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Politique

Tchad : le Dialogue national dans une nouvelle phase

Tchad : le Dialogue national dans une nouvelle phase
  • Publiéseptembre 7, 2022

Le processus de dialogue national, encouragé par le pouvoir du président de la transition Mahamat Idriss Déby, entre dans la phase des décisions concrètes. Calendrier électoral, place des uns et des autres, vision politique… les Tchadiens sont invités à décider de leur sort.

 

Non sans difficultés, le « Dialogue national inclusif et souverain » se poursuit, au Tchad. Repoussé de quelques heures, plusieurs fois suspendu, menacé par les (vrais ou faux) départs de certains participants, le processus devant aboutir à une normalisation des relations politiques trouve son rythme de croisière. Le calendrier des débats a été adopté et chaque participant (autorités traditionnelles, politiques, acteurs de la société civile, militants associatifs, militaires, etc.) fait partie d’au moins un atelier de travail.

Voilà qui permet d’entamer les débats de fond, autour de grandes thématiques : la paix et la réconciliation nationale, la réforme de l’État, la Constitution, les réformes institutionnelles, le processus électoral, les grandes questions de société et les politiques publiques. Ces débats se situent dans les 23 provinces du Tchad, ainsi que dans plusieurs capitales étrangères. Ils seraient environ 1 400 délégués ainsi répartis.

Évoquant le Dialogue en cours, Mahamat Idriss Déby a demandé aux Tchadiens « de ne pas rater la marche de l’histoire, l’ultime rendez-vous du nouveau départ pour notre pays qui se tient actuellement et réunit l’écrasante majorité des composantes de notre peuple ». 

Une fois achevés et validés les travaux des cinq ateliers, des commissions seront réunies pour peaufiner les modalités pratiques de la transition et régler quelques points délicats. À commencer par la place réservée aux actuels dirigeants tchadiens, issus de l’armée, ainsi que le sort réservé aux groupes rebelles ayant accepté l’accord de paix de Doha, le 8 août 2022.

Sauf coup de théâtre ou nouveau report, le Dialogue devrait s’achever le 30 septembre. Ce, alors que la phase de transition, après la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, doit s’achever en octobre. Il est bien sûr illusoire d’organiser des élections à cette échéance, mais pour les Tchadiens, « il est préférable de prolonger la transition et d’arriver aux élections dans un contexte acceptable plutôt que de précipiter le scrutin et de voir le clan Déby rester au pouvoir », explique Enrica Picco, de l’International Crisis Group.

Reste à savoir quelle sera l’attitude, en cas de retour à un processus démocratique, de ceux qui ont boudé le Dialogue national. À commencer par le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) un des groupes armés dont les offensives ont coûté la vie à l’ancien président Idriss Déby Itno. Ainsi que plusieurs partis d’opposition, qui redoutent une candidature à la présidentielle du général Mahamat Idriss Déby, en dépit des promesses de ce dernier de ne pas se présenter.

 

Éviter le monologue

Il faudra aussi que la population tchadienne adhère au processus, tandis que jusqu’à aujourd’hui, les « débats » du Dialogue inclusif n’ont donné lieu qu’à de grandes déclarations de bonnes intentions et des vœux d’un avenir meilleur, d’appels à la réconciliation et à la paix, sans grande réalité concrète. « Pour atteindre l’objectif d’alternance politique, il conviendra aux Tchadiennes et Tchadiens de s’accorder sur le plus grand compromis de l’histoire du Tchad et se poser les bonnes questions ; un compromis sur l’avenir du pays où chaque citoyen s’y retrouve et se sent co-responsable de son développement », résume le juriste Sadam Ahmat, cité par Alwihda Info. On peut craindre, redoute-t-il, que le Dialogue ne tourne, aux yeux de l’opinion tchadienne, « au monologue d’une élite privilégiée ».

Quoi qu’il en soit, « ce cycle infernal de guerre doit s’arrêter dans notre pays », a souligné Mahamat Idriss Déby, au cours d’une réception en l’honneur des signataires de l’accord de Doha, le 6 septembre. Le général-président « invite ses compatriotes à libérer leurs cœurs de tout ce qui fragilise la paix », sachant que, « le plus difficile, c’est de commencer à agir dans cette direction », Le président de la transition a d’ailleurs mis en garde ses compatriotes contre les manipulations de « certains esprits naïfs » par certaines officines. « Nous serons sans pitié face à toute tentative de division, de quelque nature que ce soit et d’où qu’elle vienne. »

Évoquant le Dialogue en cours, il a demandé aux Tchadiens « de ne pas rater la marche de l’histoire, l’ultime rendez-vous du nouveau départ pour notre pays qui se tient actuellement et réunit l’écrasante majorité des composantes de notre peuple ». 

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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