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Politique

Gabon : la transition promet de rendre le pouvoir aux civils

Gabon : la transition promet de rendre le pouvoir aux civils
  • Publiéseptembre 6, 2023

Le nouveau pouvoir s’installe à Libreville, après la prestation de serment du président de la Transition, le général Brice Oligui Nguema. Les instances internationales condamnent le coup de force du 30 août, réclamant un retour rapide à l’ordre institutionnel.  

 

Rassurer. Tel semble être le leitmotiv du nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema. Le président de la transition a prêté serment, le 4 septembre 2023, non sur la Constitution qu’il s’est promis d’abroger, mais sur une « Charte de la Transition », un document rédigé à toute hâte.

Deux jours après avoir rencontré des représentants du patronat, le 1er septembre, le général s’est rendu au domicile le candidat de l’opposition aux élections présidentielles invalidées par le coup d’État, Albert Ondo Ossa. Le temps de dissiper quelques malentendus ? Le principal candidat de l’opposition à Ali Bongo Ondimba avait en effet émis quelques doutes sur la sincérité des putschistes de renverser le régime des Bongo.

« L’armée a eu un choix : soit tuer des Gabonais qui auraient légitimement manifesté, soit mettre fin à un processus électoral manifestement pipé ; nous avons dit non, plus jamais ça dans notre beau pays, le Gabon. »

Il avait évoqué « une révolution de Palais », soulignant la proximité du général Oligui Nguema avec le président déchu. Rien n’a filtré de leurs discussions, mais nul doute que le général Oligui Nguema a réitéré son souhait de rendre au Gabon un cadre institutionnel et démocratique, avant de procéder à de nouvelles élections générales.

« Aujourd’hui à mon domicile, j’ai pu en toute intimité et collégialité m’entretenir avec le président de la Transition et la restauration des institutions. Osons croire à un avenir meilleur et resplendissant pour notre cher pays le Gabon », a écrit Albert Ondo Ossa sur le réseau social X (ex-Twitter), photo à l’appui (voir ci-dessous).

 

Le 3 septembre, les ténors de la plateforme Alternance 2023 avaient été chaleureusement reçus, en l’absence de leur candidat Albert Ondo Ossa, par le général Oligui au palais présidentiel. Ils ont également assisté à sa prestation de serment, une fois encore en l’absence du candidat aux élections du 26 août. De nombreux invités étaient présents à cette cérémonie, y compris des anciens ministres d’Ali Bongo,  dont l’ex-Premier ministre Alain Claude Bilie By Nzé et la vice-présidente Rose Christiane Ossouka Raponda. Certains ont affronté les sifflets du public à leur sortie du palais présidentiel.

Se gardant de dévoiler tout calendrier, Brice Oligui Nguema réitère à chacun de ses interlocuteurs la promesse de « rendre le pouvoir aux civils » par des « élections crédibles ».

 

Respect du serment

Dans son rôle, la CEEAC (Communauté économique des États d’Afrique centrale) a condamné le coup d’État, à l’image de l’Union africaine. Elle a décidé de suspendre le Gabon de ses instances, confiant les rênes de la Commission au président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Elle demande au nouveau pouvoir de « garantir l’intégrité physique » d’Ali Bongo et de sa famille, « ainsi qu’à assurer la protection des droits humains sur toute l’étendue du territoire national ». Le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra, faisant office de médiateur.

La CEEAC demande également aux Nations unies « de soutenir le processus d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel » au Gabon. L’organisation espère la tenue de nouvelles élections nationales dans un délai d’un an.

Qu’en pense le nouvel homme fort du Gabon ? Le général Oligui a fait part, en marge de sa prestation de serment, de son « grand étonnement quand on entend certaines institutions internationales condamner l’acte posé par des soldats qui n’ont fait que respecter leur serment sous le drapeau : sauver la patrie au péril de leur vie ». Selon les propos rapportés TV5 Monde, l’armée a eu « un choix : soit tuer des Gabonais qui auraient légitimement manifesté, soit mettre fin à un processus électoral manifestement pipé ; nous avons dit non, plus jamais ça dans notre beau pays, le Gabon ».

De son côté, la France a « suspendu » la coopération militaire avec le Gabon. Quelque 400 soldats français sont stationnés en permanence dans le pays, assurant essentiellement une activité de formation. Ils auraient toutefois pour mission de protéger les ressortissants français, en cas de danger. « La France condamne le coup de force ; pour autant, nous ne pouvons pas mettre sur le même plan la situation au Niger, où des militaires illégitimes ont destitué un président légitimement élu, et celle du Gabon, où le mobile avancé par les militaires est précisément le non-respect de la loi électorale et de la Constitution. Car de fait, et, je pèse mes mots, il existe des doutes sur la sincérité des élections dans ce pays », a résumé le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.

Pour l’heure, le coup de force au Gabon n’a donné lieu à aucune menace ou injonction particulière à l’endroit des intérêts français ou des Français présents dans le pays.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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