Prévenir la précarité économique pour éviter la violence politique

Pour contrer et prévenir l’extrémisme violent, le PNUD recommande un investissement plus important dans les services sociaux de base, ainsi qu’un investissement dans l’employabilité des jeunes.
Le constat du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) est sans appel : « L’Afrique subsaharienne est devenue l’épicentre mondial de l’activité extrémiste violente. » En effet, les décès liés au terrorisme dans le monde ont diminué au cours des cinq dernières années, mais les attaques dans cette région ont plus que doublé depuis 2016.
En 2021, près de la moitié des décès liés au terrorisme se sont produits en Afrique subsaharienne, dont plus d’un tiers dans quatre pays seulement : Somalie, Burkina Faso, Niger et Mali. L’extrémisme violent s’est également propagé à d’autres parties du continent, comme le Mozambique, et a un impact dévastateur sur les vies, les moyens de subsistance et les perspectives de paix et de développement.
« Le contrat social entre les États et leurs citoyens mérite d’être redynamisé pour s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent », commente Achim Steiner, administrateur du PNUD.
Ceci, souligne le PNUD, « en dépit d’une richesse étonnante de résilience manifestée par les communautés locales à travers le continent, qui ont été à l’avant-garde de la prévention et des pratiques innovantes de construction de la paix quotidienne dans des temps incertains ».
Le PNUD préconise des mesures pour aider les personnes engagées dans un groupe armé à le quitter, constatant que peu d’entre elles reviennent dans un groupe violent après avoir abandonné cette voie.
Face aux soubresauts de la planète, ces déplacements spectaculaires de l’activité extrémiste violente du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont été négligés par les dirigeants. Pourtant, le phénomène sape les acquis du développement durement gagnés et menace de freiner le progrès pour les générations à venir. « Il n’a jamais été aussi urgent d’améliorer la compréhension de ce qui l’anime en Afrique et de ce qui peut être fait pour le prévenir », martèle le PNUD qui publie une deuxième étude sur le phénomène, cinq ans après la première.
D’ailleurs, cette étude de 2017 avait informé et façonné l’approche du PNUD à travers le continent, ainsi que sa programmation aux niveaux national et régional. Déjà, elle concluait que les réponses efficaces à l’extrémisme violent nécessitent une approche multiforme, axée sur le développement, les acteurs du développement étant particulièrement bien placés pour s’attaquer aux moteurs structurels. Elle a également mis en évidence la nature très localisée et en évolution rapide du phénomène.
Sortir de la seule réponse militaire
L’espoir de trouver du travail est le principal facteur qui pousse les hommes et les femmes à rejoindre des groupes extrémistes violents. À noter que le facteur religieux, souligne l’enquête, n’est plus le principal critère. Il est devancé par le choc provoqué par les violations des droits de l’homme ou des exactions commises – ou supposées commises – par des forces de sécurité de l’État.
Le PNUD avait déjà mis en évidence, voici cinq ans, la question de savoir comment les fonctions de contre-terrorisme et de sécurité des gouvernements, dans les environnements à risque, se comportent en matière de droits de l’homme, de procédure régulière et de sensibilité au contexte.
Or, « malgré les enseignements clairs sur les limites et les risques des réponses sécuritaires à l’extrémisme violent, les approches militarisées ont continué à prédominer en Afrique subsaharienne au cours des cinq dernières années », regrette l’organisation onusienne.

Dans la région, les ressources ont augmenté pour toute une série de coalitions militaires multinationales créées pour mener des opérations antiterroristes. L’architecture internationale de la lutte contre le terrorisme s’est également élargie avec la création d’un plus grand nombre de mécanismes spécialisés, malgré le peu d’éléments prouvant que ces réponses militarisées axées sur la sécurité contribuent efficacement à une paix, une sécurité et une stabilité durables. Et malgré les moyens engagés, les groupes violents ont « considérablement étendu leur portée et leur impact dans la région du Sahel et ailleurs sur le continent africain ».
L’étude se penche sur le « recrutement » des djihadistes, ainsi que sur les moyens d’en sortir. Elle met en lumière, par exemple, les parcours divergents des femmes et des hommes vers le recrutement. Elle cherche aussi à identifier « le tournant », c’est-à-dire le moment où une nouvelle recrue ne croit plus aux objectifs ou à l’approche du groupe violent et est donc susceptible de se désengager. Reconnaissant qu’il n’est pas facile de quitter un tel groupe.
Quelques traits se dégagent. Par exemple, détaille l’étude, la vulnérabilité à l’extrémisme violent est déterminée par la situation géographique, les expériences de l’enfance et l’éducation. La religion exerce un double pouvoir dans le cheminement vers l’extrémisme : elle est à la fois un puissant vecteur de mobilisation des griefs mais représente aussi une importante source de résilience. Les incitations économiques sont essentielles pour comprendre les moteurs de l’extrémisme violent. Un contrat social rompu constitue un terrain fertile pour le recrutement. Enfin, les attentes non satisfaites et la désillusion à l’égard des actions et de l’idéologie du groupe offrent des points d’entrée critiques pour le désengagement volontaire.
@NA