L’Union africaine version Paul Kagame
L’Union africaine présente un bilan peu flatteur en matière de mise en oeuvre des réformes. Son nouveau président, Paul Kagame, semble déterminé à apporter de profonds changements. Analyse de la méthode.
Par Tom Collins
L’Union africaine (UA) a parcouru un long chemin depuis ses débuts, en tant qu’Organisation de l’unité africaine. Néanmoins, demeure un reproche récurrent : son incapacité à mettre en oeuvre des décisions politiques clés. L’absence de suivi et d’évaluation entraîne un manque de transparence et de responsabilité, et les États membres ne sont pas très motivés pour agir.
Pourtant, il est encore des raisons d’espérer. La naissance du Marché aérien unique autorise un certain optimisme, elle pourrait se révéler la première d’une série d’initiatives panafricaines. Le nouveau président de l’UA, Paul Kagame, est bien décidé à réformer l’institution en profondeur.
Le marché unique du transport aérien en Afrique, qui vient d’être lancé – un espace aérien ouvert à 23 pays africains -, constitue un bon exemple. L’idée d’un « Open Sky » existe depuis 1988 avec l’accord de Yamoussoukro de l’UA; son application a été retardée trente ans jusqu’en 2018. Des exemples similaires existent, qu’il s’agisse de réformes agricoles ou de la création d’une nouvelle zone de libre-échange. Les principales recommandations sont repoussées, d’un sommet à l’autre.
Des exemples similaires existent, qu’il s’agisse de réformes agricoles ou de la création d’une nouvelle zone de libre-échange. Les principales recommandations sont repoussées, d’un sommet à l’autre.
Pourtant, il est encore des raisons d’espérer. La naissance du Marché aérien unique autorise un certain optimisme, elle pourrait se révéler la première d’une série d’initiatives panafricaines. Le nouveau président de l’UA, Paul Kagame, est bien décidé à réformer l’institution en profondeur.
Réformes institutionnelles
Lors du Sommet de l’UA en janvier, le président rwandais a souligné la nécessité pour l’UA de mettre en oeuvre la Zone de libre-échange continentale et le Protocole sur la libre circulation des personnes, ce dès 2018. « Nous manquons de temps et nous devons agir maintenant pour sauver l’Afrique », a-t-il expliqué. « Les réformes institutionnelles de l’Union africaine sont une nécessité absolue. »
Les réformes auxquelles il faisait allusion ont été élaborées par un comité consultatif de dirigeants des secteurs publics et privés, dont Donald Kaberuka, ancien président de la Banque africaine de développement, Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, et Strive Masiyiwa, président exécutif de Econet Wireless Group.
Le but du comité était d’examiner et de soumettre des propositions en faveur d’« un système de gouvernance pour l’UA qui garantirait que l’organisation soit mieux placée pour relever les défis qu’affronte le continent et mettre en oeuvre les programmes qui ont le plus d’impact sur la croissance et le développement de l’Afrique».
Cinq recommandations clés ont été retenues, connues sous le nom de « Rapport Kagame ». Premièrement, l’UA doit se concentrer sur moins de domaines mais avec bien davantage de vigueur. Ces domaines seraient les grandes questions continentales telles que les affaires politiques, la paix et la sécurité, ainsi que l’intégration économique. Deuxièmement, le Rapport préconise la révision du fonctionnement interne de l’UA, afin d’en éliminer les inefficacités. Troisièmement, l’UA doit être beaucoup plus proche de ses citoyens et promouvoir le panafricanisme, par exemple à travers le passeport africain et des événements culturels et sociaux.