Macky Sall: nos premiers résultats

Deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, Macky Sall réaffirme son engagement en faveur de l’émergence du Sénégal. Le Président comprend les impatiences exprimées, mais tient à répondre aux critiques sur son mandat.
Votre arrivée au pouvoir a suscité d’immenses espoirs. Aujourd’hui, l’impatience se transforme en désenchantement. Comment expliquer cette réalité ?
Je serai beaucoup plus positif dans le jugement. Certes, l’impatience est une réalité. D’ailleurs, on l’observe dans tous les pays du monde ! Les nations vivent, en effet, des situations difficiles. La conjoncture économique est compliquée, un peu partout, y compris dans les grands pays industrialisés. Alors vous imaginez qu’elle peut être encore plus tendue pour un pays en développement, sans ressources naturelles.
Pourtant, je peux vous dire que chaque jour nous travaillons à réduire les difficultés des populations, nous agissons pour atténuer la souffrance, surtout des plus démunis. Notre politique se concrétise, d’abord, par la protection de ceux-là. Pour ce faire, depuis le 2 avril 2012, les prix n’ont pas évolué.
Or, vous savez, naturellement, quelle est la pression de l’inflation. Nous l’avons contenue. Nous sommes même en déflation en matière de prix à la consommation, les produits de première nécessité ont fait l’objet de baisses.
Cela est absolument concret. À côté de cela, nous avons agi en faveur des salariés pour diminuer l’impôt sur le revenu, ce qui constitue un nouvel encouragement à la consommation.
Cet allégement fiscal a été très positivement apprécié par l’ensemble des syndicats et des travailleurs ! Ce que je décris là est une réalité palpable, incontestable. À ces résultats, il faut ajouter la baisse des loyers et tous les efforts que nous déployons, en termes de filet social.
Pourtant, le Sénégalais moyen a l’impression de ne pas pouvoir encore en bénéficier…
Non, votre impression est absolument contraire à la réalité de ce que la majorité des Sénégalais vivent. Bien sûr, il y a des difficultés, tout le monde le dit ! Cela ne servirait à rien de prétendre que tout va bien, que nous vivons dans un eldorado… Tel n’est pas le discours que je vous tiendrai, mais nous devons saluer des améliorations. De nombreuses mesures ont été prises pour les agriculteurs, les pasteurs, les paysans.
Nous avons institué aussi la couverture maladie universelle. Cette gratuité des soins n’existait pas au Sénégal. Nous avons pris des mesures d’encouragement pour le renouvellement du capital semencier, très fortement subventionnées ! Évidemment, tout ne peut pas être réussi en un ou deux ans seulement, mais on ne peut pas dire que la situation s’est dégradée.
Chacun sait que le Sénégal a besoin de réformes en profondeur. Le pays est-il vraiment réformable ? Les inerties semblent fortes…
Le paradoxe réside dans cette volonté de dire qu’il faut réformer alors que s’exprime, dans le même temps, un refus des ruptures. Lorsque vous décidez de mener une politique de rigueur, de réduire la dépense publique dans des secteurs non productifs, vous touchez évidemment à des intérêts acquis. Par conséquent, vous créez des frictions !
Nous essayons de voir dans quelle mesure il faut « cadencer » ces réformes, en tenant compte de la nécessité de préserver le climat social, tout en mettant le cap sur ce que nous avons arrêté et que nous partageons aujourd’hui avec la majorité des Sénégalais : le Plan Sénégal émergent, lequel a été adoubé par la communauté internationale. Évidemment, son financement passe aussi par la mise en œuvre des réformes. Nous les avons engagées !
Par exemple, nous avons procédé à un audit de la fonction publique, avec des résultats concrets. C’est un gain de plus de 6 milliards de F.CFA de salaires, qui étaient attribués d’une façon fictive. Nous avons entrepris un audit sur les bourses. Nous avons aujourd’hui une bonne maîtrise de la masse salariale. Dans un autre domaine, celui de l’industrie, nous avons repris la Cellule de contrôle des effectifs et de la masse salariale afin de mieux surveiller la gestion et de maîtriser les dépenses, mais tout en augmentant la part qui va au capital.
Aujourd’hui, les demandes d’investissements en capital ont augmenté de façon substantielle et, pour la première fois, par exemple, sur notre budget consolidé d’investissements – le budget d’investissements de l’État – nous finançons 62 % de tout le budget d’investissement.