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Politique

Niger : Une rupture générationnelle

  • Publiéaoût 6, 2018

Deux anciens alliés du président Issoufou Mahamadou, s’associant à des organisations de la société civile, créent le Front patriotique et font un clin d’oeil à la jeunesse pour mener un combat générationnel.

Niamey, Sani Aboubacar

Le défi était de taille pour Ibrahim Yacoubou, président du Mouvement patriotique nigérien (MPN), qui, limogé de son poste de ministre des Affaires étrangères, a choisi de rejoindre l’opposition. Il s’est bien vite engagé à mener un combat contre « l’absence totale de dialogue entre le pouvoir et les forces politiques de l’opposition et de la société civile, les restrictions systématiques des libertés individuelles et collectives, le mauvais choix en matière d’investissements publics, une situation économique désastreuse et l’institutionnalisation de la mal gouvernance ».

Du reste, le combat engagé par les organisations de la société civile, pour protester contre certaines dispositions de la loi de Finances 2018, est perçu par les tenants du pouvoir comme un combat illégitime ne nécessitant pas la création de fronts de l’opposition.

Autant de motifs qui ont conduit l’ancien chef de la diplomatie nigérienne, appuyé par trois partis politiques et deux organisations de la société civile à créer le Front patriotique (FP). « Nous avons décidé de nous lever et de faire en sorte que le Niger demeure une démocratie », a-t-il déclaré. « Nous sommes face à un péril national, un problème existentiel », renchérit Adal Rhoubeid, président du Mouvement démocratique pour le renouveau (MDR), porte-parole du FP.

Sauf qu’en 2016, ces deux acteurs étaient candidats à la présidentielle et ont décidé de rallier le camp du président Issoufou au deuxième tour. Si, très tôt, Adal Rhoubeid quitte la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN) « face au constat que le chemin que nous suivons est devenu catastrophique », Ibrahim Yacoubou a, quant à lui, été poussé à la porte depuis que son parti a contesté le nouveau Code électoral voté par l’Assemblée nationale.

Une question de comportement

Le FP veut avant tout se positionner comme un front de l’opposition capable d’inquiéter le pouvoir dans la perspective des élections de 2021. Il entend s’appuyer sur la jeunesse qui, selon le porte-parole FP, doit écrire la page africaine du Niger. Nous avons « la nécessité absolue de créer quelque chose de nouveau qui va tenir un langage différent, mettant en avant la nécessaire rupture générationnelle à laquelle aspire un peuple relativement jeune du Niger », explique Adal Rhoubeid.

Le mot d’ordre est ainsi lancé par le FP dans un pays où plus de la moitié de la population est jeune, mais dirigé depuis l’avènement de la démocratie par la même classe politique. Un discours que ne partage pas le ministre de la Jeunesse et des sports, Kassoum Moctar, président d’un parti politique allié du régime Issoufou.

« Je ne pense pas que ce discours va convaincre les jeunes, parce que d’abord, faire de la politique ce n’est pas une affaire d’âge, mais plutôt de vision », déclare-t-il. « Il faut une ambition et un programme réalistes. » Le président du MDR, Adal Rhoubeid, clarifie sa position : « La rupture générationnelle n’est pas une question d’âge mais une question de comportement. Nous voulons rompre avec nos comportements actuels. »

De son côté Boubacar Sabo, membre du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), principal parti au pouvoir depuis 2011, réfute toute rupture entre les jeunes et le pouvoir actuel : « La jeunesse va prendre la relève un de ces quatre matins et nous préparons les conditions pour qu’elle puisse exercer le pouvoir », soutient-il avant de donner les preuves de sa « rupture générationnelle », notamment la nomination récente du fils du Président au poste du directeur de cabinet adjoint de la présidence. « La plupart des directeurs de cabinets des ministres sont des jeunes », insiste-t-il.

Écrit par
ade

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