Une victoire diplomatique pour le Maroc

Israël reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, où l’État hébreu envisage l’implantation d’un consulat. Une victoire pour Rabat qui a déjà le soutien des États-Unis et de l’Espagne dans ce dossier.
La reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental constitue une victoire diplomatique pour le Maroc. Elle place certains pays occidentaux, notamment les Européens, dans l’embarras, et ne manquera pas de fâcher un peu plus les autres pays du Maghreb, comme l’Algérie.
Israël a décidé de nommer un attaché militaire au Maroc. Le colonel Sharon Itah a été désigné par l’État hébreu ; un choix qui s’explique en partie par les origines marocaines de l’officier.
Le roi Mohammed-VI a donc fait état, le 17 juillet 2023 au soir, d’une lettre reçue le jour même de la part du Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien y écrit qu’Israël « reconnaît la souveraineté du Maroc » sur le territoire du Sahara occidental. Dans ce courrier, Benyamin Netanyahou précise que la position de son pays sera « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ». Cette décision « sera transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques ».
De plus, informe le Premier ministre israélien, l’État hébreu examine « positivement » l’ouverture d’un consulat à Dakhla ; cette ville est située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le Royaume. Information importante, car le gouvernement marocain presse ses pays amis d’ouvrir une représentation diplomatique au Sahara occidental, comme gage de reconnaissance de la souveraineté du Royaume. Selon l’agence de presse espagnole EFE, le Maroc pourrait transformer son « bureau de liaison » à Tel Aviv en une ambassade à part entière ; une information pour l’heure non confirmée officiellement.
Lors d’une allocution télévisée, le 20 août 2022, le Roi avait affirmé que le dossier du Sahara constitue « le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ». Une pierre dans le jardin de l’Algérie, ainsi que de la Tunisie, qui a reçu en grande pompe, voici près d’un an, Brahim Ghali, le leader du mouvement indépendantiste Front Polisario. « Cette décision israélienne va au-delà de la diplomatie et relève de l’aspect stratégique et sécuritaire entre les deux pays, y compris un message aux voisins du Maroc », confirme un haut responsable marocain à la chaîne israélienne i24News.
La France en position neutre
Parallèlement, « le renforcement de nos relations avec Israël ne se fera pas au détriment de notre position de principe en soutien au peuple palestinien et à ses droits légitimes », rassure un autre dirigeant auprès de l’AFP. La presse algérienne, on s’en doute, ne se prive pas d’accuser le Maroc d’oublier les Palestiniens, allant jusqu’à parler de « territoires occupés » pour qualifier le Sahara occidental.
Cette démarche d’Israël intervient deux ans et demi après celle du grand allié américain ; le gouvernement Netanyahou a donc pris le temps de la réflexion. Israël et le Maroc avaient normalisé leurs relations en décembre 2020, dans le contexte des négociations sur les « accords d’Abraham » qui s’étendent à plusieurs pays arabes. En Europe, l’Espagne se range du côté du Maroc. La France, soucieuse de ne pas aggraver les tensions avec l’Algérie, adopte une attitude neutre, en dépit de l’appel de certaines personnalités politiques en faveur de Rabat.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré par les Nations unies comme « un territoire non autonome », faute d’accord politique global. Le Front Polisario, qui contrôle environ 20% du territoire (au sud), demande un plan d’autonomie, sous son autorité. Le référendum d’autodétermination, prévu depuis le cessez-le-feu de 1991, n’a jamais été organisé.

Le renforcement des liens ne s’arrête pas là : Israël a décidé de nommer un attaché militaire au Maroc. Le colonel Sharon Itah a été désigné par l’État hébreu ; un choix qui s’explique en partie par les origines marocaines de l’officier. En juin 2023, une douzaine de soldats d’élite de l’armée israélienne avaient participé à un exercice sur le sol marocain, sous l’autorité du Commandement américain pour l’Afrique (Africom).
Cette mesure est le prolongement de l’accord signé l’hiver dernier à Rabat par Benny Gantz, alors ministre israélien de la Défense, par lequel les deux pays décident de renforcer la coopération bilatérale en matière de défense, de renseignement, de formation militaire, de cybersécurité et de coopération industrielle.
Sur ce point, on apprend que la société israélienne de défense Elbit Systems prévoit l’implantation de deux usines de drones au Maroc ; elles pourraient être basées à Casablanca.
@NA