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Politique

Sénégal : une actualité politique chargée

Sénégal : une actualité politique chargée
  • Publiéavril 17, 2023

Candidature d’Idrissa Seck, procès d’Ousmane Sono et de ses proches, coalition anti troisième mandat, la vie politique du Sénégal s’enrichit chaque jour d’informations nouvelles, en attendant de connaître les intentions de Macky Sall.

 

Les semaines qui viennent promettent d’être agitées, sur le front politique, au Sénégal. La pression devient plus vive autour de l’opposant Ousmane Sono, dont le procès en appel vient d’être repoussé au 8 mai 2023. L’un de ses bras droits, Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général du parti Pastef-Les Patriotes, a été arrêté et placé en garde à vue, le 14 avril. Il lui est reproché d’avoir mis en cause l’intégrité des juges dans un message sur les réseaux sociaux. De son côté, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck annonce officiellement sa candidature à l’élection de 2024. Il n’a pas fait savoir son intention en cas de candidature du Président Macky Sall pour un troisième mandat, tout en rejetant par avance cette démarche.

« Est-ce que vous imaginez une élection ici, au Sénégal, sans Idrissa Seck vivant et bien portant », a lancé l’ancien Premier ministre, le 14 avril, en conférence de presse.

Sur ce point, l’opposition fourbit ses armes afin d’éviter cette candidature, théoriquement interdite par la Constitution. Plus de 120 organisations politiques et de la société civile viennent de créer une constitution pour faire barrage à cette éventualité. Le « Mouvement des forces vives du Sénégal F24 » – les élections doivent se tenir en février 2024 – réunit la plupart des mouvements politiques, y compris le Pastef.

La coalition exige « le respect de la Constitution et de la parole donnée et son renoncement à présenter sa candidature pour un troisième mandat illégal et illégitime ». Macky Sall a été élu en 2012 et en 2019. S’il a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de se présenter en 2024, il a aussi justifié que cette décision serait politique et non constitutionnelle. Le Président et ses partisans considèrent que la loi sur le non-cumul des mandats datant de 2016, son premier mandat ne compte pas, car le texte évoque un mandat de cinq ans et non un mandat de sept ans, comme fut le premier (2012-2019, donc) de Macky Sall. Ironie de la vie politique, en 2016, le Président avait indiqué vouloir se conformer à la loi et démissionner en 2017, ce que le Conseil constitutionnel lui avait refusé ! Cet avis motive aujourd’hui ses partisans pour expliquer que le premier mandat ne compte pas dans le calcul.

. « Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps » en faveur d’une possible candidature, déclarait d’ailleurs Macky Sall au magazine L’Express, à la mi-mars. Argutie juridique que contestent ses opposants.

 

Un dauphin ou un opposant ?

« Nous avons l’impression d’être dans le même scénario qu’en 2011-2012, avec cette question du troisième mandat qui est avant tout un débat juridique » regrette Babacar Ndiaye, directeur de la Recherche du Think Tank Wathi. « Les Sénégalais, dans leur majorité, pensaient que ce débat était derrière eux, car cette question figurait dans le référendum de 2016. » De son côté, l’opposition affiche clairement une forme de radicalité sur cette question.

De son côté, Idrissa Seck serat-il un dauphin de Macky Sall ou un opposant ? « Lors de l’élection présidentielle de 2019, il est arrivé deuxième, avec un score intéressant et a toujours affiché son ambition d’être président du Sénégal », commente Babacar Ndiaye au micro de RFI. Qui juge que Macky Sall doit annoncer sa décision assez rapidement, car tout candidat doit récolter des parrainages.

La coalition réclame aussi la libération des « détenus politiques » arrêtés lors des manifestations en marge du procès d’Ousmane Sono. Ce dernier a été condamné dans une affaire de gestion d’un fonds public à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de F.CFA de dommages. Condamnation qui ne lui enlève pas ses droits à être élu, mais le Parquet et la partie civile ont fait appel. Les partisans d’Ousmane Sono et ceux de la majorité présidentielle s’accusent l’un l’autre d’instrumentaliser la Justice. À noter qu’Ousmane Sono, qui a reçu une délégation de l’Élysée voici quelques jours, a eu également un entretien avec le leader de l’opposition en France, Jean-Luc Mélenchon, afin d’échanger sur la nature de la démocratie au Sénégal.

L'ancien Premier ministre Idrissa Seck est candidat aux Présidentielles de février 2024.
L’ancien Premier ministre Idrissa Seck est candidat aux Présidentielles de février 2024 (photo : AFP).

 

De son côté, Idrissa Seck considère que Macky Sall n’a pas le droit de se présenter à un troisième mandat, ce qui motive sa candidature. En 2020, l’ancien Premier ministre avait pourtant rejoint la majorité présidentielle. « Est-ce que vous imaginez une élection ici, au Sénégal, sans Idrissa Seck vivant et bien portant », a-t-il lancé le 14 avril en conférence de presse. « Idrissa Seck a le droit d’être candidat,  nous regrettons seulement le manque de courtoisie dans sa démarche », a commenté le porte-parole du parti présidentiel APR, Papa Mahwa Diouf. Qui appelle Idrissa Seck à se consacrer à sa campagne et « à tirer toutes les conséquences de sa candidature ». Allusion directe au fait que le candidat dirige le Conseil économique, social et environnemental du Sénégal. Idrissa Seck qui a apporté son soutien à Ousmane Sono, espérant que ce dernier soit candidat également.

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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