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Grâces et libérations au Tchad

Grâces et libérations au Tchad
  • Publiéavril 5, 2023

Le président de la transition a gracié et fait libérer de nombreux opposants ayant participé aux manifestations du 20 octobre 2022 ainsi que des rebelles du FACT. Un geste d’apaisement dans un climat politique tendu, en l’absence de calendrier électoral admis de tous.

 

Comme attendu, quelque 380 membres du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) ont été libérés ce 5 avril 2023. Ils avaient été condamnés à la prison à perpétuité, le 21 mars, avant d’être graciés dans la foulée par le président « de transition », Mahamat Idriss Déby. L’opposition salue cette grâce mais n’évoque pas une réintégration pour « la paix et la réconciliation » comme le souhaite le gouvernement. Cette grâce était l’une des promesses du plan de réconciliation voulu par la transition.

L’ONG Human Rights Watch a dénoncé dans un rapport publié fin janvier des « meurtres », des « décès en détention », des « disparitions forcées » et des « actes de tortures » liés à la répression des manifestations.

Cette libération a donné lieu à une cérémonie, en présence de parents des combattants du FACT, d’officiels et de journalistes. Le ministre de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo a remis symboliquement à une trentaine de prisonniers un certificat de libération. Ces hommes étaient tous membres du groupe de combattants qui avaient participé à l’offensive d’avril 2021 au cours de laquelle l’ancien président Idris Déby Itno avait été mortellement blessé.

En tout, 450 membres de ce groupe rebelle ont été condamnés à la prison à vie, pour « actes de terrorisme » ou « atteinte à la vie du chef de l’État ». Une cinquantaine d’autres condamnés – dont certains par contumace –, n’ont pas été libérés. De même que le leader du FACT, Mahamat Mahdi Ali. Lequel avait dénoncé « un simulacre de justice organisé par la dictature », au soir de son procès. Il réclamait le statut de prisonnier de guerre, ne reconnaissant pas le tribunal qui l’a jugé. À son sens, l’ancien président aussi, était un « belligérant » et sa mort – non préméditée – constitue donc un fait de guerre qui n’a pas lieu d’être jugé. Il demande que l’on interroge « les gardes d’Idriss Déby Itno » sur leur responsabilité dans son décès.

Aussi, cette libération d’aujourd’hui ne constitue-t-elle, pour le leader du Fact, qu’« un geste humanitaire, pas plus ». Mahamat Mahdi Ali, rappelant que son organisation « a libéré, depuis deux ans, des soldats de Ndjamena » appelle à « des négociations pour une paix définitive au Tchad », rapporte RFI.

 

Union de l’« opposition crédible »

Le 27 mars, le Président avait également gracié 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir. Ils avaient écopé de deux à trois ans de prison ferme pour des « faits d’attroupement non autorisé, de destruction des biens, incendie volontaire, violence et voie de fait, coup et blessures volontaires, troubles à l’ordre public », rapporte l’AFP.

Ces hommes, des jeunes pour la plupart, avaient répondu à l’appel à manifester de l’opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Déby, en octobre 2022.

Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, y voit là « un geste de pardon pour permettre à tous les fils et filles du Tchad de bâtir leur pays sur des nouvelles bases ».

Selon le gouvernement, 621 personnes avaient été arrêtées lors de la manifestation dans la capitale, puis acheminées à Koro Toro, une prison de haute sécurité en plein désert. Elles ont été jugées dans un procès de masse, sans avocats, ni médias indépendants, après un mois et demi de détention, ont dénoncé les ONG. Qui jugent d’autre part que le bilan de ce « jeudi noir », le 20 octobre 2022, est supérieur aux 73 victimes recensées par le gouvernement.  

L’ONG Human Rights Watch a dénoncé dans un rapport publié fin janvier des « meurtres », des « décès en détention », des « disparitions forcées » et des « actes de tortures » liés à la répression des manifestations.

De leur côté, les leaders de l’opposition réclament une enquête internationale indépendante et impartiale sur cette répression. « On a jugé les victimes de la répression et non les bourreaux qui leur ont tiré dessus », commente Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontières.

Lequel vient de lancer « la Fédération de l’opposition crédible », regroupant les opposants qui, à son sens, luttent pour un changement de régime et non pas pour « le positionnement ».

Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontière
Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontière

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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