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Politique

Laurent Gbagbo réclame une amnistie

Laurent Gbagbo réclame une amnistie
  • Publiéaoût 11, 2022

Le président Ouattara de Côte d’Ivoire a gracié Laurent Gbagbo, dans un souci d’apaisement politique. Or, le parti de l’ancien président ne se contente pas de cette grâce et réclame une amnistie, qui lui redonnerait ses pleins droits civiques.

 

Le parti de l’ancien président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, adresse une fin de non-recevoir au président Ouattara. Le Parti des peuples africains (PPA-CI) considère que la grâce accordée à son leader « ne correspond pas aux attentes légitimes de ses compatriotes ».

Ce parti, créé par Laurent Gbagbo et ses fidèles en 2021, préfère une loi d’amnistie qui effacerait la peine, tandis que la grâce se borne à ne pas y faire exécution. La différence est de taille, puisqu’une amnistie remettrait Laurent Gbagbo dans le jeu politique. Or, la grâce n’effaçant pas la condamnation, l’ancien président (2000-2011) est toujours inéligible. « C’est-à-dire qu’il est considéré comme un criminel », s’emporte le porte-parole du PPA-CI, Justin Katinan Koné, au micro de RFI. Ajoutant : « Nous disons que l’objectif, c’est l’amnistie qui enlève totalement cette écriture infâme dans le casier judiciaire du président Laurent Gbagbo et dans sa vie. »

Aucun nom n’émerge vraiment, au sein de la classe politique ivoirienne, dans la perspective de 2025. Sauf celui du banquier et homme d’affaires Tidjane Thiam, qui effectue un remarqué retour « politique » au pays cet été, rencontrant diverses personnalités dont Alassane Ouattara et Henri-Konan Bédié.

Cette loi d’amnistie était d’ailleurs suggérée par le Dialogue national, décidé par le gouvernement lui-même, en vue de la Réconciliation nationale qu’il appelle de ses vœux, plus de dix ans après la crise de 2010-2011. Cette amnistie souhaitée concernerait l’ensemble des prisonniers civils et militaires de cette période.

Le 6 août, soit la veille des célébrations du 62e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara annonçait sa décision de gracier son rival.

« Dans le souci de renforcer davantage la cohésion sociale, j’ai signé un décret accordant la grâce présidentielle à Monsieur Laurent Gbagbo, ancien Président de la République. J’ai également procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères. »

Outre cette mesure de décrispation de la vie politique, le chef de l’État a aussi signé un décret accordant la libération conditionnelle au vice-amiral Vagba Faussignaux et au commandant Jean-Noël Abéhi, condamnés pour des infractions liées à la crise post-électorale de 2010. Le PPA-CI se réjouit de ces deux mesures touchant les finances de son leader et la vie de ces deux anciennes figures de la vie militaire de la Côte d’Ivoire, dans les années 2000.

 

Un braquage sans victime

Dans son allocution, Alassane Ouattara a réaffirmé son attachement à la préservation de la paix sociale. Il a salué la contribution de toutes les formations politiques et de la société civile à la restauration de cette paix. 

Laurent Gbagbo, qui multiplie les apparitions avec son rival au pouvoir, depuis quelque temps, semble donc désireux de revenir dans l’arène politique. Acquitté en mars 2021 des accusations de crimes contre l’humanité, par la Cour pénale internationale, l’ancien président est revenu au pays quelques semaines après. Il reste, ou plutôt il restait, sous la menace d’une incarcération après sa condamnation à vingt ans de prison pour « braquage » de la BCEAO (Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest). Crime imaginaire pour lequel la BCEAO n’a jamais porté plainte, font valoir les avocats de Laurent Gbagbo.

Commentant la réaction du PPA-CI, le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, rappelle qu’une amnistie doit être votée par la loi, donc par l’Assemblée. Et de suggérer aux partis politiques de mettre un tel texte au calendrier parlementaire. Sachant bien sûr, qu’une loi d’amnistie ne pourrait être votée contre l’avis du président Alassane Ouattara, dont le parti, le RHDP, détient la majorité absolue à l’Assemblée.

Clairement, chacun pense aux échéances électorales de 2025. Laurent Gbagbo aura 80 ans et Alassane Ouattara 83 ans… Certains observateurs jugent ces polémiques actuelles stériles, pour une génération – ne parlons pas d’Henri Konan Bédié –, qui refuserait de laisser la place aux jeunes. Sur ce point, n’oublions pas qu’Alassane Ouattara souhaitait laisser sa place à feu Amadou Gon Coulibaly.

Aucun nom n’émerge vraiment, dans la classe politique ivoirienne, dans la perspective de 2025. Aucun, sauf celui du banquier et homme d’affaires Tidjane Thiam, qui effectue un remarqué retour « politique » au pays cet été, rencontrant diverses personnalités dont Alassane Ouattara et l’ancien président Bédié. L’ancien patron du Crédit Suisse aurait refusé d’intégrer le RHDP, gardant sa fidélité au PDCI d’Henri Konan Bédié. Se bornant à répondre à ceux qui l’interrogent sur ses intentions : « Les prochaines élections ? Reparlez-m’en en 2025 ! »

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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