L’Afrique de l’Est s’organise face aux groupes armés

Les pays voisins est-africains de la RD Congo haussent le ton face aux groupes armés qui empoisonnent la vie des habitants de l’est du pays. Ils prévoient le déploiement d’une force spéciale et la relance du processus de démobilisation, recevant le soutien des Nations unies.
Par Laurent Allais
Le secrétaire général des Nations unies a salué, le 23 avril 2022, « les efforts et la détermination » déployés par le président Uhuru Kenyatta du Kenya et d’autres dirigeants d’Afrique de l’Est pour promouvoir la paix, la stabilité et le développement en RD Congo et dans la grande région de l’Afrique de l’Est.
António Guterres « a pris note de l’approche à deux volets décidée par le conclave des chefs d’État, qui comprend notamment la formation d’une force régionale et la relance d’un processus politique inclusif », explique sa porte-parole.
Félix Tshisekedi a eu plusieurs rencontres avec Uhuru Kenyatta afin de coordonner l’action. Il a également présenté les condoléances du peuple congolais à la suite du décès, le 22 avril, de l’ancien président de la République du Kenya, Muai Kibaki.
Le secrétaire général a insisté sur la nécessité d’une coordination efficace entre la force régionale et la mission de stabilisation des Nations unies en RD Congo (Monusco) « qui est essentielle pour assurer la protection des civils ». Il a exhorté « tous les groupes armés présents en RD Congo à participer sans condition au processus politique, et tous les groupes armés étrangers à désarmer et à retourner sans condition et immédiatement dans leurs pays d’origine respectifs. »
Le secrétaire général a souligné l’importance d’une stratégie globale pour s’attaquer aux causes profondes du conflit dans l’est de la RD Congo, dont les mesures non militaires, ainsi que de la mise en œuvre effective des programmes existants de justice transitionnelle, de désarmement et de démobilisation.
Quelques heures plus tôt, les dirigeants de cinq pays d’Afrique de l’Est – dont fait désormais partie la RD Congo –, lors d’une réunion à Nairobi (Kenya), avaient convenu de déployer une force militaire conjointe dans l’est de la RD Congo. Selon la déclaration finale, cette force doit être déployée dans les plus brefs délais, sans précisions sur l’importance de ladite force. La déclaration est signée par le Kenya, l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda et la RD Congo.
Les dirigeants appellent les groupes armés opérant dans la région à joindre un processus politique visant à entendre leurs revendications et à permettre leur réintégration dans la vie civile. Ceux qui s’obstineraient à poursuivre la lutte armée feront l’objet d’un « traitement militaire ». Les groupes armés étrangers à la RD Congo doivent se soumettre aux autorités de leur gouvernement.
Une dernière chance
Les tensions redeviennent vivent, dans l’est de la RD Congo, depuis la fin de 2021 ; certains groupes ont repris de la vigueur, comme le M23. De leur côté, les pays de la région soutiennent déjà militairement leur grand voisin, comme l’Ouganda, qui tente de mettre fin depuis six mois aux Forces démocratiques alliées, un groupe militaire qui opère depuis son sol.
Le président de la RD Congo, Félix Tshisekedi, devrait conduire lui-même une réunion consultative avec les représentants de groupes armés ; la rencontre se déroulerait au Kenya. Elle était prévue pour le 22 avril mais n’a pas pu se tenir, pour des raisons de logistique. Félix Tshisekedi, de retour à Kinshasa, a réaffirmé que la matérialisation du processus de négociations proposé à Nairobi était une dernière chance donnée aux groupes armés de déposer les armes et de s’engager dans le processus approuvé par les Nations unies de réinsertion sociale. Sinon, a-t-il prévenu, la voie militaire soutenue par ses voisins d’Afrique de l’Est sera poursuivie. À son sens, le programme de démobilisation (DDRCS) ne signifie ni laborieuses négociations ni compromissions.
Un groupe d’experts est chargé de mener des consultations, sous la direction du président Uhuru Kenyatta du Kenya. L’un des proches du président Tshisekedi, Serge Tshibangu, co-préside le secrétariat technique qui supervise cette opération.
Félix Tshisekedi a eu plusieurs rencontres avec Uhuru Kenyatta afin de coordonner l’action. Il a également présenté les condoléances du peuple congolais à la suite du décès, le 22 avril, de l’ancien président de la République du Kenya, Muai Kibaki.
De son côté, le secrétaire général appelle à « un dialogue continu, franc et ouvert entre toutes les parties prenantes » en vue de résoudre les tensions et de renforcer la confiance. « Les Nations unies continueront à soutenir les pays de la région dans leurs efforts de consolidation de la paix à plus long terme visant à établir les responsabilités et à consolider les acquis en matière de paix et de sécurité », a réaffirmé António Guterres.
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