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Politique

Tunisie, l’après-Bardo

  • Publiéavril 29, 2015

Après l’attentat au Musée du Bardo, la Tunisie doit intensifier sa lutte contre le terrorisme. Le nouveau gouvernement promet une nouvelle stratégie.

La jeune démocratie tunisienne doit, en plus de ses défi s sociaux et économiques, faire face à la menace terroriste. Après les attaques contre les agents de forces de l’ordre et de l’armée depuis 2012, c’est la première fois que des civils sont atteints. Cinq jours après l’attentat, le chef de la police de Tunis et celui du Bardo, ainsi que d’autres cadres, ont été limogés pour « lacunes » lors de la protection du quartier du musée. Les nouvelles nominations et les changements au niveau de l’institution sécuritaire constituent « un signe fort » du nouveau gouvernement d’Habib Essid. Lequel promet « une nouvelle stratégie » en matière de lutte contre le terrorisme.

l’État tunisien ne semble pas faire « la guerre contre le terrorisme », mais livre « tout juste une guerre contre des terroristes »

Avec 500 Tunisiens de retour des zones de guerre où Daesh ne cesse de sévir, et 12 490 Tunisiens empêchés de partir pour rejoindre l’organisation islamiste, le pays compte plus que jamais sur ses hommes clés, des unités antiterroristes et des organismes de renseignements. Après 2011, notamment après la chute de Kadhafi , la Tunisie, qui a toujours suivi une politique sécuritaire plutôt « préventive », ayant subi seulement deux attaques terroristes notoires – celle contre la synagogue de Djerba en 2002 et la fusillade de Soliman en 2007 – se trouve depuis face aux flux des armes et des intégristes, surtout du côté de la frontière avec la Libye. Cette zone, longue de 168 kilomètres, est « en tête de mes priorités », fait savoir Farhat Horchani, ministre de la Défense.

Pour le juge Faouzi Maalaoui, l’État tunisien ne semble pas faire « la guerre contre le terrorisme », mais livre « tout juste une guerre contre des terroristes », avance-t-il. La différence est de taille, explique le magistrat, qui estime que la stratégie sécuritaire en est encore « au stade des réac-tions ». À son sens, « pour combattre le terrorisme, on doit passer à l’action. S’attaquer aux origines. Plutôt que de guerre, il faudra opter pour des mesures prophylactiques », en devenant « le gardien » qui anticipe. Bien que les attaques terroristes aient été nombreuses depuis 2011, celle du musée du Bardo porte en elle une symbolique que nul ne peut nier. « Il y a bien un avant et après Bardo. » Selon Rafaa Tabib, chercheur en anthropologie, l’objectif numéro un des terroristes était de retenir les otages au Musée du Bardo et de lancer des négociations pour la médiatisation. « Ils voulaient que les caméras soient braquées sur eux, mais l’État tunisien a tranché : on ne négocie pas et on ne va plus négocier. »

Bien que les attaques terroristes aient été nombreuses depuis 2011, celle du musée du Bardo porte en elle une symbolique que nul ne peut nier.

Il est clair que le péril qu’encourt la Tunisie exige une focalisation sur le cas libyen, affirme l’universitaire : « Aucun acte terroriste n’a eu lieu en Égypte depuis la Libye car ce pays a pris les devants en allant chasser les terroristes sur place. » Par contre, « du temps de la Troïka, les armes étaient portées sous le manteau ; le pays est miné par les armes », alerte le chercheur. Les kalachnikovs utilisés par les terroristes sont de fabrication roumaine des années 1990. « On les trouve facilement en Libye pour un prix dérisoire. » Des premières mesures sont prises : les contrôles ont été renforcés sur la frontière avec la Libye ; à Tunis, plusieurs rues sont fermées, notamment celle de la Grande synagogue. L’artère principale de la capitale est jalonnée de barrières en fer et on ne passe plus devant le ministère de l’Intérieur.

De son côté, le Parlement débat d’un projet de loi remplaçant celui de 2003, destiné à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Un autre projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées vient d’être déposé par le gouvernement au bureau de l’Assemblée des représentants du peuple. Enfin, entre la défense des droits de l’homme et une vision sécuritaire efficace qui respecte le principe de la continuité de l’État, la Tunisie passe par l’une des plus importantes transitions démocratiques. Il lui faut dépasser le modèle répressif qui a permis d’asseoir le régime autoritaire de Ben Ali pour en atteindre un nouveau, respectant la nouvelle Constitution post-révolution.

Écrit par
ade

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