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Politique

La CEDEAO se penche sur la démocratie au Sahel

La CEDEAO se penche sur la démocratie au Sahel
  • Publiéjuin 21, 2023

Au menu du prochain sommet de la CEDEAO, le 9 juillet 2023, figurera en bonne place le processus démocratique du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. C’est ce que révèle le président ivoirien Alassane Ouattara, qui appelle à la tenue d’élections dans ces pays.

 

« La tenue des élections dans les délais proposés est souhaitée, afin que ces pays disposent des régimes et des dirigeants démocratiquement élus », proclame un communiqué de la présidence de Côte d’Ivoire. Lequel a été publié à la suite d’une rencontre entre le président ivoirien, Alassane Ouattara, et le représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão. Son contenu fait bien entendu allusion à la situation au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.

« La capacité des gouvernements à assurer la démocratie et la gouvernance responsable continue d’être à la traîne des attentes de leurs citoyens, ouvrant la voie à des affrontements entre les Africains ordinaires et leurs autorités politiques nationales dans les années à venir. »

Ces trois pays seront d’ailleurs au centre du prochain sommet de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) qui se tiendra le 9 juillet 2023 en Guinée-Bissau, a révélé le président Ouattara.

Le Mali, où l’on attend d’une heure à l’autre les résultats du référendum constitutionnel du 18 juin, ainsi que la Guinée, font toujours l’objet de sanctions de la part de la CEDEAO et de l’Union africaine, même si certaines d’entre elles ont été levées. Ces deux pays, ainsi que le Burkina Faso, sont suspendus des instances de décisions de ces deux institutions.

Pour Alassane Ouattara, les élections constituent « un impératif pour toute l’Afrique de l’Ouest, en particulier pour la Côte d’Ivoire, pays voisin de ces trois nations et qui y a soutenu tous les efforts de sortie de crise ». Le Mali et le Burkina Faso se sont engagés à un retour à l’ordre constitutionnel en 2024. Il n’est pas prévu avant 2025 en Guinée.

Alassane Ouattara et Leonardo Santos Simão, le 20 juin 2023.

 

De son côté, Leonardo Santos Simão a fait part à Alassane Ouattara de son engagement à travailler pour la paix, la stabilité et le développement de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Il a salué la tenue d’élections au Nigeria et en Guinée-Bissau. S’il a estimé que de nombreux défis restent encore à relever, il se dit « convaincu qu’avec le soutien de la communauté internationale, des succès seront enregistrés ».

Quelle est, dans ce contexte, l’opinion des populations concernées ? Elle relèverait davantage de la résignation et du fatalisme, à en croire une enquête réalisée par le cabinet Afrobarometer. Qui pointe un recul, voir une chute du soutien à l’idée démocratique, dans les trois pays mentionnés du Sahel, et même en Afrique du Sud. À l’inverse, le soutien à l’armée en tant qu’institution politique gagne du terrain, même si une solide majorité d’Africains rejette le régime militaire.

 

Attente des résultats du référendum au Mali

La « tolérance » vis-à-vis de l’intervention militaire est plus élevée chez les jeunes (56% des 18-36 ans) que chez les plus âgés (46% des 56 ans et plus). « Ce sentiment pro-intervention militaire est clairement majoritaire dans 22 des 36 pays étudiés, et ce point de vue est très prononcé au Mali, en Tunisie, en Guinée, en Tanzanie et en Côte d’Ivoire », commente le président du Conseil d’administration d’Afrobarometer, Emmanuel Gymah-Boadi. « La capacité des gouvernements à assurer la démocratie et la gouvernance responsable continue d’être à la traîne des attentes de leurs citoyens, ouvrant la voie à des affrontements entre les Africains ordinaires et leurs autorités politiques nationales dans les années à venir. Il est crucial que les gouvernements accordent la priorité aux valeurs démocratiques, renforcent les institutions et répondent aux attentes de leurs populations », prévient le professeur ghanéen.

Au Mali, le référendum constitutionnel aurait atteint un taux de participation de 38%, selon l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige). De nombreux observateurs signalent des difficultés à se rendre dans certaines régions, notamment celles de Kidal. Les groupes armés, parfois même ceux pourtant signataire de l’accord de paix ayant conduit au référendum, auraient bloqué l’accès au scrutin. Ce qui aurait entraîné des « contournements » sous la forme de scrutin improvisé, dont sujet à polémiques. Les résultats sont attendus avant le 23 juin.

Sans attendre les résultats du référendum, le pouvoir malien a décidé de demander à la Minusma (Mission des Nations unies au Mali) de quitter le territoire. Le Conseil de sécurité de l’ONU devait examiner le rôle de la Minusma le 29 juin.

 

Photo sur le titre : Mamady Doumbouya, chef de la junte en Guinée, et le président de la Transition au Mali, Assimi Goïta, le 22 septembre 2022.

@NA

Écrit par
Laurent Allais

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