Sénégal : Le Premier ministre revient…

Sauf changement brusque et un virage à 360°, le poste de Premier ministre entre, à nouveau, dans l’ordre protocolaire sénégalais après en avoir été viré en 2019.
Par Serges David
L’annonce a été faite ce mercredi 24 novembre 2021 au soir après la lecture du communiqué du Conseil des ministres. Selon ce texte, en lien étroit avec la volonté du président Macky Sall, la constitution du Sénégal sera soumise à révision en intégrant le retour du poste de Premier ministre.
Tout est allé si vite qu’il s’agit, à présent, d’attendre le vote du texte par l’Assemblée nationale aux fins qu’il entre en application.
Certes la constitution limite le nombre de mandats, mais dans un pays habitué depuis peu à l’alternance et aux réformes constitutionnelles, si ces dernières ont lieu, elles pourraient remettre les compteurs à zéro et favoriser une candidature de l’actuel Président. Sera-t-elle bien accueillie par les Sénégalais ? Dans l’hypothèse d’une non-candidature, alors tout laissera à croire que le président Macky Sall prépare sa succession. Aubaine pour ses opposants qui parleront alors de succession de type monarchique !!!
A l’initiative donc du président Sall, cette fonction revient et pourtant c’est bien le même Président qui avait supprimé ce poste en mai 2019 après sa réélection pour un second mandat.
Avec le retour d’un Premier ministre, numéro deux de l’exécutif sénégalais, c’est aussi le recours à un système exécutif à deux têtes, sans pour autant parler de bicéphalisme.
Ce changement « vient adapter l’organisation du pouvoir exécutif à un nouvel environnement économique et socio-politique », justifie le communiqué du Conseil des ministres. Qui assure qu’il s’accompagne, entre autres, de « la réintroduction de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale » et « le pouvoir de dissolution de celle-ci dévolu au président de la République ».
La décision de supprimer la Primature de la nomenclature politique avait surpris énormément les Sénégalais qui ne s’y attendaient pas. Autant dire simplement qu’elle avait pris de cours et classe politique et population. Sauf le président Macky Sall qui voulait, en dépit de la contestation de l’opposition, effacer ce poste afin de gagner en efficacité.
Sauf aussi, qu’après sa réélection, il s’est constamment trouvé en première ligne sans garde-fous, sans bouclier, sans fusible qu’aurait pu constituer un Premier ministre.
De plus, le retour d’un Premier ministre dans l’ordre protocolaire du pays intervient dans un contexte de pré-campagne pour les élections locales de janvier 2022. Evidemment avec en ligne de mire la présidentielle de 2024.
Ce scrutin présidentiel est d’autant plus important qu’il posera inévitablement la question récurrente de la candidature ou pas du président sortant Macky Sall.
Certes la constitution limite le nombre de mandats, mais dans un pays habitué depuis peu à l’alternance et aux réformes constitutionnelles, si ces dernières ont lieu, elles pourraient remettre les compteurs à zéro et favoriser une candidature de l’actuel Président. Sera-t-elle bien accueillie par les Sénégalais ?
Dans l’hypothèse d’une non-candidature, alors tout laissera à croire que le président Macky Sall prépare sa succession. Aubaine pour ses opposants qui parleront alors de succession de type monarchique !!!
@SD