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Politique

D’ultimes négociations à Niamey

D’ultimes négociations à Niamey
  • Publiéaoût 2, 2023

La CEDEAO tente une négociation afin de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, préparant un éventuel usage de la force. La France évacue ses ressortissants dans le calme. Burkina Faso et Mali s’opposent aux pressions contre les putschistes.

 

Ce mercredi 2 août 2023, une délégation de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) se rend à Niamey pour « négocier » avec les auteurs du coup d’État de la semaine passée. Dans le même temps, la CEDEAO étudie toutes les options, y compris militaires, pour restaurer le processus démocratique dans le pays.

En revanche, l’évacuation des quelque 1 500 militaires français postés au Niger n’est « pas à l’ordre du jour », précise le gouvernement français.

La délégation à Niamey est dirigée par l’ancien président du Nigeria, Abdulsalami Abubakar. Ce dernier avait été, durant un an, le dernier dirigeant militaire du Nigeria, conduisant la transition démocratique qui a abouti à l’élection de Olusegun Obasanjo. À 81 ans, il dirige toujours le Comité nigérian pour la paix.

Cette délégation compte également le sultan de Sokoto, un leader traditionnel et religieux, et lui-même ancien militaire.

Pendant les négociations, les chefs d’état-major des pays membres de la CEDEAO se réunissent à Abuja (Nigeria), n’excluant pas un recours à la force, ainsi qu’ils l’ont déclaré le 30 juillet. De son côté, un émissaire de la nouvelle junte nigérienne, le général Salifou Mody – officieusement le numéro 2 du régime– , se rend au Mali.

Une intervention militaire au Niger serait « la dernière option » envisagée par la CEDEAO pour restaurer l’ordre constitutionnel, mais il faut se « préparer à cette éventualité », explique Abdel-Fatau Musah, commissaire de la Cedeao chargé des affaires politiques et de la sécurité.

Condamnations après le coup d’État au Niger

La Cedeao, avait donné jusqu’à dimanche 6 août aux putschistes pour rétablir l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par les membres de sa garde présidentielle. « Nous défendons la démocratie et cela doit continuer. Nous sommes prêts et, dès que nous recevrons l’ordre d’intervenir, nous le ferons », a affirmé sur RFI le chef des armées du Nigeria, Christopher Musa.

Si le Nigeria soutient les efforts de la CEDEAO, la méthode forte ne fait pas l’unanimité.

 

Washington veut croire en Mohamed Bazoum

Le Mali et le Burkina Faso ont apporté leur soutien à la junte, affirmant  que toute intervention armée serait considérée « comme une déclaration de guerre ». Ces pays, à la suite des dirigeants du Niger, accusent la France de préparer une intervention militaire, ce que Paris dément.

Afin d’appuyer ses pressions, le Nigeria a coupé son approvisionnement à la Société nigérienne d’électricité (Nigelec).

« Le Nigeria a déconnecté depuis mardi la ligne haute tension qui transporte l’électricité au Niger », confirme un cadre de la Nigelec à l’AFP. La capitale Niamey serait  « alimentée grâce à la production locale ». Selon l’agence, de nombreux quartiers de la ville de Niamey sont en temps normal soumis à des coupures d’électricité et la décision du Nigeria ne fera qu’aggraver cette situation.

Le 30 juillet, en plus d’un ultimatum d’une semaine pour rétablir l’ordre constitutionnel et la suspension des transactions financières avec le Niger, la CEDEAO a décrété le gel de « toutes les transactions de service, incluant les transactions énergétiques ».

Pour sa part, la France procède à l’évacuation de ses ressortissants. Ils étaient environ 500 Français présents au Niger lors du coup d’État du 26 juillet, une partie des 1 200 Français étant en vacances à l’étranger. Tous ceux qui désirent quitter le pays devaient avoir regagné Paris dans la journée du 2 août. L’Italie également évacue ses ressortissants. À noter que quelques Français ont annoncé leur intention de ne pas quitter le Niger. Les coups d’État de ces dernières années au Burkina Faso et au Mali n’avaient pas donné lieu à un tel pont aérien, mais Paris justifie cette opération par les « violences » contre son ambassade de France, le 30 juillet, ainsi que par la fermeture de l’espace aérien décidé par la CEDEAO. En revanche, l’évacuation des quelque 1 500 militaires français postés au Niger n’est « pas à l’ordre du jour », précise le gouvernement français.

De leur côté, les États-Unis maintiennent leurs concitoyens dans le pays, un moyen d’exercer une pression diplomatique pour un retour rapide au pouvoir du président Mohamed Bazoum, auquel Washington veut encore croire.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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