Sourde oreille au ministère de l’Intérieur
Plutôt qu’un chiffre, les autres associations préfèrent mettre l’accent sur l’absence de recours. Sans papier officiel, il est très difficile de porter plainte. En septembre 2016, la LTDH et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont écrit au ministre de l’Intérieur pour connaître la raison du fichage de 45 personnes recensées. La réponse a porté sur moins de dix noms avec pour seuls commentaires : « État d’urgence », « Sécurité d’État ». La seule référence légale avancée est le décret 75-342 de 1975 qui stipule que le ministère de l’Intérieur est chargé de « contrôler la circulation des personnes sur tout le territoire de la République et notamment toutes les frontières terrestres et maritimes et d’assurer la police de l’air ». Ce qui ne devrait pas inclure des restrictions à l’intérieur des frontières tunisiennes, rétorquent les juristes.
Après la vague d’attentats de 2015, les forces de l’ordre ont massivement utilisé ce recours au fichage pour toutes les personnes interpellées : du simple voisin au camarade de classe. Un moyen de faire du chiffre et de montrer à la population que le gouvernement était actif. « Cette procédure est totalement illégale, même avec l’état d’urgence. Le lien entre la personne fichée et le terrorisme relève parfois plus de l’imagination que des faits », s’insurge Fida Hammami, chargée de la question à Amnesty International.
Pulsions violentes
Cette absence de droit, de règles claires est ce qui inquiète le plus Rim Ben Ismail, psychologue : « Les victimes se disent que tout est permis puisqu’elles ont été punies sur une procédure inexistante. La police renforce la violence d’État et donc autorise la violence chez les individus. » Le 1er novembre 2017, un policier est agressé au couteau à proximité de l’Assemblée.
Laisser un commentaire