Un afflux de candidats pour succéder à Macky Sall

Le camp présidentiel a choisi son candidat à la présidentielle de février 2024, au Sénégal : le Premier ministre Amadou Ba. Ce choix ne fait pas l’unanimité au sein de la coalition au pouvoir et d’autres candidatures sont à prévoir.
La précampagne électorale est lancée, au Sénégal. Dans l’opposition, Khalifa Sall a entamé le 10 septembre une tournée électorale. De son côté, le parti présidentiel a désigné le Premier ministre Amadou Ba comme candidat. Le scrutin n’aura pourtant lieu que le 25 février 2024.
Dernière minute : la démission d’Abdoulaye Daouda Diallo. Le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) quitte son poste ce 13 septembre 2023. Il entend ainsi, selon la presse sénégalaise, marquer son opposition à la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la coalition au pouvoir. Selon certains médias sénégalais, Macky Sall aurait proposé à Daouda Diallo de devenir Premier ministre et de former un « ticket » avec Amadou Ba, gardant son poste si ce dernier est élu en 2024. Abdoulaye Daouda Diallo fera part de ses intentions lors d’une conférence de presse, le 15 septembre.
L’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall de son nom complet, 67 ans, a donc tenu son premier meeting électoral. Il a également lancé sa plateforme en ligne pour les élections. L’opposant de longue date à Macky Sall avait été écarté de la course à la présidentielle, en 2019, après une condamnation à cinq ans de prison ferme pour détournement de fonds publics. Depuis, il a bénéficié d’une grâce présidentielle ; sa coalition Yewwi Askan Wi a emporté de nombreuses victoires aux élections locales et législatives. Coalition dont il n’est plus membre depuis sa participation au « Dialogue national » voulu par Macky Sall en début d’année, alors que le Président entretenait le doute sur sa candidature à un troisième mandat.
Comme il y a renoncé, le parti présidentiel a dû se choisir un candidat. Et n’est pas allé bien loin, puisque c’est Amadou Ba, 62 ans, qui conduira la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar. Ce choix ne fait d’ailleurs pas l’unanimité. Le ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, a présenté sa démission ; n’ayant jamais caché ses ambitions présidentielles, le désormais ex-ministre considère qu’il est temps pour lui « de relever de nouveaux défis ».
Sans attendre la désignation du Premier ministre, Youssou N’Dour (photo ci-contre) a aussi fait part de son désaccord, quittant le gouvernement et « onze ans de compagnonnage », pour reprendre ses termes, avec Macky Sall.
Le célèbre chanteur ministre homme d’affaires de 63 ans aurait-il des ambitions présidentielles ? La presse sénégalaise s’interroge.
Elle rappelle que l’artiste, bien que très populaire, n’a jamais pris position contre un troisième mandat de Macky Sall – alors que son entrée en politique, en 2010, était pour s’opposer à une troisième candidature d’Abdoulaye Wade. Il n’a jamais, du moins publiquement, dénoncé les violences de ces derniers mois et le sort réservé à l’opposant Ousmane Sonko.
« Des qualités d’humilité et d’écoute »
Quoi qu’il en soit, Amadou Ba devra convaincre au sein de son propre camp, ce qui n’est pas la meilleure manière de lancer une campagne électorale. Il devra donc réussir en quelques semaines. Amadou Ba a été désigné lors d’une réunion de cadres du parti présidentiel autour de Macky Sall, ce choix semble a priori le fait du Prince. Il devra être validé par une base électorale solide. Pas facile dans une coalition de petits partis, où le leader naturel et rassembleur désormais hors-jeu, chacun veut émerger.
Au plan des compétences, nul ne doute de celles du Premier ministre, rompu aux arcanes du pouvoir, fin connaisseur du Plan Sénégal émergent et des contraintes politiques, économiques et environnementales, pour reprendre les termes du Haut représentant de Macky Sall, Moustapha Niasse. Tandis que le Président loue en son dauphin « des qualités d’humilité et d’écoute ». La candidature d’Amadou Ba « est la seule et unique candidature de Benno Bokk Yakaar », a prévenu Macky Sall. « Je lance un appel vibrant pour l’unité à tous les candidats à la candidature », a-t-il ajouté.
D’autres candidats putatifs de sa coalition devraient d’un jour à l’autre faire connaître leur décision de se présenter ou non, comme l’ancien Premier ministre Mahammed Dione et le président du Cese, démissionnaire.

Énarque, ancien inspecteur des impôts, Amadou Ba a été ministre de l’Économie et des finances, de 2013 à 2019, avant de devenir ministre des Affaires étrangères ; il est Premier ministre depuis un an. Il apparaît comme un homme rassembleur, peu habitué aux coups d’éclat et aux polémiques politiciennes. On le dit également homme de réseau, y compris chez les influents chefs religieux.
Et Ousmane Sonko ? En prison, l’opposant semble résigné à l’idée de ne pas pouvoir se présenter au scrutin présidentiel ; le leader du Pastef a suspendu sa grève de la fin. Ses partisans font entendre leur voix – notamment lors des matches de football – et son parti se cherche un autre candidat.
Une trentaine de candidats sont déclarés pour la présidentielle ; la collecte des parrainages débutera fin septembre, et le Conseil constitutionnel validera les candidatures fin décembre.
@NA