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Politique

La RD Congo regarde vers l’est

La RD Congo regarde vers l’est
  • Publiémars 30, 2022

Désormais, la RD Congo fait partie de la Communauté des États d’Afrique de l’Est. Les citoyens pourront voyager plus facilement et un « doux commerce » porteur de paix est espéré. La baisse des taxes favorisera l’éclosion d’un grand marché intégré.

Par Laurent Allais

 

Il faut désormais changer le logo de l’EAC (Communauté des États d’Afrique de l’Est) qui compte un nouveau membre. « Les chefs d’État de l’EAC admettent officiellement la République démocratique du Congo dans la Communauté de l’Afrique de l’Est », a solennellement déclaré Uhuru Kenyatta, président du Kenya. Lequel présidait, le 29 mars 2022, un Sommet des chefs d’État de cette Communauté. De son côté, le président ougandais Yoweri Museveni, a souhaité la bienvenue à son homologue Félix Tshisekedi. L’adhésion de la RD Congo est « très importante pour la Communauté, en matière de prospérité et de paix », a déclaré le chef de l’État ougandais, qui a émis le vœu que les dirigeants s’« efforcent continuellement de garantir le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région ». Les dirigeants est-africains, dont le Rwandais Paul Kagamé, entendent œuvrer pour une intégration réussie de leur grand voisin. La RD Congo partage une frontière avec cinq États membres de l’EAC : la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, le Soudan du Sud. Seul le Kenya, finalement, n’a pas de frontière commune.

Comme toute zone d’intégration, cette EAC élargie ouvre un marché beaucoup plus vaste, synonyme de débouchés nouveaux et, le cas échéant, d’économies d’échelle pour les entreprises africaines. Pour les membres de la Communauté, l’accès à la RD Congo ouvre également des possibilités de commerce avec le reste de l’Afrique centrale et de l’Ouest.

Sur le plan économique, la RD Congo s’ouvre une destination maritime à l’est de ses frontières, en direction des ports de Dar es Salaam (Tanzanie) et de Mombasa (Kenya). L’EAC a son siège à Arusha, en Tanzanie. En y incluant les quelque 90 millions de Congolais, l’espace représente environ 300 millions de personnes.

« L’EAC s’étend désormais de l’océan Indien à l’océan Atlantique, ce qui rend la région compétitive et facilite son accès à la plus grande Zone de libre-échange continentale », se félicite le secrétaire général de l’organisation, Peter Mathuki. Fondée en 2000, l’EAC a notamment pour but de faciliter le commerce transfrontalier en supprimant les droits de douane entre ses États membres. Elle a établi son propre marché commun en 2010.

Concrètement, cette inclinaison vers l’est prendra du temps à se matérialiser. Les différents accords supra-nationaux doivent être validés par le Parlement de RD Congo. Sur le plan administratif, les procédures pour les citoyens congolais désireux de se rendre dans les pays membres pourront prendre plusieurs mois.

 

Un lieu unique pour les formalités aux frontières

Néanmoins, tôt ou tard, les Congolais verront les retombées positives du nouvel espace. Ils pourront voyager librement dans les six autres pays et le commerce en sera facilité. Les taxes à l’importation pour les marchandises fabriquées en RD Congo seront supprimées ou fortement réduites, tandis que le transport des marchandises deviendra moins cher. Ce qui ne manquera pas de se répercuter sur les prix à la consommation.

De son côté, le gouvernement du Congo espère attirer davantage de capitaux régionaux et une augmentation du commerce transfrontalier. L’espace, qui s’exprime essentiellement en swahili, gagne aussi des langues nouvelles, dont le lingala et le français. Ce dernier n’étant guère parlé qu’au Rwanda. L’Afrique de l’Est doit donc se convertir au multilinguisme, qui ne pose aucun problème à Kinshasa.

Les avantages sont aussi à considérer dans l’autre sens. « Actuellement, nous sommes confrontés à de nombreux problèmes, comme faire la queue pour obtenir un visa d’entrée en RD Congo, attendre plusieurs jours pour que nos marchandises soient dédouanées à la frontière, ce qui entraîne des frais de stationnement et de stockage considérables, entre autres, avant d’arriver à notre destination finale », confie Roman Waema, représentant d’un syndicat de camionneurs, à la BBC. Reste à unifier les procédures douanières, ce qui là aussi, prendra du temps, mais incontestablement, un espace unique permet de simplifier les procédures.

Comme toute zone d’intégration, cette EAC élargie ouvre un marché beaucoup plus vaste, synonyme de débouchés nouveaux et, le cas échéant, d’économies d’échelle pour les entreprises africaines. Du point de vue des pays de l’est de l’Afrique, l’accès à la RD Congo ouvre également des possibilités de commerce avec le reste de l’Afrique centrale et de l’Ouest. À condition, cette fois, que les infrastructures routières et ferroviaires soient à la hauteur de l’événement, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, l’avion restant le moyen le plus sûr de traverser ce grand pays qu’est la RD Congo. La question de l’insécurité, particulièrement vive à l’est du pays, reste pendante. Certes, les contrebandiers se verront priver d’une opportunité d’affaires, mais toutes les forces armées de la région n’ont pas encore été démantelées. Ce, en dépit du soutien, en 2021, de l’Ouganda aux forces congolaises.

@LAllais

 

Écrit par
Laurent Allais

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