Kidal revient dans le giron de Bamako

Les Forces armées maliennes ont repris la ville de Kidal, dans le nord du pays. Si les indépendantistes ont perdu du terrain, la situation reste compliquée avec une possible résurgence de groupes islamistes venus d’autres régions du Mali.
Sans doute, la victoire est-elle fragile, pour le pouvoir malien. Aidées par les mercenaires du groupe Wagner, les FAMA (Forces armées maliennes) ont repris le contrôle de Kidal, ville sous contrôle de rebelles touareg depuis plus de onze ans.
Les Forces maliennes avaient été alors contraintes de quitter la ville, sous la pression du Mouvement national de libération de l’Azara et les islamistes d’Ansar Eddine. Appelant la population au calme, l’Armée a annoncé, le 14 novembre 2023, avoir repris la ville, précisant : « Notre mission n’est pas achevée ». En effet, il reste « à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune », s’est félicité le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte au pouvoir.
Reste à savoir si les groupes djihadistes auront la possibilité de reprendre des forces, alors que leurs alliés indépendantistes ont eux, perdu des positions.
Dans le « calme » donc, la population encore présente sur place a néanmoins exprimé sa joie dans les rues, rapportent différents observateurs. En effet, une grande partie de la population de Kidal a fui Kidal, par peur des combats ou d’exactions. Des manifestations de soutien au pouvoir ont émaillé les rues de la capitale Bamako.
Si la victoire est incontestable, la défense de cette ville du Nord, située à 1 500 kilomètres de Bamako, restera compliquée, ces prochaines semaines. Néanmoins, les autorités peuvent savourer une victoire qui faisait figure d’obsession, depuis la prise du pouvoir par les militaires, en 2020. Elle vient confirmer la stratégie de la junte, qui a exigé et obtenu le départ des soldats français du Mali, ainsi que le départ des forces onusiennes. À tort ou à raison, et sans apporter la moindre preuve, Bamako accusait la France de protéger secrètement les Touaregs. De leur côté, les forces de la Minusma étaient précisément chargées de contrôler cette partie du Nord Mali que Bamako entend « récupérer ».
Au mépris de l’accord signé en 2015, rétorquent les parties indépendantistes, qui revendiquent toujours ce territoire. Du point de vue du pouvoir malien, ces groupes – pourtant signataire d’un accord de paix censé être toujours en vigueur –, ne sont que des « terroristes », assimilés aux djihadistes.
L’appui de Wagner
Le colonel Assimi Goïta, président du Mali, a donc commenté sur le réseau X (ex-Twitter) : «Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal. Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité. »
Si le chef de la transition malienne se félicite, il ne fait guère de doutes que cette victoire doit aussi beaucoup au soutien des mercenaires de Wagner. En effet, seule, la junte n’a enregistré aucun progrès dans la lutte contre les djihadistes. Le soutien – officieux – des militaires russes semble donc précieux.
Les hommes de Wagner auraient accompagné la colonne de l’armée partie de Gao le 2 octobre en direction de Kidal. Le convoi a donc mis un mois et demi à atteindre son objectif, arrêté à plusieurs reprises dans sa course par les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azara. Toutefois, souligne le quotidien français Libération, « les soldats maliens, aguerris par dix années de guerre civile, et leurs supplétifs russes, expérimentés, disposaient de deux avantages : la maîtrise des airs et la supériorité de l’armement ».
Du côté de la Coordination des mouvements de l’Azara, on reconnaît le revers. « Les forces armées de l’Azara ont durant plusieurs jours stoppé l’avancée du raid de l’armée malienne, lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles avant de se retirer de la ville pour des raisons estimées stratégiques pour cette phase de combats », se borne à commenter un porte-parole de la CMA.
Reste à savoir si les groupes djihadistes auront la possibilité de reprendre des forces, alors que leurs alliés indépendantistes ont eux, perdu des positions.
À court terme, l’Armée régulière doit sécuriser la ville de Kidal et garantir le retour de ses habitants. Et éviter des exactions, qu’elles viennent de sympathisants touareg, de djihadistes, ou de militaires des FAMA qui auraient soif de revanche après les défaites passées.
@NA