Tchad : Idriss Déby Itno for ever
Le nombre des provinces est désormais fixé à dix-sept (contre vingt-trois régions actuellement), soit les quatorze anciennes préfectures, avec l’éclatement de l’ancien « BET » en trois provinces (Borkou, Ennedi, Tibesti) et l’ajout de la ville de N’Djaména comme une province à statut particulier. Une agence sera créée pour gérer les ressources des collectivités locales.
Dans ses conclusions, le Forum a également préconisé des résolutions pour la réforme en vue de la consolidation de la paix, de l’union nationale, de la stabilité, de l’État de droit et de la bonne gouvernance (création d’une Cour chargée de la répression des infractions économiques et financières) ; la réforme judiciaire ; la promotion de la femme et de la jeunesse.
« Seul maître à bord »
En clôturant les assises, le président Déby s’est déclaré satisfait des « précieux actes du Forum inclusif sur les réformes institutionnelles, qui ont une valeur cardinale, car ils doivent, à l’image de la boussole, orienter toutes les actions futures du pays ».
Dans les rangs du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), qui a boycotté les assises de fin mars, l’on condamne et rejette « toutes les résolutions de ce forum qui, au demeurant, n’apporte aucun changement dans l’amélioration des conditions de vie des Tchadiens ».
L’idée d’organiser un forum des réformes des institutions « est tout simplement de faire dire par les autres ce que Déby veut : rester au pouvoir. Vaille que vaille, il a tenu à organiser son forum qui a décidé de faire de lui le seul maître à bord », affirme Mahamat Ahmad Alhabo, porte-parole du Fonac.
Le 2 avril, trois autres regroupements de partis politiques d’opposition (CAD, CCPPOD et CPDC) sont montés au créneau pour rejeter les conclusions du forum national inclusif et dénoncer « avec force le comportement négatif de la communauté internationale, notamment la France, l’Union africaine, l’Union européenne, et les Nations unies qui restent indifférentes aux souffrances des populations tchadiennes, mais soutiennent le Président pour services rendus à travers la guerre par procuration qu’il livre à leur place au Sahel ».
L’opposition ne cesse de le marteler depuis la présidentielle de mai 2016 : la tenue d’un dialogue inclusif est le seul moyen de trouver des solutions véritables aux graves problèmes engendrés par 28 ans de « mal-gouvernance » du MPS (au pouvoir) et d’Idriss Déby Itno.
« Aube nouvelle »
Pourtant, pour le président Déby, les résolutions du Forum annoncent une « aube nouvelle » pour son pays. « Le socle de la Nouvelle République a été posé. Mieux, tout le dispositif institutionnel qui devrait porter l’État refondé a été étudié dans les menus détails et dans toutes ses subtilités », a-t-il déclaré. Il a promis de « matérialiser, dans les meilleurs délais, les différentes conclusions de cette rencontre historique ».
Un comité d’experts et de juristes sera réuni pour passer au crible les 75 résolutions du forum. Puis s’ensuivra la phase finale d’adoption de la nouvelle Constitution. Par voie référendaire ou par voie parlementaire ? Le Forum national inclusif, qui devait statuer sur le mode d’adoption, ne l’a pas fait. Au sein de la majorité présidentielle, on privilégie la voie parlementaire. C’est la solution la moins risquée et la moins coûteuse, mais aussi la plus critiquable, car le mandat de l’actuelle Assemblée nationale, arrivé à expiration le 20 juin 2015, a été prorogé par une simple loi.
Le 28 mars, au cours d’une réunion avec les responsables centraux et régionaux de son parti, le président Déby a annoncé la tenue des élections législatives en novembre 2018. La nouvelle Constitution censée consacrer le nouveau découpage administratif et électoral, devra donc être examinée et adoptée au cours de la session parlementaire qui vient de débuter.