Kaïs Saïed : En attendant un Premier ministre, la Tunisie se présidentialise

Le président tunisien Kaïs Saïed, qui prend tout le pouvoir, entend moderniser son pays sur les cendres de la crise politique actuelle : Il annonce un Premier ministre et une nouvelle loi électorale.
Par Véronique Clara-Veronne
Même si elle n’est pas dramatique, la crise politique débutée en juillet perdure en Tunisie. Le président de la Republique, Kaïs Saïed, sans céder aux pressions lui demandant d’annuler les mesures d’exception prises par lui, a toutefois indiqué son intention de nommer un Premier ministre. C’était le lundi 20 septembre à Sidi Bouzid lors d’un discours retransmis par la télévision nationale.
En attendant la nomination d’un Premier ministre, le Président a détaillé mercredi 22 septembre son discours du 20 septembre 2021. Kaïs Saïed maintient le gel du Parlement tunisien et l’immunité des députés. Il va un peu plus loin en annonçant la perte, désormais, de leur salaire. Kaïs Saïed, théoricien du Droit, va dès, à présent, légiférer par décret ce qui fait dire que Tunis se tourne vers un régime présidentialiste pour ne pas présidentiel.
Car le 25 juillet, il a congédié le chef du gouvernement Hichem Mechichi, depuis le pays « roule sans freins ». Saïed étant à la fois, président, Premier ministre et président du parlement.
On peut y voir un geste fort du Président, mais il s’est précipité pour bien préciser que les « mesures d’exception se poursuivront et un chef du gouvernement sera nommé, mais sur la base de provisions de transition répondant à la volonté du peuple ».
Dans la foulée de son discours au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid (berceau de la révolte tunisienne de 2011 qui a renversé le régime de Ben Ali), le président Kaïs Saïed, a aussi annoncé l’adoption prochaine d’ « une nouvelle loi électorale ».
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Selon lui cette mesure est rendue nécessaire en ce sens que la constitution de 2014 a, a-t-il estimé, a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, ce qui à ses yeux, est source de tensions politiques récurrentes.
Des réactions, beaucoup de réactions au discours de Saïed, ont certes été entendues ça et là, mais on notera celle d’un de ses soutiens, l’ancien ministre et ancien secrétaire général du parti Attayar, Mohamed Abbou.
Ce dernier a estimé que « même ceux qui soutiennent le Président ne croient plus qu’il agit encore dans le cadre du respect de la constitution.`
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Ils affirment qu’il est tout à fait normal de suspendre l’application de la constitution. Ces personnes sont irresponsables. Le Président doit lutter contre la corruption et non-pas s’emparer du pays ».
Saïed, théoricien du Droit, lui est formel : « Ces mesures d’exception se poursuivront ».
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