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Politique

L’avenir de la Minusma en suspens

L’avenir de la Minusma en suspens
  • Publiénovembre 16, 2022

Plusieurs pays confirment leur désengagement de la Minusma, chargée de lutter contre la menace djihadiste au Mali. Côte d’Ivoire et la Grande-Bretagne amorcent leur retrait, tandis que les forces maliennes peinent à remplir leurs missions.

 

Après la Grande-Bretagne, la Côte d’Ivoire confirme, à son tour, ce 16 novembre 2022, son retrait de la force Minusma (Casques bleus) au Mali. Le grand voisin compterait 850 hommes déployés depuis huit ans, au sein de cette force onusienne. Si les autorités ivoiriennes n’ont pas justifié cette décision, cette annonce n’est pas une grande surprise, compte tenu des relations tendues entre les deux pays, exacerbées par l’arrestation de 49 soldats ivoiriens au Mali, en juillet.

Le Mali s’oppose à ce que la force onusienne puisse enquêter comme bon lui semble sur de possibles violations des droits humains. Cela constituera-t-il, à terme, un prétexte au démantèlement de la Minusma ?

Dans cette affaire, les menaces et les pourparlers n’ont rien fait, la situation reste bloquée, en dépit des interventions de la CEDEAO et de la médiation du Togo. Seules trois femmes ont été libérées parmi ceux que le pouvoir de Bamako considère comme étant des « mercenaires ».

Du côté de la Côte d’Ivoire, on regrette ce blocage et on prend acte du retrait progressif des autres pays, notamment de la France.

« La relève de la compagnie de protection basée à Mopti ainsi que le déploiement des officiers d’état-major et des officiers de police prévus respectivement en octobre et novembre 2022 ne pourront plus être effectués », explique une lettre de la Mission permanente de la Côte d’Ivoire aux Nations unies. Militaires et autres éléments présents ne seront pas relevés, lors de la prochaine échéance d’août 2023.  « La relève de la compagnie de protection basée à Mopti, ainsi que le déploiement des officiers d’état-major et des officiers de police prévus respectivement en octobre et novembre 2022, ne pourront plus être effectués », explique le texte.

En début de semaine, c’est donc la Grande-Bretagne qui a fait part de son intention de quitter la Minusma plus tôt que prévu, renonçant à sa mission de trois ans.

Le ministre des Armées, James Heappey a dénoncé devant les parlementaires britanniques « deux coups d’État en trois ans » à Bamako ; ces événements ont « miné les efforts internationaux pour parvenir à la paix ». La Grande-Bretagne considère qu’elle « ne peut pas déployer son armée dans un pays dont le gouvernement n’est pas enclin à œuvrer pour la stabilité et la sécurité ». D’autant que les liens entre le pouvoir malien et les mercenaires russes de Wagner ne sont pas clarifiés, malgré l’annonce du départ de ces derniers, voici quelques semaines.

 

Un retrait lourd de conséquences

La Grande-Bretagne devrait préciser son calendrier de retrait la semaine prochaine, lors d’une réunion des partenaires de la région au Ghana, et entend continuer à « œuvrer pour la paix », au Sahel.

La Suède, l’Allemagne, peut-être l’Égypte… les forces s’amenuisent au sein de la Minusma, dont l’existence même est remise en question. Ce, quelques mois après le départ des Français de la force Barkhane. Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin, pour un an. Or, semblant reproduire son attitude peu accueillante envers Barkhane, le Mali peine à respecter clairement certains engagements envers les forces de sécurité, en matière de coopération, de renseignements. Et ne semble pas disposer à prendre les dispositions souhaitées par les Occidentaux en matière de droits humains. En particulier, le Mali s’oppose à ce que la force onusienne puisse enquêter comme bon lui semble sur de possibles violations des droits humains. Cela constituera-t-il, à terme, un prétexte au démantèlement de la Minusma ?

Les Nations unies devraient publier un rapport d’étape, probablement en janvier 2023, relatif à la capacité d’action des troupes de la Minusma et à leur efficacité sur le terrain. La Minusma compterait environ 12 000 soldats et 1 700 policiers. Le retrait des soldats britanniques est particulièrement lourd de sens. En effet, Londres envoyait des troupes de cavaleries, des experts en explosifs, des combattants entraînés et du personnel médical. Ses soldats étaient munis de technologies de pointe. Ils étaient déployés dans la région de Gao, ainsi que, depuis quelques mois, dans la zone dite des « trois frontières » (Niger, Burkina Faso, Mali), particulièrement exposée aux attaques djihadistes.

Ces annonces interviennent alors que de nouvelles accusations visent l’Armée régulière malienne. Celle-ci, embourbée dans sa lutte contre le djihadisme, se livrerait à des exactions contre les villageois, sur le simple soupçon de collusion avec des groupes rebelles.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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