x
Close
Politique

Des liens profonds avec la France

  • Publiémai 20, 2015

Chargés du poids de l’histoire, les liens entre le Tchad et l’ancienne puissance coloniale sont très solides. Pourtant, la France pourrait faire davantage en matière économique, au-delà du seul soutien de la coopération.

 

Nos relations économiques sont à l’image des rapports très profonds qui existent entre nos deux pays ». En quelques mots, Hissein Brahim Taha, ambassadeur de la république du Tchad, souligne ce qui caractérise les relations entre son pays et la France : l’intensité et l’ancienneté des liens – une histoire commune faite d’un passé colonial, du ralliement légendaire de Félix Eboué à la France libre et du départ de Fort-Lamy de la colonne Leclerc qui a participé activement à la libération de Paris, d’une implication de la France face aux conflits qui ont agité le pays durant plusieurs décennies – mais qui demeurent aujourd’hui inscrits dans une relation de déséquilibre sur le plan économique. 

En effet, si la France demeure aujourd’hui le premier partenaire duTchad, c’est principalement en tant que fournisseur. Ses importations se limitent aux achats de la gomme arabique. Pour le reste « nous importons presque tout de France. Notre industrie est à peu près inexistante », déplore l’ambassadeur. S’ajoute l’action de l’AFD (Agence française de développement) qui a investi plus de 120 millions d’euros de 2001 à 2012, en soutien aux programmes d’éducation, de santé et d’adduction d’eau. Une aide précieuse, mais en deçà de ce qu’on peut attendre de la coopération entre deux pays amis comme la France et le Tchad.

« Nos besoins sont énormes », reconnaît Hissein Brahim Taha. Ils sont à l’échelle des handicaps du pays. Pendant 30 ans, les guerres et les interventions étrangères ont empêché le développement des secteurs comme l’agriculture et l’élevage, « les deux mamelles de l’économie tchadienne ». Tout comme celui des infrastructures routières et du chemin de fer, indispensables à un pays déjà pénalisé par son enclavement total. L’acheminement des marchandises du port de Douala jusqu’à N’Djamena coûte parfois plus cher que le transport depuis le pays d’origine. Les projets du président Idriss Deby Itno de prolonger la ligne de chemin de fer camerounaise jusqu’à N’Djamena et Moundou ou du raccordement au réseau ferré soudanais permettant l’accès aux ports de la mer Rouge sont à l’étude. Ils seront sans doute salutaires pour le développement du Tchad et exigeront, forcément, de coûteux investissements.

À Paris, l’ambassadeur travaille sans relâche avec ses collaborateurs à la valorisation du potentiel tchadien aux yeux des investisseurs français.

Si la France demeure aujourd’hui le premier partenaire du Tchad, c’est principalement en tant que fournisseur.

La diplomatie économique est aujourd’hui un concept universel qui transcende les frontières. Et qui n’ignore pas la géopolitique. Les décennies de guerres tchadiennes ont empêché le développement du pays et ont entaché son image. De gros efforts sont faits pour la restaurer. Il faut convaincre que la sécurité et la stabilité règnent désormais, et que le Tchad fait face avec efficacité, en partenariat avec la France et la communauté internationale, aux problèmes sécuritaires de la région. Le commandement de l’opération Barkhane qui a pris le relais de l’opération Serval est, non sans raison, basé à N’Djamena.

« Nous sommes un îlot de paix dans une région trouble », rappelait, en mars, Hissein Brahim Taha, lors d’une émission spéciale sur LCP (La chaîne parlementaire) qui débattait des raisons pour lesquelles le Tchad avait prêté son appui à l’opération Serval au Mali et fait face aux périls qui menacent le Cameroun et le Nigeria de la part de Boko Haram.

En 2014, l’ambassade tchadienne à Paris a organisé la visite au Tchad d’une forte délégation du Medef. Une quarantaine de personnes représentant le syndicat des patrons des entreprises françaises se sont rendues à N’Djamena et ont été longuement reçues par le président Idriss Déby, qui les a vivement invitées à venir investir au Tchad. Il fallait avant tout les convaincre que le pays a changé et qu’il regorge de potentialités. L’exploitation du pétrole, découvert au début des années 2000, a débuté, mais la France en est absente. Ce démarrage, qui reste encore modeste, bouleverse pourtant déjà les perspectives économiques du pays. Dans les secteurs plus traditionnels de l’agriculture et de l’élevage, le Tchad vise avant tout à développer les activités de transformation des productions locales, pour générer de la plus-value. Dans le secteur du coton, notamment.

L’élevage pourrait aussi se développer vers une industrie de production de viande. Les cheptels sont aujourd’hui vendus « sur pied », sur les marchés des pays voisins. La viande transformée au Tchad pourrait déboucher sur de nouveaux marchés, vers l’Égypte, les pays du Golfe, le Nigeria et l’Afrique centrale. Mais si, aujourd’hui, la coopération sécuritaire fonctionne parfaitement avec les autorités françaises, les interlocuteurs privés demeurent encore frileux. Hissein Brahim Taha juge que le changement de la donne géopolitique finira par porter ses fruits : « Nos partenaires français sont déjà présents sur le plan de la sécurité. Ils peuvent voir que le Tchad est en paix, que c’est un pays où ils peuvent venir, et où ils peuvent travailler. » 

Écrit par
ade

exaple example example

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *