Le Maroc panse ses plaies

Difficilement, les secours arrivent auprès des populations touchées par le séisme du 8 septembre. L’attitude des autorités interroge, tandis que le Maroc n’a accepté l’aide que de quatre pays. Le président français tente de désamorcer toute polémique.
La situation du Haut Atlas reste préoccupante, cinq jours après le séisme qui a touché le Maroc. Le bilan, régulièrement revu à la hausse, fait état de 2 900 morts. Les secours s’organisent tant bien que mal. Les autorités marocaines ont institué un « réseau sismique » entourant la zone sinistrée, concentrant l’aide à l’intérieur de ce périmètre. Dans les villages isolés, dont parfois il ne reste rien ou presque, les habitants vivent dehors, attendant soins, médicaments, vêtements et vivres. L’aide provient essentiellement des associations humanitaires, des volontaires. Les secours sont entravés par le manque de carburant dans les zones isolées, tandis que le Croissant Rouge alerte sur la pénurie d’eau, difficile à acheminer sur place.
Dans cette région montagneuse, les premières neiges pourraient tomber dès le début octobre.
« C’est évidemment à Sa Majesté le roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale et donc nous sommes à disposition de leur choix souverain », a déclaré Emmanuel Macron.
La presse internationale relate le désarroi des habitants face à la lenteur des secours, et le drame humain prend un tour politique, ainsi que diplomatique. Le Maroc n’a pas accepté toutes les demandes d’aides des États, ne sollicitant, dans un premier temps, que celles des Émirats, du Qatar, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne. Même les Nations unies doivent attendre.
Et la presse internationale, notamment anglo-saxonne, de s’interroger sur le centralisme du Maroc et le silence de Mohammed-VI. Le Roi, en France au moment du séisme, est vite retourné à Rabat pour y présider un Conseil de sécurité et organiser les secours. Restant dans sa tradition de ne pas s’exprimer systématiquement, il n’est pas apparu en public durant les premiers jours. Le 12 septembre dans l’après-midi, le Roi s’est rendu au CHU de Marrakech. Une visite de vingt minutes consacrée au service de traumatologie où les victimes du séisme sont prises en charge. Mohammed-VI n’a fait aucune déclaration.
Au lendemain du séisme, les autorités algériennes avaient également exprimé « leur entière disponibilité à fournir une aide humanitaire et à déployer toutes les capacités matérielles et humaines en solidarité avec le peuple marocain frère, en cas de demande du Maroc ». Le 12 septembre, le gouvernement marocain a fait savoir qu’il « n’avait pas besoin » de l’aide de l’Algérie.
Macron refuse toute polémique inutile
La presse signale la présence de sauveteurs israéliens, mais là encore, aucune autorisation formelle n’a été accordée à l’État hébreu pour une aide officielle. Les secouristes se renseignent auprès de Marocains afin de savoir où ils sont le plus attendus…
De son côté, la classe politique française glose sur le refus – apparent – du Maroc d’accepter l’aide de Paris. Certains observateurs y voient un nouveau signe de la « brouille » entre les deux pays, opposés sur la question du Sahara occidental. D’autres y voient la volonté du Maroc de montrer son indépendance face à l’ancienne puissance coloniale.

Agacé, le président Macron a dénoncé dans une vidéo « des polémiques qui n’ont pas lieu d’être ». Paris entend inscrire l’aide officielle de la France dans la durée, « sur le plan humanitaire, sur le plan médical, et pour la reconstruction ». Volontariste, Emmanuel Macron s’est exclamé : « Dans ce moment de peine, mais aussi d’action et de solidarités, nous sommes là ! »
Il n’empêche, si les aides financières venues des particuliers ou de l’État parviennent aux associations marocaines, tandis que les artistes tel Jamel Debbouze demandent au Français – notamment les touristes – de ne pas abandonner le Maroc, ce dernier bloque l’aide française. « C’est évidemment à Sa Majesté le roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale et donc nous sommes à disposition de leur choix souverain », a conclu le président français, tentant de faire taire toute polémique.
La France et les pays européens sont sollicités sur un autre front : la Libye, touchée par un ouragan le 10 septembre.
Au Maroc, la Croix-Rouge et le Croissant Rouge estiment les besoins financiers de l’aide humanitaire la plus urgente à 100 millions de francs suisses (105 millions d’euros).
@NA