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Politique

Interpellation de l’activiste ivoirienne Pulchérie Gbalet

Interpellation de l’activiste ivoirienne Pulchérie Gbalet
  • Publiéaoût 24, 2022

En pleine période de tensions entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais aussi de réconciliation nationale, la militante associative Pulchérie Gbalet a été arrêtée pour ses agissements présumés contre l’action du gouvernement. Ses avocats dénoncent une procédure arbitraire.

 

La présidente du mouvement Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), Pulchérie Gbalet, a été placée sous mandat de dépôt et déférée à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, le 23 août 2022. La militante de la société civile avait été convoquée par la police, la veille, et placée en garde à vue à la Préfecture de Police d’Abidjan.

Selon ses avocats, trois chefs d’accusation ont été retenus contre elle, notamment d’« entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation diplomatique de la Côte d’Ivoire » de « diffusion de fausses nouvelles de nature à attenter au moral des populations » et d’« atteinte à l’ordre public ».

Au Mali, les 49 soldats ivoiriens ont été formellement inculpés et écroués pour atteinte à la sûreté de l’État. Les Ivoiriens attendent un geste du Mali après la prise de fonction du nouveau Premier ministre Abdoulaye Maïga.

Une information judiciaire a été ouverte. Pulcherie Gbalet s’est rendue récemment au Mali où sont détenus 49 soldats ivoiriens depuis le 10 juillet 2022 et où elle a eu une série de rencontres avec des personnalités sur place. Dès son retour à Abidjan, le 3 août, elle avait déjà été brièvement interpellée par la police avant d’être relâchée après une audition.

Selon certains proches de l’activiste, la police aurait fouillé son domicile, sans présenter de mandat de perquisition.

D’après les prévisions de certains médias ivoiriens, il serait reproché à Pulchérie Gbalet d’avoir contacté les parents des 49 soldats ivoiriens détenus au Mali, pour leur tenir des propos hostiles à l’action du gouvernement dans cette affaire. Elle aurait convié les parents à une réunion, le 22 août, à Yopougon. Avec des « complices », elle aurait émis la volonté de créer un collectif de parents de militaires afin de mener des initiatives en faveur de leur libération.

De son côté, Pulchérie Gbalet considère que le gouvernement abandonne les militaires à leur sort, parce qu’il refuse de présenter des excuses au gouvernement malien. Ce faisant, lui reproche le gouvernement ivoirien, elle ne fait que relayer les arguments de la junte malienne selon laquelle la Côte d’Ivoire serait derrière les attaques terroristes au Mali, aux côtés de la France.

 

Les 49 soldats inculpés et écroués

Selon ses avocats, elle a été arrêtée alors qu’elle se rendait à la préfecture récupérer son passeport et son téléphone portable confisqués lors de la première audition. Ses avocats ont protesté contre cette procédure hors de tout cadre légal.

« Finalement, elle a été gardée en vue, et c’est le 23 août au matin que le commissaire a appelé un confrère pour lui demander de venir assister sa cliente pour cette procédure. Il lui a dit « non, que ce n’est pas comme ça que ça se passe » », a expliqué l’un de ses avocats, Maître Lambert Kouamé Béné. Selon qui « cette manière cavalière d’interpeller les gens n’est pas digne d’un État de droit ». D’ailleurs, ses trois avocats ont décidé de ne pas participer à la procédure ; ils ont alerté autorités et organisations internationales, pour qu’elles s’emparent de cette opération peu ordinaire, dans le pays.

Cette arrestation intervient alors que du côté du gouvernement ivoirien, on laisse entendre une issue rapide (et heureuse) pour les 49 soldats ivoiriens détenus au Mali. Cette affaire a fait l’objet de discussions entre la junte malienne et le président Macky Sall du Sénégal. Pourtant, ces soldats ont été formellement inculpés et écroués pour atteinte à la sûreté de l’État. Les Ivoiriens attendent un geste du Mali après la prise de fonction du nouveau Premier ministre Abdoulaye Maïga.

Pulchérie Gbalet est une « habituée » des déboires avec la police de son pays. En 2020, elle avait été arrêtée pour sa participation active aux manifestations contre la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat. Figure de la société civile ivoirienne, elle se définit comme « apolitique », mais ses détracteurs la décrivent comme proche des partisans de Laurent Gbagbo.

Titulaire d’un DEA en Sciences sociales, Pulchérie Gbalet poursuit des recherches en sociologies au Bureau national d’études techniques et de développement. Elle a derrière elle une longue expérience de la lutte syndicale et du combat associatif.

À noter que de son côté, le célèbre chanteur Tiken Jah Fakoly, qui se dit Ivoirien d’origine et Malien d’adoption, a exhorté chacun « à ce qu’il n’y ait pas de gros problèmes entre la Côte d’Ivoire et le Mali ». Peu suspect de sympathie à l’égard de tel ou tel pouvoir, l’artiste estime ici qu’il faut « laisser les politiciens dans leurs calculs politiques, pour que la population ne soit pas touchée par cette situation ».

Le chanteur réagissait à l’interdiction faite à certains artistes ivoiriens de se produire au Mali, en cette période tendue entre les deux pays.

Tiken Jah Fakoly

@NA

 

 

Écrit par
Laurent Allais

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