Un nouvel outil pour les gardiens de la démocratie

L’Union africaine se dote d’un nouvel instrument destiné à prévenir les risques de coup d’État ou de tensions politiques graves, et à aider les pays en phase de transition complexe : la Facilité africaine de soutien aux transitions inclusives.
La Commission de l’Union africaine et le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) lancent la Facilité africaine de soutien aux transitions inclusives, AFSIT. Cette structure a pour but de soutenir les pays en transition politique complexe et les pays à risque.
En mai 2023, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avaient réitéré leur position de tolérance zéro à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement et appelé à une action collective visant à créer un mécanisme robuste de renforcement de la démocratie et de la sécurité collective sur le continent.
« Il est urgent de sortir de cette contradiction flagrante qui consiste à vouloir le libre-échange et à refuser la mise en œuvre de la libre circulation des personnes et des biens. »
En réponse à cet appel, la CUA et le PNUD ont uni leurs forces pour ce qu’ils présentent comme « une initiative innovante visant à apporter un soutien programmatique complet aux pays africains en transition politique complexe ». Cette innovation a été présentée, le 15 juillet 2023, en marge de la 5e réunion de coordination semestrielle de l’UA.
L’ambassadeur Bankole Adeoye, commissaire de l’UA aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité, a expliqué, au cours de cette réunion, que l’« AFSIT est un mécanisme pratique et concret qui vise à renforcer les capacités de tous les acteurs qui agissent en faveur d’une gouvernance démocratique. C’est un instrument qui va servir à former ceux qui seront les gardiens de la démocratie ».
Ahunna Eziakonwa, sous-secrétaire générale des Nations unies a ajouté : « La nouvelle Facilité appelle à un recentrage sur le développement, notamment sur la bonne gouvernance, les droits humains et l’accès aux services de base comme l’éducation et les soins de santé, car ce sont des moyens essentiels, non seulement de prévention des coups d’État, mais aussi de maintien de la paix. Ceci est particulièrement crucial dans des régions comme le Sahel, où le risque de coup d’État est élevé. »
L’AFSIT a pour principal objectif de contribuer à l’élaboration de feuilles de route, de mécanismes et d’organismes de transition crédibles, inclusifs et légitimes, conduisant à terme au rétablissement de l’ordre constitutionnel, de la démocratie et de la stabilité dans les pays concernés.
Identifier les risques
Afin d’assurer des transitions inclusives, l’AFSIT complétera les instruments existants de l’UA, des Communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux, les instruments des Nations unies, ainsi que les initiatives des partenaires de développement. La Facilité anticipera, répondra et traitera proactivement les crises politiques complexes au sein des pays africains.
La mise en œuvre de l’AFSIT se fera par étapes. La première consistera à se pencher sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement, tels que définis par les normes de l’UA. Il s’agira de réagir aux coups d’État militaires et aux cas de manipulation du processus démocratique. Le soutien de l’AFSIT couvrira également les « pays à risque » qui sont au bord d’une crise politique, identifiés par des signes d’alerte précoce et des données provenant des différents organismes internationaux.

D’autre part, cette réunion de l’UA a donné lieu à quelques propos de poids, destinés à rappeler les ambitions de l’Afrique dans le nouvel ordre mondial qui se dessine. L’« intégration de l’Afrique ne peut se construire sans prendre en compte les changements géopolitiques et économiques en cours dans le monde. L’Afrique devra défendre ses intérêts par l’élaboration de positions communes, notamment dans les domaines du changement climatique, du commerce, des migrations, du financement du développement et de la résolution des conflits », a ainsi déclaré Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA.
« Le retard dans la ratification du protocole sur la libre circulation des personnes et des biens est un handicap. Il est urgent de sortir de cette contradiction flagrante qui consiste à vouloir le libre-échange et à refuser la mise en œuvre de la libre circulation des personnes et des biens », a-t-il ajouté.
Enfin, « pour que les solutions africaines aux défis et aux opportunités de l’Afrique soient plus qu’un slogan, il faut une voix encore plus insistante au sein du G20 et une action unifiée des dirigeants africains pour rompre l’inacceptable statu quo », a pour sa part soutenu Amina Mohammed, secrétaire générale adjointe des Nations unies.
@NA