Mali, la renaissance
Mali. Longtemps salué pour ses progrès démocratiques, le pays a traversé l’épreuve de la guerre, en 2012. L’arrivée à la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta a suscité un immense espoir. Deux ans après, l’économie repart, mais les défis restent nombreux.
Enfin. Les accords de paix tant attendus ont été signés par toutes les parties. Le Mali va pouvoir ouvrir une nouvelle page de son histoire, assurer son développement et rechercher la stabilité de ses institutions. Le texte paraphé, entre autres éléments, confère une part importante à la décentralisation et à une régionalisation renforcée.
Le Mali est reconnu pour son innovation dans le domaine de la décentralisation, un des espoirs du peuple malien après la chute du régime militaire en 1991, « une voie réaliste qui mêle plusieurs épopées dont les uns et les autres pourraient être fiers », expliquait le chercheur du CNRS, Gilles Holder, en 2013. Depuis le début de la crise politico- institutionnelle de 2012, et la rapidité inédite avec laquelle le pouvoir central s’est effondré, la tenue d’élections présidentielles en 2013 a permis de restaurer une unité démocratique.
Les partenaires internationaux saluent des avancées considérables depuis l’arrivée du président Ibrahim Boubacar Keïta (surnommé « IBK »), porté à la tête de l’État le 11 août 2013 avec 77,62 % des suffrages.
Le potentiel du pays est connu : des ressources naturelles (or, coton, minerais), des acteurs privés dynamiques qui exportent dans la sous-région et au-delà, une confiance restaurée avec les bailleurs de fonds… Reste à relever le défi de la gouvernance et de la transparence, lutter contre la corruption, améliorer la collecte
Bien sûr, celui qui avait décrété que « l’urgence dans le Nord, c’est le désenclavement » et proclamé 2014 « année de la lutte contre la corruption », demeure confronté à une immense tâche. Une démarche politique qui exige une stabilité gouvernementale. Or, depuis son arrivée, trois Premiers ministres se sont succédé en moins de deux ans, le titulaire du poste étant depuis janvier Modibo Keïta.
Certes, le pays souffre d’un enclavement avec des contrastes forts entre le Sahara au nord, espace désertique animé par des circulations anciennes, et le sud sahélien, plus peuplé, structuré autour des vallées alluviales et des fleuves Niger et Sénégal. Les régions de Tom- bouctou, Gao et Kidal représentent les deux tiers du territoire national et 10 % de la population. Sans compter le boom démographique ! Le Mali est le deuxième pays au monde à enregistrer une telle poussée de croissance : 3,2 % par an. La population passera de 14,5 millions en 2012 à 23 millions en 2025 et à 41 millions en 2050, autant d’habitants qu’il faudra nourrir, éduquer, soigner.
Sans oublier la jeunesse : plus de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans. La pauvreté (70 %) et l’analphabétisme (69 %) pèsent sur une population en majorité rurale (70 %) qui vit avec moins d’un dollar par jour. Pourtant, le Mali a renoué avec une forte croissance (7,2 % pour le PNB, selon les calculs du FMI). La clémence du climat accompagnée d’une pluviométrie plus abondante a contribué à une hausse de 14 % de la production agricole. Selon la Banque mondiale, cette situation représente, pour l’année en cours, une aubaine « pour les ménages qui s’adonnent à l’agriculture et qui vivent essentiellement en zone rurale ».
Le potentiel du pays est connu : des ressources naturelles (or, coton, minerais), des acteurs privés dynamiques qui exportent dans la sous-région et au-delà, une confiance restaurée avec les bailleurs de fonds… Reste à relever le défi de la gouvernance et de la transparence, lutter contre la corruption, améliorer la collecte et l’allocation des ressources publiques, délivrer des services de base à tous les Maliens. Un vaste chantier. C’est le pari du plan de relance élaboré à la fi n de 2014 par la primature, que le gou-vernement, suspendu à la signature des accords de paix, devrait mettre en oeuvre prochainement.