Tierno Monénembo Diallo : « Les Guinéens ne sont pas dupes »

Écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2017, Tierno Monénembo est un intellectuel engagé pour la démocratie en Guinée. Il a exprimé récemment son opposition à l’écriture d’une nouvelle Constitution dans son pays.
Propos recueillis par Tokpanan Doré
La Guinée a-t-elle besoin d’une nouvelle Constitution ?
Le problème n’est pas là. Que la Guinée ait besoin d’une nouvelle Constitution plus légitime, mieux adaptée à l’histoire et à la sociologie du pays, est un problème de fond qui doit être posé indépendamment des circonstances et des hommes. De quoi s’agit-il ici ?
Je ne baisserai jamais les bras quand il s’agit de combattre pour des causes qui me paraissent exaltantes : la démocratie, les droits de l’homme, l’émancipation de l’homme noir, l’unité africaine. En cela, rien ne peut me limiter.
D’un président en fin de mandat élu dans les circonstances contestées, qui veut, comme d’habitude, ruser avec la morale et la loi pour perpétuer son pouvoir.
Près de dix ans durant, Alpha Condé s’est fort bien accommodé de cette Constitution qu’il trouve soudain bancale, comme par hasard, juste au moment où il doit rendre les clés du palais.
Les Guinéens ne sont pas dupes. La révision constitutionnelle n’est que le maigre prétexte, qu’à bout d’arguments, le système d’Alpha Condé a trouvé.
Quel est votre rôle au sein du Front national pour la défense de la Constitution ?
Aucun rôle particulier ne m’a été assigné. J’ai spontanément adhéré à ce mouvement parce que j’en partage le programme et les idées. Et je m’y sens très bien parce que c’est un mouvement citoyen ouvert à tous et très souple dans sa structure et dans son fonctionnement.
Cet engagement m’enthousiasme. On sent un sursaut du pays. Le peuple de Guinée est sur la voie du réveil. L’occasion est belle pour se lever et combattre. Je reste entièrement disponible aussi bien sur le plan des idées que pour des actes.
Vos prises de position amènent certains Guinéens à vous considérer comme un opposant et même un militant du principal parti de l’opposition. Les critiques vous limitent-elles dans vos actions de contre-pouvoir ?
Je suis un opposant. Non pas un « opposant historique », ce ridicule titre dont la presse affuble Alpha Condé, mais un opposant fondamental. Je suis contre tout.
Même à la gravitation terrestre ! Pour revenir à la vie politique guinéenne, je me suis opposé à Sékou Touré, à Lansana Conté, à Dadis Camara, à Sékouba Konaté, à Alpha Condé et à tout ce qui brime peu ou prou mes honorables concitoyens.
Quant à Cellou Dalein Diallo, je le soutiens aujourd’hui, et je m’opposerai à lui le jour où il viendra au pouvoir, exactement comme je l’ai fait avec Alpha Condé.
Je ne baisserai jamais les bras quand il s’agit de combattre pour des causes qui me paraissent exaltantes : la démocratie, les droits de l’homme, l’émancipation de l’homme noir, l’unité africaine. En cela, rien ne peut me limiter. Les critiques ont le droit de critiquer et moi, celui de faire ce que je veux !