x
Close
Politique

Les hommages à une reine

Les hommages à une reine
  • Publiéseptembre 10, 2022

Le décès de la reine Élisabeth II a suscité les condoléances de la plupart des dirigeants africains, qui ont rappelé la relation particulière qu’elle entretenait avec le continent et plus particulièrement avec le Commonwealth.

 

Alors princesse, la future Elisabeth II avait célébré son 21e anniversaire au Cap, en avril 1947. Elle y a prononcé un discours célèbre dans lequel elle promettait de consacrer sa vie aux peuples de Grande-Bretagne et du Commonwealth. Et c’est au Kenya en février 1952, dans un hôtel situé à la cime des arbres, qu’elle a appris que son père, le roi George VI, était décédé et qu’elle héritait du trône.

Au cours de ses sept décennies de règne – le monarque le plus longtemps en fonction dans l’histoire britannique, Elisabeth II a beaucoup voyagé sur le continent, visitant 21 pays. Elle s’est rendue en Afrique du Sud un an après la fin de l’apartheid, en 1995, où elle a rencontré Nelson Mandela, nouvellement élu, et marqué l’acceptation du retour du pays au sein du Commonwealth. Son dernier voyage officiel sur le continent remonte à 2007, lorsqu’elle s’est rendue en Ouganda pour la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, à Kampala.

Sans faire taire les critiques sur le rôle de la monarchie britannique dans l’oppression coloniale en Afrique, de nombreuses voix ont rendu hommage à la souveraine.

Ainsi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a-t-il exprimé ses « profondes et sincères condoléances » au nouveau monarque, le roi Charles III, déclarant que la reine Élisabeth II fut « une personnalité extraordinaire et de renommée mondiale qui a vécu une vie remarquable ».

De son côté, le roi du Maroc a adressé un message de condoléances et de compassion à celui qui n’était pas encore officiellement Charles III, Roi du Royaume Uni.

Il y exprime « les qualités et les mérites de cette illustre Reine qui se tenait, invariablement, comme un symbole de la grandeur du Royaume-Uni, consacrant Sa vie entière aux services de son pays ». Le roi du Maroc poursuit : « Sous le règne de cette Monarque exceptionnelle, le Royaume Uni a réalisé beaucoup de progrès et prospérité et a acquis une grande stature aussi bien sur le plan régional qu’international ».

C’est pourquoi Royaume du Maroc a perdu une « une grande amie spéciale qui était profondément respectée », conclut Mohammed VI, ajoutant que la Reine « tenait particulièrement à renforcer l’amitié de longue date entre nos deux monarchies séculaires ».

 

Une icône

Nana Akufo-Addo, le président du Ghana, où elle s’est rendue à deux reprises au cours de son règne, a ordonné que tous les drapeaux officiels du pays soient mis en berne pendant sept jours à compter du 9 septembre. Il a rappelé « le calme, la constance et, surtout, le grand amour et la foi de la reine dans l’objectif supérieur du Commonwealth des Nations et dans sa capacité à être une force du bien dans notre monde ».

Le président de l’Union africaine, Macky Sall, a bien vite salué sur les réseaux sociaux « la mémoire de l’illustre, grande, reine, au parcours exceptionnel ». Se rendant à l’ambassade du Royaume-Uni à Dakar pour y signer le registre des condoléances, le président du Sénégal a écrit que « la Reine incarnait la hauteur et la dignité liée à sa charge ». L’Ambassadeur britannique a salué « un geste symbolique de la qualité des relations entre les deux pays ».

Le président du Sénégal, Macky Sall, signe le registre de condoléances.

 

Pour sa part, Paul Biya a tenu à lui rendre hommage, à travers un télégramme envoyé dans la soirée du 8 septembre au futur Charles III, nouveau roi d’Angleterre. 

Le président du Cameroun s’est dit habité par une « profonde tristesse » et a tenu à lui rendre un vibrant hommage. « Je m’incline devant la mémoire de cette illustre souveraine au destin exceptionnel, dont le règne a marqué la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. » 

Il ajoute que « le décès de Sa Majesté Elizabeth II est douloureusement ressenti dans votre pays et affecte aussi le Commonwealth of Nations, du faut de sa staturee unique et de son rôle emblématique au cours de l’histoire ». 

La Reine reçoit Paul Biya et son épouse, à Buckingham Palace, en mars 2004.

La Reine reçoit Paul Biya et son épouse, à Buckingham Palace, en mars 2004.

 

Le président nigérian Muhammadu Buhari a rendu hommage à une « immense personnalité mondiale ». Elizabeth II a continué à être reconnue comme chef d’État pendant trois ans après l’indépendance du Nigeria en 1960 ; elle était officiellement appelée « reine du Nigeria » pendant cette période.

William Ruto, qui doit prêter serment en tant que président du Kenya le 13 septembre, a déclaré que « la façon dont la reine a dirigé le Commonwealth au cours des sept dernières décennies est admirable », tandis que le président sortant Uhuru Kenyatta a déclaré que la reine « était une icône imposante du service désintéressé à l’humanité ».

« Je salue la mémoire d’une femme d’État exceptionnelle, aux grandes qualités humaines », a tweeté le président de la République de Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara a, bien sûr, adressé ses « condoléances les plus émues au Roi Charles III, à la famille royale et au peuple britannique ».

Se rendant à la résidence de l’ambassadrice de Grande-Bretagne à Tunis, le président Kaïs Saïed a signé le registre de condoléances. Évoquant la Reine, le chef de l’État tunisien a tenu à souligner « sa bravoure, son engagement et son courage ». Elisabeth II est « un symbole de l’Union et des valeurs, ce qui lui a valu l’amour et le respect du peuple britannique et des peuples du monde ».

Le président tunisien Kaïs Saïed à la résidence de l’ambassadrice Helen Winterton.

 

Hakainde Hichilema, le président de la Zambie – pays qui compte la deuxième plus grande population d’expatriés britanniques en Afrique – s’est déclaré « attristé d’apprendre le décès de Sa Majesté » et a envoyé ses « pensées et prières au peuple du Royaume-Uni en cette période difficile ».

 

Quelques voix discordantes

Le président rwandais Paul Kagame a déclaré que « le Commonwealth moderne était l’héritage de la Reine », et les présidents du Gabon et du Togo, respectivement Ali Bongo Ondimba et Faure Gnassingbé, dont les pays sont entrés dans le Commonwealth en juin 2022, ont également déploré le décès de la Reine.

Des hommes politiques, mais aussi des responsables institutionnels ont rendu hommage à la reine. Akinwunmi Adesina, président de la Banque africaine de développement, a souligné « le calme, la pondération, la dignité, la sagesse et la sérénité » de la reine Elizabeth II.

L’hommage du président du Niger, Mohamed Bazoum

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cependant, certaines voix sur le continent mettent l’accent sur l’oppression coloniale britannique en Afrique.

« Le conte de fées raconte que la reine Elizabeth est montée au sommet d’un arbre ici au Kenya en tant que princesse et qu’elle en est redescendue en tant que reine, parce que c’est quand elle était ici au Kenya qu’elle a appris la mort de son père », a lâché Larry Madowo, de CNN, depuis Nairobi.

« Pourtant, a-t-il poursuivi, après cela, le gouvernement colonial britannique a réprimé brutalement la rébellion des Mau Mau contre l’administration coloniale britannique. Ils ont parqué plus d’un million de personnes dans des camps de concentration où elles ont été torturées et déshumanisées. Ainsi, sur tout le continent africain, des gens ont déclaré : « Je ne porterai pas le deuil de la reine Elizabeth, car mes ancêtres ont subi de grandes atrocités sous son règne et elle ne l’a jamais reconnu ». »

Larry Madowo a aussi mentionné la réaction de l’opposition Economic Freedom Fighters, en Afrique du Sud, qui a publié une déclaration déplorant que la reine n’ait jamais reconnu les crimes commis par les Britanniques contre les populations autochtones. « Elizabeth est montée sur le trône en 1952, régnant pendant 70 ans à la tête d’une institution construite, soutenue et vivant d’un héritage brutal de déshumanisation de millions de personnes à travers le monde… C’est la famille royale britannique qui a également sanctionné les actions de Cecil John Rhodes, qui a pillé ce pays, le Zimbabwe et la Zambie… Pendant ses 70 ans de règne en tant que reine, elle n’a jamais reconnu une seule fois les atrocités que sa famille a infligées aux populations autochtones que la Grande-Bretagne a envahies à travers le monde. »

Leo Komminoth, avec Laurent Allais

@NA

Écrit par
Leo Komminoth

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *