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Wagner, sanctionné par Londres, affiche ses ambitions en Afrique

Wagner, sanctionné par Londres, affiche ses ambitions en Afrique
  • Publiéjuillet 20, 2023

Alors que Wagner annonce quitter l’Ukraine pour se déployer en Afrique, et confirme son engagement direct en Centrafrique et au Mali, le gouvernement britannique décide de sanctions contre le groupe paramilitaire.

 

Le Royaume-Uni a décidé des sanctions contre treize personnalités et entreprises accusées d’être impliquées dans des exactions de Wagner au Mali, en Centrafrique et au Soudan.

Les faits reprochés incluent « des exécutions et des actes de torture au Mali et en République centrafricaine ainsi que des menaces à la paix et à la sécurité au Soudan », précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié ce 20 juillet.

Ces mesures prévoient des gels d’actifs au Royaume-Uni et l’interdiction de séjour sur le sol britannique. Sont visées des personnalités de Wagner au Mali, Ivan Maslov, et en Centrafrique, Vitali Perfilev et Konstantin Pikalov.

Lors d’une réunion tendue à Saint-Pétersbourg, le président sud-africain aurait déclaré à son homologue russe que la guerre devait cesser, tandis que la délégation africaine demandait le retour des enfants ukrainiens dans leurs familles.

Ce dernier serait le bras droit du chef de Wagner Evguéni Prigojine, « Le groupe Wagner commet des atrocités en Ukraine et agit en toute impunité dans des pays comme le Mali, la République centrafricaine et le Soudan », a dénoncé le secrétaire d’Etat chargé de l’Afrique, Andrew Mitchell. « Partout où Wagner est présent, il a un effet catastrophique sur les communautés, aggrave les conflits existants et porte atteinte à la réputation des pays qui l’accueillent. »

Londres a également sanctionné des compagnies minières et de sécurité accusées de financer Wagner ou de participer à ses opérations. Le gouvernement britannique dit « rester gravement préoccupé par le rôle déstabilisateur dans la région » de Wagner. Au Mali, le Foreign Office cite « le massacre d’au moins 500 personnes à Moura en mars 2022, avec des exécutions sommaires ainsi que des viols et de la torture ».

En Centrafrique, Wagner est accusé de « cibler délibérément des civils » tandis qu’au Soudan, « il a fourni des armes et des équipements militaires », selon le gouvernement britannique, cité par l’AFP.

 

Un nouveau chemin, l’Afrique…

De son côté, Moscou a affirmé que son avenir en Afrique dépendrait « des pays concernés ». Ce, alors que précisément, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, affirme dans une vidéo, que son groupe allait quitter le front en Ukraine pour se concentrer… sur l’Afrique. Le groupe paramilitaire a l’intention d’étendre sa présence sur le continent, confirme l’un de ses adjoints. « Il a été décidé que nous resterions ici, en Bielorussie, pendant un certain temps. Ensuite, nous partons sur un nouveau chemin, vers l’Afrique », a précisé Evgueni Prigojine à ses troupes, dans une vidéo. Il s’agissait de sa première intervention publique depuis la « rébellion » contre Moscou, les 25 et 26 juin. À noter que sur cette vidéo, l’homme fort de Wagner se tenait aux côtés du néo-nazi Dimitri Utkin, personnage de l’ombre du groupe de mercenaires.

De son côté, un autre dirigeant de Wagner, Alexandre Ivanov, a publié un communiqué confirmant les ambitions de son groupe en Afrique, précisant que « la Russie officielle n’a rien à voir avec cela » et que « les employés du ministère russe de la Défense ne travaillent pas en Centrafrique ». À l’en croire, les gouvernements africains entrent en contact direct avec les sociétés paramilitaires privées. Voilà qui contredit le discours officiel des dirigeants de Centafrique et du Mali, qui disent traiter avec la Russie et non avec Wagner.

Enfin, on a appris le 19 juillet que le président russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des BRICS qui se tiendra en août en Afrique du Sud.

Dans une déclaration, le gouvernement sud-africain a confirmé que « d’un commun accord », Vladimir Poutine ne participerait pas au Sommet, mais que la Russie serait représentée par le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov.

Signataire du statut fondateur de la Cour pénale internationale, l’Afrique du Sud aurait été obligée d’arrêter Vladimir Poutine s’il arrivait à Johannesbourg pour le sommet.

Le président russe est recherché par la CPI pour crimes de guerre, notamment pour la déportation et le transfert illégaux présumés d’enfants ukrainiens vers la Russie.

La question de sa venue en Afrique du Sud était depuis des mois une source d’embarras diplomatique important pour le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a hésité ces derniers mois sur l’attitude à adopter. Ce n’est que le 18 juillet qu’il a affirmé dans une déclaration juridique que l’arrestation de Vladimir Poutine équivaudrait à déclarer la guerre à la Russie.

 

Des relations tendues avec l’Afrique du Sud

« L’Afrique du Sud a des problèmes évidents pour exécuter une demande d’arrestation et de remise du président Poutine… La Russie a clairement indiqué que l’arrestation de son président en exercice serait une déclaration de guerre. Il serait incompatible avec notre constitution de risquer de s’engager dans une guerre avec la Russie. »

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Afrique du Sud s’efforce de marcher sur une corde raide diplomatique entre son amitié avec la Russie, qui remonte au soutien de l’Union soviétique à la lutte contre l’apartheid, et la colère des partenaires occidentaux face à l’indifférence présumée de Pretoria à l’égard de la conduite de la Russie en Ukraine.

Bien que l’Afrique du Sud ait affirmé être une partie neutre dans la guerre, le gouvernement sud-africain s’est abstenu de voter les résolutions de l’ONU critiquant la Russie. En février, Pretoria a accueilli des exercices navals conjoints avec la Russie et la Chine et, en mai, l’ambassadeur américain en Afrique du Sud, Reuben Brigety, a accusé de manière sensationnelle l’Afrique du Sud de fournir secrètement des armes à la Russie à partir d’une base navale.

Les présidents Cyril Ramaphosa et Vladimir Poutine, en juin 2023.
Les présidents Cyril Ramaphosa et Vladimir Poutine, en juin 2023.

 

Depuis ces allégations, que l’Afrique du Sud nie, Cyril Ramaphosa a cherché à contrer l’impression que l’Afrique du Sud est pro-russe. En juin, il a joué un rôle de premier plan dans une délégation africaine pour la paix en Ukraine et en Russie, qui s’est rendue sur les lieux de crimes de guerre en Ukraine.

Lors d’une réunion tendue à Saint-Pétersbourg, le président sud-africain aurait déclaré à son homologue russe que la guerre devait cesser, tandis que la délégation africaine demandait le retour des enfants ukrainiens dans leurs familles.

Visiblement vexé, Vladimir Poutine a interrompu la délégation pour affirmer que la Russie protégeait en fait les enfants…

LA, avec AFP et David Thomas

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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