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Politique

Les Nations unies « alarmées » par la situation à l’est de la RD Congo

Les Nations unies « alarmées » par la situation à l’est de la RD Congo
  • Publiéfévrier 25, 2023

À l’issue d’une visite en RD Congo la Sous-Secrétaire générale des Nations unies aux droits de l’homme, Ilze Brands Kehris, fait part de son indignation, réitérant les appels à la paix. Néanmoins, elle salue les progrès récents en matière de justice transitionnelle.

 

La situation sécuritaire à l’est de la RD Congo se détériore, tandis que le M23 et divers autres groupes armés continuent de mener des attaques brutales contre les civils.

« Je condamne fortement ces attaques effroyables et je réitère l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’une action pour la paix en Afrique », commente Ilze Brands Kehris, des Nations unies. « La violence doit cesser. J’encourage aussi vivement les autorités à redoubler leurs efforts pour contrer la montée de la haine et mettre en œuvre des initiatives ciblées pour promouvoir la confiance et la cohésion au sein et entre les communautés », a-t-elle déclaré à l’issue d’un séjour dans la capitale Kinshasa, ainsi que les villes de Goma et Bunia, à l’est du pays.

Ilze Brands Kehris salue l’« évolution positive » des réformes juridiques, en particulier l’adoption et la promulgation de lois sur les droits des peuples autochtones et des personnes en situation de handicap.

La résurgence des attaques du M23 au Nord-Kivu au cours des derniers mois a eu un effet particulièrement dévastateur sur la population. Les hostilités dans cette province ont entraîné un redéploiement des troupes gouvernementales dans ces zones. Cela a créé un vide sécuritaire dans d’autres zones touchées par les conflits, permettant à d’autres groupes armés de gagner du terrain et de semer la terreur dans les villes, les villages et les camps de personnes déplacées. Cet environnement tendu a favorisé la désinformation, les préjugés et les discours de haine contre des groupes ethniques spécifiques, accroissant le risque de nouvelles violences, a observé le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, dans un communiqué de presse.

 « À Goma et à Bunia, j’ai été frappée par la détermination des victimes, des représentants de la société civile et des communautés touchées par le conflit à aller de l’avant. J’ai écouté leurs témoignages individuels sur la violence subie ainsi que leurs propositions d’action. Et j’ai écouté attentivement leurs appels sur la façon dont la communauté internationale peut aider le peuple et le gouvernement congolais à mettre fin aux conflits et à traiter les traumatismes présents et passés. »

 

Contrainte morale et efficacité

Dans la province de l’Ituri, la haute fonctionnaire a été « profondément bouleversée » par les conditions de vie des personnes contraintes de fuir leur foyer à cause du conflit. Dans un camp de personnes déplacées, près de Bunia, de nombreux hommes, femmes et enfants étaient en manque extrême de nourriture, de soins médicaux et de soutien psycho-social. La situation était encore plus critique pour les personnes les plus vulnérables – celles qui ont été mutilées, les personnes âgées et les autres.

« Dans le pays qui compte le troisième plus grand nombre de personnes déplacées au monde, les situations de déplacement de longue durée dans des conditions précaires nous rappellent avec violence que la satisfaction des besoins humanitaires de base est une question de droits humains. »

Dans ce contexte difficile, « les réponses militaires à la menace des groupes armés doivent donner la priorité à la protection des civils », juge la représentante de l’ONU. « En outre, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire par toutes les forces armées en RD Congo est non seulement une obligation, mais aussi une question d’efficacité. »

Ilze Brands Kehris est sous-secrétaire générale des Nations unies aux droits de l'homme.
Ilze Brands Kehris est sous-secrétaire générale des Nations unies aux droits de l’homme.

 

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme entend favoriser un cadre de conformité approprié pour les forces de sécurité. « Nous demeurons pleinement disposés à nous engager avec la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, approuvée par l’Union africaine, en étroite coordination avec la Monusco (Mission des Nations unies en RDC) et les forces armées congolaises. »

Toutefois, Ilze Brands Kehris salue les progrès récents en matière de justice transitionnelle, notamment les consultations populaires organisées dans plusieurs provinces, comme un signe clair d’espoir pour l’avenir. « Ces mesures importantes montrent la volonté du peuple congolais de surmonter les traumatismes du passé et d’établir de nouvelles bases pour la paix et la stabilité. »

La haute fonctionnaire de l’ONU considère que pour être efficaces, les initiatives de justice transitionnelle « doivent se concentrer davantage sur les besoins et la participation des victimes, et doivent être mises en œuvre en coordination avec le Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation, réhabilitation communautaire et stabilisation ».

 

Éviter les tensions communautaires

Ces initiatives et les programmes connexes « sont complexes et nécessitent des ressources adéquates de la part des autorités nationales et de leurs partenaires », juge la représentante onusienne qui appelle tous les partenaires de la RD Congo « à faire du soutien au processus de justice transitionnelle du pays l’un de leurs domaines prioritaires ».

Évoquant les élections prévues en décembre 2023, la sous-secrétaire générale de l’ONU  souligne que les responsables et acteurs politiques de tous bords ont la responsabilité de contribuer à garantir des élections libres, équitables et inclusives. Elle appelle à la protection de l’espace civique, exprimant sa profonde inquiétude face à la pression accrue exercée sur les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme. « Il est essentiel d’éviter l’instrumentalisation des tensions intercommunautaires, y compris par la désinformation, ce qui pourrait accroître encore le risque de violence. »

Enfin, Ilze Brands Kehris salue l’« évolution positive » des réformes juridiques, en particulier l’adoption et la promulgation de lois sur les droits des peuples autochtones et des personnes en situation de handicap. Tout en saluant l’engagement des autorités congolaises, elle les a encouragées à continuer de fournir à leurs citoyens un cadre juridique qui protège leurs droits fondamentaux et à assurer la mise en œuvre effective des lois adoptées.

LA, d’après communiqué des Nations unies.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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