Le 21 novembre 2022, la Communauté des États d’Afrique de l’Est organisera des pourparlers de paix en vue de mettre fin au conflit qui empoisonne la vie des populations à l’est de la RD Congo. Le « facilitateur » Uhuru Kenyatta rencontre les différentes parties mais il n’est pas sûr que le mouvement rebelle M23 participe aux discussions.
Un facilitateur de paix en RD Congo. Au nom de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), Uhuru Kenyatta est arrivé à Goma, dans l’est du pays, ce 16 novembre 2022. L’ex président du Kenya vient tenter de ramener le calme dans une zone de combat entre l’armée régulière et le mouvement rebelle M23. De violents combats se sont déroulés dans la région, les troupes du M23 se rapprochant de Goma. En effet, journalistes et populations sur place constatent que l’armée congolaise a tendance à fuir plutôt qu’à défendre. Ce qui entraîne, dans la région, des déplacements incessants de populations, mal protégées. Les combats se poursuivaient, le 16 novembre, au nord de la ville de Goma. Depuis que la rébellion a repris l’offensive, fin octobre, les combats ont entrainé le déplacement d’environ 190 000 Congolais, selon les Nations unies.
Au plan militaire, le président Félix Tshishekedi en appelle aux réservistes et aux jeunes Congolais pour défendre l’est du pays, tandis que le Kenya a envoyé un bataillon à Goma pour soutenir une bien peu vaillante armée régulière.
« Nous devons arrêter avec cette guerre. Ces mamans, ces enfants, ces vieillards qui ne savent pas pourquoi des gens se battent. Ayons pitié d’eux, arrêtons avec cette guerre et commençons un dialogue », a exhorté Uhuru Kenyatta, au cours d’une conférence de presse.
Le « facilitateur » avait passé deux jours à Kinshasa, la capitale de RD Congo, afin de rencontrer les autorités publiques, les diplomates, les organisations internationales et les représentants des communautés du Nord-Kivu. Cette région de l’est du pays, en proie à de nombreux conflits depuis des décennies, est le terrain de la résurgence du M23, un groupe de Tutsis hostile au pouvoir de Kinshasa et qui qui étend son territoire depuis plusieurs semaines.
Uhuru Kenyatta prépare une nouvelle session de négociations de paix, qui doit se dérouler le 21 novembre à Nairobi, précise l’EAC. L’objectif est bien que les différents groupes armés opérant dans la région « rendent les armes et choisissent le chemin de la paix par le dialogue », explique le Kenyan, selon qui « rien ne peut être gagné avec le canon d’un fusil ».
Des négociations sans le M23 ?
Il est prévu que les belligérants rejoignent un processus politique ; de leur côté, les « groupes étrangers doivent comprendre que la RD Congo n’est plus le champ de bataille de problèmes qui ne sont pas de ce pays », a martelé Uhuru Kenyatta, dans une allusion évidente aux groupes venus du Rwanda. C’est d’ailleurs en raison de l’implication supposée de ce pays que le gouvernement de Kinshasa refuse de négocier directement avec le M23. De son côté, le Rwanda accuse l’armée congolaise et son gouvernement de soutenir les rebelles hutus implantés en RD Congo depuis le génocide des Tutsis en 1994, ce que nie le pouvoir de Kinshasa.
Reste un écueil diplomatique que doit résoudre Uhuru Kenyatta : comment organiser des pourparlers de paix en l’absence du M23, qui ne veut pas participer aux négociations et dont le pouvoir congolais ne veut pas entendre parler ? Diplomates, politiques et militaires s’activent pour que cette réunion n’échoue pas.
Au plan militaire, le président Félix Tshishekedi en appelle aux réservistes et aux jeunes Congolais pour défendre l’est du pays, tandis que le Kenya a envoyé un bataillon à Goma pour soutenir une bien peu vaillante armée régulière. Celle-ci, dans le passé, avait pourtant déjà réussi à reprendre le contrôle stratégique de Goma, un enjeu stratégique majeur pour le contrôle du Nord-Kivu, aux yeux des rebelles.
En bref
Expulsion de Sonia Rolley, un mauvais signal contre la liberté de la presse
Sonia Rolley, nouvelle journaliste de l’agence Reuters, a été sèchement expulsée de RD Congo, le 8 novembre, après le refus des autorités congolaises de lui délivrer son accréditation, l’empêchant de travailler.
La journaliste, qui avait pourtant rempli tous les formulaires et payé sa cotisation, a été convoquée à la direction générale des Migrations, avant d’être privée de son passeport et conduite de force dans un avion pour Paris. Sonia Rolley se serait attiré l’inimitié d’hommes politiques et d’hommes d’affaires congolais, lorsqu’elle travaillait pour Radio France Internationale. Elle a notamment participé à l’écriture du documentaire « Congo Hold-up » qui révélait des malversations financières de hauts dirigeants publics et privés.
Le ministère de la Communication évoque « un conflit avec les textes légaux régissant la police des étrangers » en RD Congo ; la journaliste était alors « en situation de séjour irrégulier », car de facto, elle ne travaillait pas. Le ministère se défend de vouloir attenter à la liberté de la presse.

@NA