Le Parlement allemand a déjà donné son aval à une prolongation, a rappelé Olaf Scholz. « Il faut définir quelles sont les perspectives d’avenir et quels sont les détails de la poursuite de cette coopération », a estimé le Chancelier. Selon qui « le succès atteint jusqu’à présent constitue déjà une bonne motivation pour continuer ».
Pour le Niger, la situation n’a jamais été si délicate. Le pays fait face à un afflux sans précédent de réfugiés maliens. Et tandis que les autorités doivent surveiller en priorité la frontière avec le Mali, les groupes terroristes en profitent pour procéder à des incursions dans le pays à partir de la frontière avec le Burkina Faso. Dans le même temps, une réorganisation apparente de ce qui reste de l’État islamique en Libye fait craindre de nouvelles attaques du côté nord-est du pays, cette fois.
Au Burkina Faso, une attaque terroriste contre une base militaire a fait cinq morts chez les soldats burkinabè. La réplique a été très vive et l’attaque a été repoussée en une journée, avec l’appui de forces militaires françaises et nigériennes. Une patrouille de chasse de Mirage 2000 de la force Barkhane a décollé de Niamey, signale l’état-major des Armées du Burkina.
@NA