Le Nigeria en chiffres
Alors que près de 100 millions de Nigérians sont appelés à se rendre aux urnes le 25 février 2023, Desné Masie et Angus Chapman, d’IC Intelligence, analysent les chiffres pour donner un aperçu de la situation économique et sociale du pays.
La domination du pétrole et du gaz s’affaiblit
L’économie nigériane est traditionnellement dominée par le pétrole et le gaz, mais cette domination semble s’affaiblir. La contribution de ce secteur au PIB nigérian diminue progressivement, alors même que les prix du pétrole brut s’envolent. Cela est dû en grande partie aux problèmes de production, le Nigeria étant victime de vols de pétrole généralisés et d’autres perturbations de l’offre. Voilà qui rendra difficile le service des importantes dettes accumulées au cours des dernières années de la présidence de Muhammadu Buhari.
Les prix élevés du pétrole ont pour effet supplémentaire d’augmenter le coût de la généreuse subvention du gouvernement pour le carburant, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les finances publiques. Voilà pourquoi, fin janvier, Moody’s a abaissé la note du Nigeria ; l’agence s’attend à ce que les difficultés perdurent en raison de la détérioration de la situation budgétaire et extérieure à moyen terme.
Une insécurité croissante
Après s’être calmée au milieu des années 2010, la violence d’origine sociale, politique et économique a connu une résurgence depuis 2019. Si les groupes liés à Boko Haram sont traditionnellement les antagonistes en la matière, la violence a récemment débordé les lignes ethniques, religieuses et officielles.
Selon de nombreux commentateurs, la vitesse, la propagation et l’ampleur de l’insécurité à travers cette période sont sans précédent. L’attaque, en janvier 2023, du bureau de la Commission électorale nationale indépendante dans l’État d’Enugu par des inconnus armés, ainsi que les manifestations de grande ampleur organisées par la police ces derniers mois, montrent à quel point la menace est réelle.
L’économie nigériane peut-elle se diversifier ?
La domination du secteur pétrolier et gazier est peut-être en train de s’affaiblir, mais il n’est pas évident de savoir quels secteurs peuvent combler le vide. En 2022, le Nigeria a produit le plus grand nombre de start-up de tous les pays africains, mais par habitant, il est à la traîne, le centre technologique et financier de l’île Maurice étant de loin le plus performant. La relance de l’économie nigériane, la consolidation des positions extérieure et budgétaire, la diversification de l’économie par rapport au pétrole et au gaz et la recherche de nouveaux secteurs permettant d’améliorer le niveau de vie figurent parmi les priorités de l’élection de 2023.
Les Nigérians perdent confiance dans les institutions
La société civile nigériane perd confiance dans les institutions. À la veille de l’élection de 2023, la confiance dans les institutions clés – le système judiciaire, le gouvernement et les élections elles-mêmes – était en baisse.
Mis à part les « points hauts » de 2011 et 2017, qui ont coïncidé avec l’élection de Goodluck Jonathan et les performances à mi-parcours de son successeur, Muhammadu Buhari, la tendance est profondément négative.
La méfiance semble s’être transformée en apathie. Le taux de participation aux élections présidentielles nigérianes a fortement baissé, passant de plus de 70 % en 2003 à moins de 40 % en 2019. Cette situation reflète les tendances observées ailleurs sur le continent.
L’incertitude sur l’issue d’un scrutin particulièrement indécis modifiera-t-elle la donne ?
Pour plus d’informations, visitez le site icintelligence.co.uk.
@NA
