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Politique

Sénégal : Les multiples enjeux d’un scrutin

  • Publiéjuillet 31, 2017

Les élections législatives du 30 juillet constituent un défi organisationnel. Faute d’alternance, le scrutin pourrait être le signal d’une future recomposition politique, dans un pays aux multiples partis.

Dakar, Seydou Ka

Quel que soit le verdict des urnes, les élections législatives du 30 juillet présentent des enjeux cruciaux pour la démocratie sénégalaise. Le premier est d’ordre insti­tutionnel : il s’agit de mesurer la capacité de la future législature à s’approprier les nouvelles prérogatives – l’évaluation des politiques publiques – que lui confère la nouvelle Constitution issue du réfé­rendum de mars 2016. On suivra avec attention, notamment, le parcours des quinze nouveaux députés représentant la diaspora, leur élection constitue une première au Sénégal.

Le fractionnement de l’offre politique rend difficile l’organisation du scrutin. S’il prend un à un tous les bulletins à sa disposition, l’électeur met quatre minutes à mettre son bulletin dans l’urne.

Le deuxième enjeu consistera à mesurer l’état des rapports de force, y compris au sein des coalitions en pré­sence, en matière d’offre politique, de discours audible, en vue de la présiden­tielle de 2019. « La multiplicité des partis a contribué à une fragmentation du champ politique et il n’y a pas eu, depuis 2014, d’élections au plan national permettant de jauger la représentativité des uns et des autres », observe Alioune Badara Diop, professeur de Sciences politiques à l’Uni­versité Cheikh-Anta-Diop de Dakar.

Le troisième enjeu concerne le renouvellement de la classe politique, avec en toile de fond l’avenir de cer­taines figures de premier plan, comme Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng qui, depuis 2012, ont choisi de s’arrimer à la locomotive de Macky Sall. « Si la coalition présidentielle à laquelle ils appartiennent n’affiche pas des résultats probants et que les dissidents de leurs partis (Khalifa Sall, El Hadji Malick Gackou) sortent leur épingle du jeu, ces “ dino­saures ” auront du mal à revenir dans le jeu politique », analyse Alioune Diop.

Plus globalement, l’avenir de la coalition Benno Bokk Yakaar est en jeu. En cas de victoire confortable, l’alliance conti­nuera, nonobstant les pressions gran­dissantes que subit Macky Sall au sein de son propre camp : nombre d’« apé­ristes » (membres de l’Alliance pour la République, parti soutien du Président) estimant qu’il donne trop de place aux alliés. S’il juge que la victoire est insuffi­sante, le chef de l’État sera probablement tenté de reconstituer une nouvelle coa­lition et de se passer de ses vieux alliés.

Des remous dans la majorité

Si la direction du Parti socialiste met en avant la « volonté » des militants, exprimée lors des consultations organi­sées dans les coordinations, pour justifier sa fidélité à Macky Sall et à la coalition Benno Bokk Yakaar, les investitures ont fait naître beaucoup de frustrations chez les alliés.

Plusieurs voix au sein du PS, mais aussi de l’AFP (Alliance des forces du progrès de Moustapha Niasse, actuel président du Parlement) accusent Macky Sall d’avoir réservé la part du lion à son parti, l’APR, dans la confection des listes.

À travers son Comité national électoral, l’AFP a regretté « avec la plus grande fermeté » le procédé utilisé lors du dépôt des listes, dénonçant « une rupture de la chaîne de concertation » et une « omerta organisée pour hypothéquer les intérêts d’un allié constant et crédible ». C’est bien le « consensus » et les « rapports de force » issus des dernières élections qui ont motivé les choix opérés par le pré­sident, rétorque Seydou Guèye, le porte-parole de l’APR.

Si Moustapha Niasse est resté silen­cieux, laissant ses lieutenants exprimer leur colère, Tanor, lui, tente de dédra­matiser : « Année après année, on nous dit que Benno Bokk Yakaar ne survivra pas ; et scrutin après scrutin, la coalition en sort relativement renforcé. C’est normal parce qu’abattre un travail de cette nature à l’intérieur d’un parti est déjà difficile, le réaliser à l’intérieur d’une coalition l’est encore plus. Pour une coalition de partis, c’est quasiment impossible. »

Un ancien président de 91 ans tête de liste

Du côté de l’opposition, l’espoir c’était de créer une dynamique de victoire pour 2019 et d’imposer la cohabitation à Macky Sall. Une ambition qui semble se heurter aux égo et aux agendas contra­dictoires de ses leaders. Conséquence ?

Écrit par
ade

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