Gabon : Ali Bongo candidat à sa succession

Sans surprise, Ali Bongo Ondimba se présente pour un troisième mandat présidentiel, limité à cinq ans. Il part favori du scrutin à un tour du 26 août 2023, face à une opposition qui part en ordre dispersé.
À la tête du Gabon depuis quatorze ans, Ali Bongo Ondimba a décidé de briguer pour la troisième fois la Présidence lors des élections du 26 août 2023 ; la Constitution du pays ne prévoyant pas de limitation du nombre de mandat.
« J’annonce officiellement aujourd’hui que je suis candidat », a déclaré le Président, 64 ans, le 9 juillet, dans un discours public diffusé en direct sur Twitter. Ali Bongo doit valider, ce 10 juillet, sa candidature devant son parti, le PDG (Parti démocratique gabonais) ; une simple formalité, le parti préparant sa candidature depuis de nombreux mois.
L’opposition se présente en ordre dispersé et a peu de chance de peser, à moins que quelques candidats ne se retirent au bénéfice d’un leader incontesté. Le scrutin à un tour, qui peut donc élire un candidat à la majorité relative, sanctionne l’éparpillement des voix.
Puis, il faudra gagner le scrutin présidentiel, guère plus incertain, l’opposition semblant moins rassembleuse qu’en 2016. Ali Bongo avait été réélu de justesse, avec 5 500 voix d’avance sur Jean Ping, qui avait dénoncé une « élection truquée ». Ce scrutin avait été suivi de violences meurtrières à Libreville. Le PDG est aussi le favori des élections législatives qui se dérouleront également le 26 août.
Le calendrier est serré : les candidatures officielles seront rendues publiques ce 11 juillet, coup d’envoi de la campagne officielle. Ali Bongo dirige le pays depuis la mort de son père, Omar Bongo Ondimba, en 2009, après 41 ans de « règne ». Seule véritable inconnue : l’état de santé du président sortant, victime d’un accident cérébral en 2018, qui avait par la suite quasiment disparu du pays durant près d’un an avant d’entamer une Présidence plus discrète, jusqu’à ces derniers mois, marquée par une pré-campagne électorale.
Les rumeurs et les intrigues de palais avaient conduit à un putsch vite balayé, en janvier 2019, et à une tentative de déstabilisation orchestrée par le propre directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga. Lequel dort en prison depuis trois ans, ainsi que plusieurs anciens ministres et hauts fonctionnaires, inculpés pour « corruption ».
De fait, le Président sortant vante les mérites de son action à chacune de ses apparitions publiques, depuis quelques mois. Le chef politique a remanié son parti, s’assurant le soutien d’une jeune garde. Il a su aussi distribuer quelques strapontins à des opposants, s’assurant cette fois de leur neutralité bienveillante, si ce n’est de leur soutien.
Un champion de la forêt
S’adressant aux citoyens, il multiplie les engagements et les promesses. On aura remarqué qu’il a officialisé sa candidature devant un parterre d’ouvriers de la Zone économique spéciale de Nkok, et non devant ses militants. Depuis des mois, le Président redore son image internationale en présentant son action pour les forêts et pour l’environnement. Notamment en organisant un Sommet international sur les forêts, aux côtés du président français Emmanuel Macron. Ali Bongo, pourtant, cultive depuis son premier mandat sa volonté de desserrer les liens avec la France, contrairement à la politique de son père, un héros de la « Françafrique ».

Le Gabon, couvert à 88% de forêt, est « un pays absorbeur net de carbone et un leader dans les initiatives en faveur des émissions nette zéro », salue d’ailleurs la Banque mondiale. Le reste du bilan est moins flatteur : les inégalités restent fortes dans un pays qui dépend encore beaucoup de son industrie pétrolière, en dépit de ses efforts de diversification.
Au plan politique, l’opposition tentera de convaincre les Gabonais qu’il est temps d’en finir avec la dynastie Bongo (55 ans !) ; elle cherchera aussi à démontrer que le président sortant, diminué physiquement et politiquement – la campagne devra démontrer cela –, n’est pas en état de gouverner. Le Président semble en effet encore souffrir de son AVC de 2018, se déplaçant avec difficultés.
Elle se présente néanmoins en ordre dispersé et a peu de chance de peser, à moins que quelques candidats ne se retirent au bénéfice d’un leader incontesté. Il est vrai que le scrutin à un tour, qui peut donc élire un candidat à la majorité relative, n’autorise guère l’éparpillement des voix.
Au terme d’une consultation de dix jours, en février 2023, le gouvernement est revenu sur la disposition adoptée en 2016, à savoir l’organisation d’un scrutin à deux tours. En revanche, le mandat présidentiel a été ramené de sept à cinq ans.
@NA