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Politique

Nouvelles brouilles entre la France et le Maroc

Nouvelles brouilles entre la France et le Maroc
  • Publiéjuin 14, 2023

Le président du Medef devra renoncer à un séjour au Maroc, prévu le 26 juin 2023. Un nouveau signe des tensions entre les diplomaties françaises et marocaines, qui seraient exacerbées par des relations personnelles peu courtoises entre Emmanuel Macron et Mohammed VI.

 

La crise diplomatique entre la France et le Maroc franchit chaque semaine un nouveau palier, sans, pour le moment, que les plus hautes autorités des deux pays ne réagissent. Déjà repoussée en début d’année, la visite du président français dans le Royaume n’est toujours pas aux agendas royal et présidentiel.

Geoffroy Roux de Bézieux, le « patron des patrons » français, qui devait se rendre au Maroc le 26 juin, a été prié de défaire ses valises. Il aurait été directement averti par Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) que sa présence n’était pas indispensable.

« Emmanuel Macron devrait apprendre le marocain, non la langue, mais sa culture traditionnelle, son fonctionnement, qui n’a rien à voir avec le système des autres monarchies », écrit Tahar Ben Jelloun.

Selon la CGEM, la conjoncture actuelle, fortement dégradée par les tensions diplomatiques, n’est pas favorable à la venue du président du Medef (Mouvement des entreprises de France).  « Ce report est dû au contexte actuel des relations Maroc-France qui ne se prête pas à cette visite », a confirmé Chakib Alj au journal marocain Le 360. Diplomate, le patron marocain a toutefois salué « la qualité des relations entre la CGEM et le Medef qui reprogrammeront cette visite aussitôt que l’environnement sera favorable ».

Pas de réaction, pour le moment, du côté du Medef, qui assurait pourtant jusqu’à ces derniers jours que le froid diplomatique entre les deux pays n’aurait pas de conséquences sur le calendrier de Geoffroy Roux de Bézieux. « La coloration politique peut, certes, influencer, surtout pour les contrats publics ; mais les entreprises privées, entre elles, cherchent les meilleures technologies, les meilleurs investisseurs », déclarait le vice-président du Medef, Fabrice Le Saché.

Geoffroy Roux de Bézieux devrait quitter la tête du Medef le 6 juillet 2023, conservera la direction de l’Alliance des patronats francophones, dans laquelle la CGEM est membre du bureau exécutif. L’affaire est d’importance, car l’édition 2024 de la Rencontre des entrepreneurs francophones, organisée par l’Alliance, doit être organisée au Maroc…

Divers dossiers empoisonnent les relations entre la France et le Maroc, comme la question du Sahara occidental, la question migratoire, la question des visas. Début juin, un entretien de l’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun, passée inaperçue en France, a été davantage commentée au Maroc.

L’écrivain, interrogé par la chaîne israélienne i24News, a fait part, évoquant « des sources très sûres », que « Macron a été très maladroit ». Le président français « a manqué de respect au roi du Maroc ». Selon Tahar Ben Jelloun, Emmanuel Macron se serait directement plaint – non sans quelques raisons – au Souverain d’avoir été placé sur écoutes par le logiciel espion Pegasus. Mohammed VI aurait démenti son implication personnelle, donnant sa « parole d’honneur » au président français. Toujours selon l’écrivain, la réplique d’Emmanuel Macron – que Tahar Ben Jelloun n’a pas voulu énoncer –, aurait été « très maladroite », laissant entendre qu’il ne croyait pas en la parole du Roi.

 « Sous les mandats de François Mitterrand, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, il y avait des interlocuteurs à l’Élysée et à Rabat qui discutaient entre eux, or, Emmanuel Macron a, malheureusement,  supprimé ce mécanisme, avant même l’incident de l’affaire Pegasus », a commenté Tahar Ben Jelloun.

Un conflit de princes autant qu’un conflit de nations ? La diplomatie marocaine se serait aussi émue, ces derniers mois, des étranges pratiques des servies français de l’immigration, qui renverraient vers le Maroc des clandestins marocains, mais aussi des Tunisiens et des Algériens !

 

Relations aussi fraîches avec l’Algérie

D’ailleurs, peut-on observer, tous les Français ne sont pas fraîchement accueillis au Maroc : récemment, le leader des Républicains (droite), Éric Ciotti, a effectué une visite remarquée, marquée par une rencontre avec le Premier ministre Aziz Akhannouch. Déplorant une brouille qui ne profite à personne, Éric Ciotti a insisté sur « la nécessité de réinstaller une politique de concertation entre nos deux pays ».

Audience du Premier ministre marocain Aziz Akhannouch d’une délégation d’élus Les Républicains conduite par Éric Ciotti, le 4 mai 2023.
Audience du Premier ministre marocain Aziz Akhannouch d’une délégation d’élus Les Républicains conduite par Éric Ciotti, le 4 mai 2023.

 

« Emmanuel Macron devrait apprendre le marocain, non la langue, mais sa culture traditionnelle, son fonctionnement, qui n’a rien à voir avec le système des autres monarchies », écrit Tahar Ben Jelloun dans son blog. Dans ce contexte, le tropisme de la France avec l’Algérie, en ce qui concerne la question du Sahara occidental, ne peut que froisser Rabat.

Ironie des temps, les relations entre la France et l’Algérie, elles aussi, enregistrent un regain de tensions, en raison de la question des visas, cette fois. La proposition de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe de dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration a été accueillie fraîchement à Alger. Qui, on s’en doute, voit dans cette initiative… la main invisible du Maroc ! La visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Paris, prévue en ce mois de juin 2023, a une nouvelle fois été reportée.

Pour l’heure néanmoins, les patrons français et algériens restent en bons termes.

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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