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Politique

Kaïs Saïed refuse l’aide européenne

Kaïs Saïed refuse l’aide européenne
  • Publiéoctobre 4, 2023

Préférant, selon ses déclarations, la souveraineté à l’aumône, le président tunisien rejette l’assistance de l’Union européenne dans le dossier migratoire, tout en renforçant les contrôles de la Tunisie à la frontière libyenne.

 

Finalement, c’est non. Le président tunisien Kaïs Saïed refuse l’aide européenne destinée à endiguer le flot de migrants qui partent de Tunisie vers l’Europe. Pourtant, la Commission européenne avait confirmé, le 27 septembre, mettre à la disposition de la Tunisie 127 millions d’euros, dont 67 millions directement destinés à financer un programme d’assistance sur la question migratoire.

Selon la Commission européenne, l’aide devait servir en partie à la remise en état de bateaux utilisés par les garde-côtes tunisiens et à la coopération avec des organisations internationales à la fois pour la « protection des migrants » et pour des opérations de retour de ces exilés depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine.

« La Tunisie n’accepte pas la charité ou l’aumône. Notre pays et notre peuple ne veulent pas de sympathie, mais exigent le respect », écrit Kaïs Saïed dans un communiqué. Et de poursuivre : « La Tunisie rejette ce qui a été annoncé ces derniers jours par l’Union européenne, non pas à cause du montant dérisoire, car toutes les richesses du monde ne valent pas un grain de notre souveraineté pour notre peuple, mais parce que cette proposition est en contradiction avec le protocole d’accord signé à Tunis. »

La Tunisie réaffirme ainsi son souhait : « Ne garder que nos propres frontières. »

Voici quelques jours, le président Saïed avait refusé l’entrée en Tunisie d’une délégation de la Commission européenne ; diplomate, celle-ci avait évoqué un simple « problème de calendrier ». Le malaise était donc plus profond.

Dans son communiqué, Kaïs Saïed ajoute que son pays « met tout en œuvre pour démanteler les réseaux criminels de trafic d’êtres humains ». De fait, la Tunisie durcit un peu plus les conditions de passage et de vie des migrants, depuis quelques jours, notamment à la frontière libyenne.

 

Un partenariat respectueux ?

L’Union européenne voulait appuyer la Tunisie dans le cadre d’un plan européen plus vaste, destiné à enrayer l’arrivée de migrants en Italie, précisément sur l’île de Lampedusa, située à près de 150 km des côtes tunisiennes. Des missions navales en Méditerranée auraient pu associer les autorités tunisiennes, lesquelles auraient également pu intégrer le dispositif Frontex de lutte contre l’immigration clandestine. Sans oublier des missions de formation.

Cette solution ainsi rejetée par le président tunisien avait pourtant l’assentiment de la chef du gouvernement italien, Georgia Meloni, qui s’était fait élire sur un programme de « blocus » des migrants. Elle a reçu le soutien du président français Emmanuel Macron, qui a repris récemment à son compte la formule « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », pour rejeter l’arrivée de migrants venus directement de Lampedusa. Le président français évoquait « un partenariat respectueux » à propos de l’accord entre la Commission européenne et la Tunisie. Ce qui n’a guère convaincu en Tunisie, au-delà même de l’entourage du Président.

De son côté, l’Italie a adopté une série de décrets pour accélérer les procédures d’expulsion des personnes ne pouvant invoquer le droit d’asile. Et Rome a conclu une série d’accords, avec la Tunisie et l’Egypte, pour faciliter les rapatriements. Un « centre de rapatriement accéléré » a été construit en Sicile ; les migrants y sont hébergés avant d’être renvoyés dans leur pays d’origine.

 

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En bref

Abir Moussi placée en détention

 

La dirigeante du Parti destourien libre (PDL), une des principales formations de l’opposition tunisienne, a été placée le 3 octobre 2023 en détention provisoire après avoir été arrêtée devant le palais présidentiel.

D’après le PDL, Abir Moussi était venue déposer des recours contre des décrets présidentiels. Dans des déclarations à des médias tunisiens, des membres de son parti ont dénoncé un « enlèvement ». Dans une vidéo filmée avant son arrestation, Abir Moussi affirme que le bureau de la présidence a refusé d’accepter son recours et de lui remettre un accusé de réception. Ancienne députée, Abir Moussi est une opposante au président Kaïs Saïed et aux islamistes d’Ennahda. Revendiquant l’héritage de l’ex-président Zine El-Abidine Ben Ali, elle est accusée par la gauche de chercher à réinstaurer en Tunisie une nouvelle dictature, rappelle l’AFP qui révèle cette information.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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