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Politique

Soldats et citoyens, consolider la démocratie

Soldats et citoyens, consolider la démocratie
  • Publiéjuillet 20, 2023

Un rapport du PNUD regroupe les points de vue de citoyens à travers l’Afrique pour comprendre la signification des coups d’État militaires et rappeler l’urgence d’une consolidation démocratique.

 

Le constat est connu. Ces dix dernières années, les démocraties du monde entier ont été confrontées à de multiples défis et l’Afrique ne fait pas exception : entre 2020 et 2022, le continent a connu six coups d’État et trois tentatives avortées.

Partant de ce constat, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a mené une étude sur l’augmentation des pratiques de manipulation constitutionnelle et la recrudescence alarmante des coups d’État militaires en Afrique. Les conclusions sont présentées dans un volumineux rapport intitulé « Soldats et citoyens : les coups d’État militaires et le besoin d’un renouveau démocratique en Afrique ».

« Ces coups d’État nous épuisent. Les gens ont souffert, perdu des êtres chers, ont été humiliés, appauvris, et ont même perdu la vie. Nous ne voulons pas de ces coups », déclare une femme Ghanéenne interrogée par le PNUD.

La recherche est basée sur une vaste enquête qui a permis de recueillir les opinions de 8 000 citoyens à travers l’Afrique. Parmi les personnes interrogées, 5 000 ont récemment vécu des coups d’État ou des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Les pays étudiés sont le Burkina Faso, le Tchad, la Guinée, le Mali et le Soudan.

On constate d’emblée que les avis des citoyens de ces pays contrastent avec ceux des 3 000 citoyens des pays qui se trouvent sur la voie de la transition ou de la consolidation démocratique, à savoir la Gambie, le Ghana et la Tanzanie.

Trois conclusions essentielles ressortent. La première concerne la préférence des citoyens pour la démocratie, préférence qui donne lieu à un appel retentissant aux États en faveur du renforcement de la démocratie et pour que la priorité soit donnée à une réinitialisation du contrat social.

La majorité des citoyens interrogés dans les deux contextes ont déclaré que la démocratie reste leur forme de gouvernement préférée. En effet, seulement 11 % des 5 000 citoyens interrogés dans un pays venant de subir un coup d’État préfèrent une forme de gouvernement non démocratique. Par conséquent, afin de renforcer la résilience aux coups d’État, « il est impératif que les gouvernements à travers l’Afrique s’orientent vers l’amélioration de la gouvernance, le renforcement de la démocratie et la promotion de l’inclusivité », concluent les auteurs du rapport.

 

Démocratie et développement

La réinitialisation du contrat social est nécessaire à la fois pour aider les États affectés par un coup d’État à aller de l’avant et pour prévenir de futurs coups d’État. « Pour ce faire, les gouvernements devront focaliser leurs efforts sur des mesures concrètes visant à améliorer directement la qualité de vie et à créer des opportunités au bénéfice de toutes les composantes de la société. »

La deuxième conclusion est que, pour atténuer le risque de coup d’État, le prisme du développement joue un rôle essentiel, car il montre comment des circonstances hybrides de facteurs de déclenchement, directs et structurels créent des risques de coup d’État. Il existe des corrélations claires entre un risque accru de coup d’État et des indicateurs de développement faibles, surtout s’ils sont associés à des déficits de gouvernance.

Les déficiences dans les performances du gouvernement, la corruption et l’incapacité à assurer la sécurité, à obtenir des avancées en matière d’inclusivité et à créer les opportunités connexes, créent une profonde volonté de changement.

Et ce changement nécessite des solutions globales et intégrées. Des instruments tels que la Facilité africaine d’appui aux transitions inclusives (AFSIT), récemment lancée, permettent des actions programmatiques uniques pouvant contribuer de manière significative à combler les lacunes des réponses internationales et régionales actuelles.

La troisième conclusion principale établit que le risque de coup d’État est plus élevé dans les pays ayant une longue histoire de régimes militaires. Les pays où les pays avec un antécédent de régimes militaires et où l’armée est étroitement impliquée dans la vie politique nationale sont beaucoup plus exposés aux risques de coups d’État militaires récurrents. Ces pays sont également ceux où la part du budget de l’État consacrée aux dépenses militaires est la plus élevée. Ces résultats mettent en évidence un besoin crucial de redéfinir le rôle de l’armée dans la vie politique et, plus généralement, dans les relations entre les sphères civile et militaire.

Un nouvel outil pour les gardiens de la démocratie

 

 

Appel à la stabilité politique

« Le rapport appelle à un recentrage sur le développement, notamment sur la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’accès aux services de base tels que l’éducation et les soins de santé, en tant que moyens essentiels non seulement de prévenir les coups d’État, mais aussi de maintenir la paix. Un tel recentrage est particulièrement crucial dans des régions comme le Sahel, qui sont confrontées à un risque important de coups d’État », résume Ahunna Eziakonwa, sous-secrétaire générale des Nations Unies.

Commentant ce rapport, le président du Nigeria, Bola Tinubu, déclare que « les dirigeants africains doivent faire tout leur possible pour empêcher les coups d’État » ; le nouveau président de la Conférence de la CEDEAO appelle « tous les leaders africains, à tous les niveaux d’autorité, à déployer des efforts concertés, dans le respect des principes de la démocratie et de l’État de droit, afin d’assurer la stabilité politique sur le continent ».

 

 

Le rapport s’accompagne d’une vidéo, « Soldats et Citoyens », sous-titrée en français :

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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