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Politique

Un candidat unique et un boycott pour l’opposition gabonaise

Un candidat unique et un boycott pour l’opposition gabonaise
  • Publiéaoût 22, 2023

Tout en présentant un candidat unique à l’élection présidentielle au Gabon, l’opposition appel au boycott des élections législatives qui se dérouleront le même jour, dénonçant un système électoral qui oblige à lier les deux scrutins dans les urnes.

 

Huit jours avant le déroulement des scrutins législatifs et présidentiels au Gabon – le 2 août 2023 –, cinq candidats de l’opposition – dont deux adossés à des partis d’envergure nationale – ont annoncé leur retrait. Ce, au bénéfice du sixième candidat membre de la plateforme Alternance 2023, Albert Ondo Ossa (photo ci-dessus), 69 ans. Ce représentant du parti Réagir n’était pourtant pas le favori pour représenter la plateforme, dont les promoteurs militent depuis janvier pour présenter un seul candidat face au président sortant, Omar Bongo Ondimba.

Précisément 846 822 électeurs sont attendus aux urnes pour les élections générales du 26 août au Gabon. Ils sont 830 729 électeurs dans le territoire national et 16 093 à l’étranger.

Ce dernier, élu de peu en 2016 face à Jean Ping, part néanmoins favori d’un double scrutin – présidentiel et législatif – aux contours inédits, pour ne pas écrire étranges.

En effet, le dispositif électoral impose un bulletin commun aux deux scrutins. Voter pour un candidat à la présidentielle, c’est voter pour son parti aux législatives, et réciproquement. Un moyen « de lier le destin du président et du député », justifie-t-on dans les rangs du parti présidentiel. Sauf que le candidat crédible de l’opposition n’a pas de représentants partout aux législatives.

L’opposition appelle en conséquence au boycott de ce scrutin ; « un bulletin unique viole la liberté de choix de nombreux électeurs », dénonce l’opposant François Ndong Obiang. Alliance 2023 avait déposé un recours afin de « prioriser » l’élection présidentielle. Recours rejeté, le 14 août.

« Je ne suis qu’un représentant, celui des affamés, des opprimés, des retraités, des handicapés, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont maltraités, pour qu’enfin, tous ensemble, nous redressions notre pays », a déclaré Albert Ondo Ossa, au cours d’un de ses premiers meetings de campagne en tant que candidat unique de la plateforme Alliance 2023. Néanmoins d’autres candidats se réclamant aussi de l’opposition participeront de l’émiettement des voix, dans un scrutin à un tour, où l’élu le sera probablement à la majorité relative. Tandis que d’autres petits partis estampillés « opposition », regroupés sous le label M30, se rallient au président sortant, au nom du « pacte social républicain ».

Ali Bogo Ondimba semble donc bien parti pour se succéder à lui-même pour un troisième mandat. Le Président sortant, qui ne lésine pas sur les – nombreux – moyens financiers, a mené une campagne tardive mais active. Sans pour autant faire taire les interrogations quant à sa capacité à diriger le pays. Le candidat-président du Parti démocratique gabonais garde visiblement quelques séquelles de l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime en 2018.

 

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En bref

Des « sages » inquiets

 

Une délégation du Conseil des notables et dignitaires de la nation (CNDN) conduit par son président, l’ancien ministre Paul Malekou, a échangé lundi 21 août avec le représentant spécial de l’UNOCA (Délégation des Nations unies pour l’Afrique centrale), Abdou Abarry.

Les quatre membres du Conseil ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à certaines situations qui, de leur point de vue, méritent une attention soutenue avec pour objectif primordial la préservation de la paix avant, pendant et après les électorales générales (présidentielle, législatives et locales) du 26 août.

Au stade actuel du processus, ils invitent les citoyens à faire preuve de résilience et, le cas échéant, à manifester leurs mécontentements non seulement dans le calme mais aussi dans le respect de la sécurité des biens et des personnes. Dans cette perspective, les sages du Gabon plaident pour que les autorités compétentes jouent leur rôle d’encadrement, y compris en assurant la protection des civils ainsi que leur intégrité.

Saluant cette démarche, le représentant l’UNOCA s’est dit confiant quant à l’engagement des différentes parties prenantes. Il a évoqué son « optimisme » après ses audiences avec le président Ali Bongo Ondimba, y compris celle du 11 août 2023.

« Le Gabon doit sortir grandi de ce processus électoral, et non affaibli », a résumé Abdou Abarry, insistant sur la nécessité, pour tous les acteurs socio-politiques, de faire preuve de retenue et à éviter les discours inflammatoires ainsi que les messages haineux.

Abdou Abarry dirige le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale depuis septembre 2022.
Abdou Abarry dirige le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale depuis septembre 2022.

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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