Qu’attendre du sommet Russie-Afrique ?

De nombreux dirigeants africains sont attendus au deuxième sommet Russie-Afrique. Ce rendez-vous peut-il donner lieu à « un nouveau niveau de partenariat mutuellement bénéfique », comme l’envisagent ses promoteurs ?
Le deuxième sommet Russie-Afrique se tiendra à l’Expo Forum de Saint-Pétersbourg, du 26 au 29 juillet 2023, en présence des dirigeants de la majorité des pays africains. Le Forum économique et humanitaire Russie-Afrique qui doit avoir lieu en parallèle constituera une plateforme pour les réunions d’affaires.
Le sommet devait initialement avoir lieu à Addis-Abeba en octobre 2022, mais a été reporté par le président russe Vladimir Poutine en juillet 2022.
L’organisateur, Roscongress Foundation, décrit le sommet comme l’« événement de plus haut niveau et de plus grande envergure dans les relations entre la Russie et l’Afrique », dans le but d’instaurer un « nouveau niveau de partenariat mutuellement bénéfique » entre la Russie et le continent.
Déjà, une délégation de dirigeants africains, dont les présidents Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal) et Hakainde Hichilema (Zambie), se rendent à Kiev et à Saint-Pétersbourg dans le cadre d’une mission de recherche de la paix.
L’ « objectif de cet événement est de promouvoir les efforts visant à renforcer la coopération globale et équitable entre la Russie et les nations africaines dans tous les domaines de la société, notamment la politique, la sécurité, les relations économiques, la science et la technologie, ainsi que les sphères culturelles et humanitaires », précisent les organisateurs.
Cet événement s’inscrit dans la lignée d’autres sommets « Africa +1 », tels que le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), la TICAD japonaise et le sommet des dirigeants américano-africains.
Le premier sommet Russie-Afrique s’était tenu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi, une station balnéaire située sur la côte russe de la mer Noire. Placé sous la devise « Pour la paix, la sécurité et le développement », il était présidé conjointement par le président Vladimir Poutine et le président égyptien Abdel Fatah al-Sisi.
Quarante-cinq chefs d’État africains et deux vice-présidents étaient présents, ainsi que 109 ministres et les dirigeants de la Commission de l’Union africaine (UA), de la Banque africaine d’import-export et d’un certain nombre de communautés économiques régionales.
Un forum économique fructueux
S’adressant au sommet, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, a souligné les principes du partenariat stratégique Afrique-Russie et son potentiel de coopération dans les domaines de l’agriculture, du développement des ressources naturelles, de l’industrie, du commerce, des infrastructures et de l’énergie, ainsi que dans les domaines de la coopération militaire, politique et en faveur de la paix.
Une déclaration finale a été adoptée, prévoyant la tenue de futurs sommets tous les trois ans.
Le premier sommet Russie-Afrique s’est accompagné d’un forum économique Russie-Afrique, à l’issue duquel 92 contrats et protocoles d’accord d’une valeur de 1,004 trillion de roubles (12,5 milliards de dollars) ont été signés. Sachant que la valeur de certains accords est considérée comme relevant du secret commercial.
Pas moins de 569 réunions se sont tenues dans le cadre du forum, auquel ont assisté plus de 6 000 participants, dont 1 100 représentants d’entreprises internationales, environ 1 400 représentants d’entreprises russes, plus de 1 900 membres de délégations officielles étrangères et plus de 300 membres de délégations russes.
Il a été décidé d’élargir l’édition 2023 du Forum pour y inclure un volet humanitaire. Elle comprendra également une exposition à grande échelle et une plateforme pour la tenue de réunions d’affaires.
De nombreux pays africains ont adopté une position neutre à l’égard du conflit en Ukraine. Lors d’un vote aux Nations unies, le 22 mars 2022, un peu plus de la moitié des membres africains (28) ont voté en faveur d’une résolution condamnant l’invasion russe, tandis que 17 se sont abstenus, huit n’ont pas voté et un (l’Érythrée) a voté contre.
La Russie et l’Ukraine sont toutes deux de grands exportateurs de carburant et de céréales et l’Afrique a été durement touchée par l’augmentation des prix de ces matières premières ainsi que par l’inflation des prix du carburant due à la guerre.
Déjà, une délégation de dirigeants africains, dont les présidents Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal) et Hakainde Hichilema (Zambie), se rendent à Kiev et à Saint-Pétersbourg dans le cadre d’une mission de recherche de la paix.
Des pressions américaines ?
« Cette guerre doit prendre fin… Elle doit être réglée par des négociations et des moyens diplomatiques », a déclaré le président Ramaphosa à Saint-Pétersbourg le 17 juin. Selon qui cette guerre a un impact négatif sur le continent africain et sur de nombreux autres pays dans le monde.
La position neutre de l’Afrique du Sud a été remise en question ces derniers mois, l’ambassadeur des États-Unis accusant Pretoria d’envoyer des armements à la Russie, ce qui pourrait compromettre l’accès du pays au commerce avec les États-Unis.
Dans une interview accordée au journal russe Argumenty I Fakty le 4 avril, le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a accusé les États-Unis et leurs alliés de tenter de « torpiller » le sommet et de dissuader les pays africains d’y participer. Toutefois, les organisateurs restent confiants quant à la participation de la plupart des chefs d’État africains.
« Nous nous attendons certainement à ce que la plupart des États africains participent au sommet », a déclaré Oleg Ozerov, ambassadeur itinérant de la Russie, lors du forum international « Russie-Afrique : La coopération comme voie vers le développement durable », en mars.
Dans une interview accordée à l’agence de presse russe TASS le 25 mars, le président ougandais Yoweri Museveni a confirmé sa participation.
« Je viendrai certainement à Saint-Pétersbourg en juillet. Nous avions de très bonnes relations avec l’Union soviétique et nous avons maintenant de très bonnes relations avec la Russie. »
@NA